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L'apoptose, ce mal qui guette Nidaa Tounès
Publié dans Leaders le 31 - 10 - 2015

Dans le vocabulaire scientifique, l'apoptose est la mort programmée d'une cellule; elle est d'autant plus rapide que cette cellule est malade, infectée ou tumorale (caractérisée par une multiplication rapide et des divisions accélérées).
Cette apoptose risque malheureusement de toucher le parti qui a gagné les dernières élections, à savoir Nida Tounes, qui porte cette tare dans ses gènes, dans sa genèse et du fait de sa croissance trop rapide.
Officiellement, ce parti est formé de quatre courants : le destourien, la gauche moderniste, les anciens syndicalistes et un quatrième représenté par les indépendants. En réalité, ce parti est formé de deux clans, le premier est majoritaire au niveau du bureau exécutif formé de personnes venues de la gauche, des syndicats et une grande partie des indépendants. Le second clan est minoritaire au niveau du bureau exécutif mais majoritaire au niveau des structures locales et régionales. Il est formé par les destouriens qui sont en réalité les anciens du RCD avec quelques militants de la première heure.
Dès le départ, et dans le souci de se donner une image acceptable et de s'éloigner de l'image d'un parti destiné à recycler les anciens du RCD, il a été décidé de mettre en avant les courants de la gauche, les syndicalistes et les indépendants. Cependant, ce sont les destouriens, forts des réseaux du RCD, qui ont permis au parti de gagner les élections de 2014, en particulier dans les régions et dans le milieu rural. Il est vrai que dès le départ, BCE a essayé de rapprocher ces courants afin de mettre en avant l'idée d'appartenance au parti Nida.
La victoire aux élections de 2014 aurait dû souder le parti et faciliter son homogénéisation, malheureusement cette victoire avait un goût amer avec plusieurs clivages qui sont apparus entre une partie des destouriens et ceux issus de la gauche mais aussi entre ceux qui prônent l'alliance avec les islamistes et ceux qui la refusent. Ces clivages se sont aggravés du fait des ambitions parfois non justifiées de certains leaders et par la fronde de ceux qui sont déçus après la formation du gouvernement.
Le départ du président fondateur à Carthage, l'absence d'un dauphin naturel qui aurait pu s'imposer et le vide laissé par tous les membres de l'instance dirigeante qui ont été affectés soit au palais, soit au gouvernement n'ont pas permis de contenir cette crise. Or, plus le temps passe, plus les chances de la résoudre deviennent minces. Ce parti est encore jeune, il n'a pas encore de traditions, il n'a pas pu tenir son premier congrès, qui aurait pu donner plus de légitimité à ses leaders. Il est donc fragile, il est même devenu une proie pour certains clans mafieux et opportunistes qui agissent aussi bien pour leur propre compte pour prendre le contrôle du parti, même au prix de son implosion, que pour le compte d'autres partis afin d'affaiblir un concurrent sérieux.
Tous ces facteurs associés à certaines erreurs commises, comme le recrutement du dernier secrétaire général du RCD ou dans le choix de certains responsables aussi bien au niveau des régions qu'au niveau des structures centrales et même dans le choix des listes aux élections législatives, rendent le parti très fragile, pouvant imploser à chaque crise. Malheureusement, celles-ci sont nombreuses et sont d'autant plus fréquentes qu'on se rapproche du premier congrès.
La multiplication et la profondeur de ces crises pourraient rendre la scission inéluctable.
L'implosion de Nida est un scénario catastrophe, non seulement pour le parti mais aussi et surtout pour tout le pays car il s'agit du premier parti au parlement et il représente la charnière centrale du gouvernement. Son implosion aura des répercussions graves à court terme en déstabilisant le gouvernement et en changeant l'équilibre au sein du parlement du peuple pouvant ouvrir la voie à des élections anticipées. A moyen et long terme, cette implosion va rompre l'équilibre politique créé par Nida Tounes qui a rendu possible l'alternance pacifique du pouvoir grâce aux élections et permis d'éviter ainsi le retour à la dictature d'autant que le reste des courants dits socio-démocrates n'ont pas encore tiré les leçons de leurs échecs successifs.
Cette implosion du parti pourrait favoriser une alliance entre les islamistes et la droite conservatrice de Nida. Ce scénario d'alliance entre la droite et l'extrême droite entraînera à court terme des troubles sociaux qui ne vont pas permettre au pays de retrouver le calme et la sérénité nécessaires à la reprise économique. Aucun gouvernement qui n'a pas une fibre et une composante sociale ne pourra réussir en Tunisie. Les dirigeants politiques, dans leur ensemble, ne doivent pas oublier que la révolution est partie des zones défavorisées, que les causes essentielles sont le chômage, la précarité et la pauvreté et qu'ils sont tenus de trouver une solution ou au moins un début de solution rapide à ces problèmes. Malheureusement, cinq ans après le 14 janvier, rien n'a changé ; au contraire, la situation s'est aggravée par l'apparition du terrorisme, la multiplication des problèmes de sécurité et l'absence de solutions pour lutter contre la contrebande et la corruption devenues endémiques.
Dans tous les cas, l'avenir du parti et celui du pays sont liés, ils restent incertains. Les derniers sondages d'opinion montrent que les Tunisiens sont désabusés, ils perdent leur optimisme et n'ont plus confiance ni dans les partis ni dans les dirigeants politiques.
La non-émergence d'un leader fédérateur qui peut les rassurer et qui peut porter le projet moderniste pour les prochaines élections est ressentie par beaucoup de Tunisiens comme un handicap majeur du premier parti.
L'un des risques majeurs pour une démocratie naissante reste le poids des lobbies politico-financiers, d'autant que certains hommes d'affaires qui veulent aujourd'hui influencer et parfois même contrôler les partis sont beaucoup plus proches des milieux mafieux que ceux des affaires. Tous les électeurs de Nida Tounes espèrent que ce parti gardera le cap, à savoir un parti démocratique, laïque, moderniste, centriste et héritier des premières années du bourguibisme. La référence récente de certains à Abdelaziz Thaalbi n'est pas due au hasard. C'est en fait la volonté de mettre en avant le projet d'un parti national et islamiste qui est différent du modernisme prôné par Bourguiba. L'avenir du pays est encore flou. Il y a ceux qui rêvent d'une vraie démocratie à l'occidentale, ceux qui caressent la chimère du califat et ceux, malheureusement de plus en plus nombreux, qui espèrent le retour de l'ancien régime et même de la dictature. Beaucoup de Tunisiens qui ont rêvé en 2011 commencent à déchanter. En l'absence d'une prise de conscience générale, d'un projet de société clair, d'une décision politique forte pour entamer les réformes profondes et rapides dans tous les domaines, le pays risque de sombrer dans une crise grave et une instabilité chronique. Le printemps tunisien, qui était le seul à avoir des chances de réussir, aura alors, à notre grand désespoir, le même sort que celui des autres printemps arabes.
Dans cette lutte pour le pouvoir au sein du premier parti en Tunisie, l'énigme est sans aucun doute les relations entre le père et le fils Caïd Essebsi. Deux hypothèses sont avancées:
* Soit le père applique stricto sensu les termes de la constitution, refuse d'intervenir dans le conflit avec le risque que son fils détruit ce qu'il a lui-même créé
* Soit le fils agit avec la bénédiction du père avec une stratégie bien réfléchie dont le but est d'assurer un nouvel équilibre du parti, dont il est le seul à connaître les termes.
Quand on voit l'implication de tout le staff de la présidence et des proches de BCE pour réussir la réunion de Djerba le 17 octobre, la deuxième hypothèse semble la plus probable.
Le pays a encore besoin d'un Nida fort. Il faudrait cependant qu'il revienne aux fondamentaux qui ont permis l'adhésion d'une frange très large de la population, car malheureusement de plus en plus de Tunisiens s'éloignent du parti auquel ils ont cru.
Le consensus trouvé lors des dernières journées parlementaires du parti est à saluer. Cependant, comme dans un bâtiment, les fissures profondes doivent traitées par le renforcement des fondations et non d'une manière superficielle.
J'ose enfin espérer que l'apoptose ne touchera pas ce parti. Tout est entre les mains de ses leaders qui doivent mettre l'intérêt du parti et la patrie au-dessus de leurs intérêts personnels, mais aussi entre les mains de ses militants qui ont joué un rôle capital en 2013 et en 2014.


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