"Aux moments de crise, ce n'est pas contre un ennemi extérieur qu'on lutte, mais toujours contre son propre corps" (G. Orwell) Les grandes crises, étaient, traditionnellement, les guerres qui déciment les populations, la famine qui résulte des dysfonctionnements, économiques et climatiques, et l'absence d'adaptation de l'humanité aux évolutions et bouleversements de la planète. Nous avons connu, après la seconde guerre mondiale, une période de croissance longue, avec alternance de périodes de grande intensité dramatique, d'autres de rémissions, durant lesquelles on panse les plaies et on essaye de s'adapter aux évolutions. A quel moment sommes-nous aujourd'hui dans cet itinéraire? Vraisemblablement au tout début de la deuxième phase, de rémissions, longue certes, mais qui compte tenu des progrès dans le savoir, annonce si aucune catastrophe planétaire ne vient perturber l'ordre des choses, un regain d'espoir pour l'humanité. Nous sommes en rémission, car nous échappons qu'on le veuille ou pas aux guerres planétaires, et aux dégâts corporels massifs à l'échelle mondiale. Mais cette rémission n'exclut en rien que des crises continuent ici ou là dans notre monde, qui ne pourra jamais et en aucune façon, vivre sans secousses et sans soubresauts. Parmi les grandes tempêtes internationales qui nous accompagnent et nous menacent, nous tunisiens, au cours de cette période, nous avons tout particulièrement la crise environnementale, le risque nucléaire, et l'expansion du terrorisme et de la culture de la violence. La crise environnementale Les conséquences du changement climatique sont estimées proches et en même temps particulièrement inquiétantes, d'autant plus si les combustibles fossiles ne sont pas conservés dans le sous-sol. La Tunisie est comme le monde entier exposée à ces risques environnementaux. Notre univers évolue, sa population a continué de croitre au siècle dernier, et va se replier au cours de celui-ci, avec deux types de conséquences : Les avancées scientifiques explosent et continueront encore, avec des résultantes multiples, parfois pas imaginées, au départ, et dés lors qu'elles existent, il faut faire avec et adapter le monde en conséquence. Ainsi, à titre d'exemple, les recherches sur l'atome ont été des avancées majeures et ont conduit à des découvertes insoupçonnées, qui ont aidé dans les divers domaines de notre quotidien. Ils ont, a contrario, mené le monde vers les précipices de Hiroshima et Nagasaki, les morts, et les bouleversements climatiques. Et qui sait encore si d'autres conséquences non décelées, voire non identifiées ne sont pas les filles naturelles des progrès précédemment mentionnés. C'est se livrer à une comptabilité macabre, que de recenser maladies et morts qui nous viennent tout droit ou indirectement des progrès de la science, et des comportements délétères de l'humanité. Et pourtant ces évaluations sont utiles qui indiquent notamment un "boom" des maladies dans notre univers, dont certaines, résultent des méfaits du nucléaire et des conditions environnementales très dépréciées. Parallèlement, notre monde a réussi à envoyer un robot intelligent sur la planète Mars, dans une mission d'exploration des conditions qui s'y trouvent et de leur impact sur notre Terre. En même temps, en dépit de toutes les avancées dans la recherche, les progrès scientifiques et techniques, il n'arrive pas à protéger sa population, des retombées adverses qui ne manquent pas de se produire. Celle-ci est désormais, indirectement, exposée dans une grande proportion, aux conséquences des méfaits attentatoires à la faune, à la flore, à nos forêts, à nos aliments et à nos conditions de vie en général. Si le nucléaire reste une menace lancinante et dévastatrice quand ses effets explosent, l'environnement quand il décline, et si on n'y prend pas garde, est un mal permanent, qui nous mine à petite dose, et la santé physique et nos ressources morales. Le premier nécessite une détermination et une action, alors que la descente aux enfers du second se produit chaque jour un peu plus, bénéficiant de l'absence de réaction vigoureuse aux effets du changement climatique induit par l'homme. En effet, le danger environnemental, et ses conséquences sont estimés proches et en même temps particulièrement inquiétants, d'autant plus si les combustibles fossiles ne sont pas conservés dans le sous-sol, et continuent à être extraits allègrement de ce dernier. Le risque lancinant de la guerre nucléaire et la poursuite des guerres conventionnelles La guerre nucléaire est à nos portes, et il suffit de peu de chose, pour qu'elle se produise, alors que les guerres conventionnelles se multiplient, entre les états et à l'intérieur de ces derniers. Certes, nombreux scientifiques, experts en géopolitiques, et politologues, ne pensent pas que la guerre nucléaire puisse se produire, et qu'il s'agit de postures dissuasives, et rien d'autre. Mais ces croyances ne sont vérifiables qu'a posteriori ! De leur côté, les guerres conventionnelles continuent d'exister, et que voyons-nous à présent, si ce n'est des luttes entre les puissances, par intermédiaires interposés ? Ce qui se passe de nos jours, sur tous les continents, ce sont des guerres déclenchées par les grandes puissances pour pérenniser leurs suprématies, garantir leurs sources d'approvisionnement, l'énergie étant la matière la plus convoitée, et disposer d'amis conciliants, auxquels une protection hypothétique est offerte, contre un alignement –soumission. Bien évidemment, ces grandes puissances, essentiellement les Etats Unis, le bloc russe, et à moindre degré la Chine, l'Inde et l'Europe, dirigent le monde, avec les Institutions internationales, de type FMI et World Bank, en s'adaptant les uns et les autres à ses nouvelles caractéristiques, et à ses nouvelles lois. La gouvernance a des règles, il faut les respecter et ménager les différents intervenants dans les décisions, y compris l'opinion publique, mais en fin de compte le résultat est le même, et personne ne peut contrarier la marche des puissants. Le terrorisme nucléaire est un danger pour tous, dans la mesure où dés lors qu'il se produit, en un lieu donné, peut avoir des conséquences insoupçonnables sur divers autres endroits de notre planète.
Les grandes puissances ne font rien pour endiguer la progression de l'arme nucléaire, à l'instar des USA, qui ont au cours des deux mandats du Président Barak OBAMA lancé un vaste programme de modernisation de l'outil nucléaire. Le risque nucléaire est réel, à telle enseigne que "l'horloge de l'apocalypse", qui mesure son intensité et la probabilité de son occurrence, à laquelle se réfère le "Bulletin of Atomic Scientist", a avancé un peu plus l'occurrence de la tragédie pour notre monde. Désormais ce risque est estimé à un niveau le plus élevé depuis prés d'un quart de Siècle et la présidence de Ronald Reagan. Notre monde est plus que jamais confronté aux guerres, classiques et, de plus en plus, à celles non conventionnelles, à l'instar de ce qui se déroule sous nos yeux, dans notre pays, en Lybie, au Moyen Orient, en Afrique subsaharienne, sporadiquement en Asie, et dans une moindre intensité, partout ailleurs avec le terrorisme, qui triomphe et sème le malheur, d'un type particulier puisqu'il n'attend aucune contrepartie, aucun bénéfice, si ce n'est la destruction de l'autre. L'arme indéchiffrable de l'incivisme et du terrorisme Le terrorisme est une réelle menace universelle, avec ses multiples prolongements et menaces : le recours à l'arme nucléaire, chimique et biologique, dés lors que d'ores et déjà nous voyons chaque jour se produire la sophistication et la miniaturisation des moyens employés, qui n'augurent rien de bon pour l'avenir. Ainsi, nous l'avons vu s'exprimer ici même, en Tunisie, dans la criminalité transfrontière, au Mali, Algérie, Lybie, et plus loin au Moyen Orient, en attendant qu'il se déploie plus massivement, en Afrique, en Europe et ailleurs. Les terroristes utilisent les méthodes les plus sophistiquées, pour transférer, partout où ils le souhaitent l'argent, glané et extorqué, et financer leurs entreprises mortifères. Notre pays est plus que quiconque exposé au terrorisme, mondial, régional et plus précisément maghrébin et local, et aux conséquences particulières du laisser aller national, avec l'accumulation partout des déchets, des saletés, du manque d'hygiène, de la violence interne, et en fin de compte du manque de civisme généralisé qui touche toutes les catégories de notre population. Conclusion Le monde est en crise, il souffre d'un ralentissement économique, d'un excès d'endettement, des contrecoups de la généralisation de l'interconnexion, de l'information en temps réel, et de la miniaturisation des armes nucléaires, de la violence sous toutes ses formes. Certains pays parviennent à amortir les chocs de la crise, parce qu'ils ont bien géré leurs finances en temps de croissance, privilégiant l'investissement à la dépense. D'autres à l'instar du notre, souffrent de n'avoir pas anticipé les changements de l'ère moderne, la valorisation de l'enseignement en général et scientifique en particulier, une plus grande répartition des revenus, et une maturité citoyenne suffisante pour faire coïncider les intérêts catégoriels avec l'intérêt national. Tant que nous n'aurons pas adopté une discipline collective vertueuse, nous resterons toujours exposés au pire!