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Mohamed Meddeb: Ya-t-il encore des sages en Tunisie?
Publié dans Leaders le 31 - 12 - 2018

Nombreux sont les Tunisiens qui s'attendaient depuis quelques temps à une initiative, une tentative pour débloquer la grave situation dans le pays. Celle initiée, le vendredi 28 décembre par le président de la République est certes louable, mais venue limitée dans son objet et sa forme, ne pourrait être réellement salvatrice que si elle est élargie aux différents acteurs influents dans le pays avec l'objectif d'élaborer une feuille de route à même de conduire le pays, sans grands soubresauts,jusqu'à l'organisation, fin 2019, d'élections législatives et présidentielles libres, transparentes et régulières. Bref il y a lieu de transformer cette initiative en un large débat national.
D'abord pourquoi un débat national ?
C'est un processus non institutionnalisé, alors que le pays, indépendant de plus de 60 ans, dispose surtout depuis 2011, d'institutions et de mécanismes démocratiques, dignes de ce nom ?
A mon avis le besoin d'un tel débat, même non institutionnel, est une nécessité beaucoup plus qu'un choix, une obligation dictée par le dysfonctionnement si ce n'est le blocage généralisé du système institutionnel en place. A quelques nuances près, on est tous d'accord sur la gravité de la situation dans le pays, vie politique, sécurité, économie, endettement extérieur, rapports citoyens/Autorités de l'Etat puis citoyen/citoyens, le tout sous sur un fond d'un grand déficit en valeurs citoyennes et civiques. Ceux qui sont au pouvoir se sont vu leur légitimité complètement érodée, où est la majorité élue par le peuple ? Le Gouvernement actuel, est-il réellement l'émanation de la majorité élue par les tunisiens comme le prévoit la Constitution ? Certes pas tout à fait, et les autorités actuellement en place, quoiqu'elles le soient légalement, elles souffrent d'un manque manifeste de légitimité démocratique, d'où la crise du système politique institutionnel et le besoin de chercher une issue conciliant légalité et légitimité et surtout efficacité.
Aujourd'hui, et après huit ans d'expérience avec quelques succès relatifs, la priorité et l'urgence est de sauver le pays, et ce par tout processus et moyen possible, quitte à s'éloigner momentanément de la voie institutionnelle, doctrinaire et légale, pour justement revenir, le plus tôt possible, espérant juste après les élections législatives et présidentielle de 2019, à cette voie institutionnelle. L'un des processus imaginables est en effet, un Débat National, si non, quelles seraient alors les autres alternatives ?
Un débat national, avec quel objectif ?
L'objectif général du débat national proposé serait d'abord, de sauver le pays d'un dérapage total et de permettre la réalisation des prochaines élections législatives et présidentielles dans les meilleures conditions, politiques, sécuritaires, socioéconomiques et de confiance, bref, réaliser des élections libres, transparentes et démocratiques dont personne ne contestera les résultats. D'ailleurs, c'est seulement ainsi que le pays pourra poursuivre sa transition démocratique, effectivement dans le cadre institutionnel non seulement légal, mais aussi d'une grande légitimité démocratique.
Au préalable, pour y arriver concrètement, certaines conditions doivent être satisfaites et quelques objectifs intermédiaires réalisés :
1. Que toutes les parties, au pouvoir, opposition et « majorité silencieuse » réalisent et admettent que le débat ne peut aboutir qu'à un « compromis », qui suppose l'acceptation, bon gré mal gré, de certaines propositions des négociateurs en face. Un compromis qui n'engendre ni vainqueur, ni vaincu parmi les tunisiens, l'essentiel est qu'il débouche sur le sauvetage du pays et lui permet de poursuivre sa transition.
2. Que tout le monde, y compris les médias, œuvrent réellement à assainir le climat médiatique, social et politique dans le pays : s'abstenir de tout ce qui pourrait envenimer davantage la situation ; se limiter à ce qui est constructif et à ce qui pourrait rétablir la confiance entre les différentes composantes de la société. Ceci n'exclut nullement la critique, mais que celle-ci soit suivie de propositions alternatives concrètes. La confiance mutuelle est un prérequis essentiel pour le succès de tout débat et pour l'avenir du pays tout court. Le fond de la liberté d'expression n'a jamais été de semer la zizanie entre concitoyens et détruire leur propre pays.
Concrètement, ce débat doit aboutir à l'établissement d'une feuille de route, un programme à portée limitée, avec des actions à entreprendre et des résultats à réaliser dans le domaine socioéconomique d'ici jusqu'aux élections prochaines. De l'expérience des huit dernières années, des résultats des nombreux différents gouvernements et vu les cours délais dont on dispose, moins d'un an, il est aisé de conclure que rien ne servira de changer les hommes aux commandes, ce même Gouvernement, l'actuel et malgré tous les griefs qu'on peut avoir envers lui, pourrait être chargé avec sa même composition actuelle, de la mise en œuvre de la feuille de route à établir.
Certes, l'engagement clair de tous les membres de l'actuel Gouvernement à ne pas se présenter aux élections prochaines, lui faciliterait énormément la tâche, tranquilliserait beaucoup de parties et épargnerait au pays de nombreuses difficultés politiques. Reste à discuter.
Evidemment, entre temps, ce Débat National devrait aussi conclure les épineuses négociations salariales entre Gouvernement et UGTT. Et pourquoi pas une trêve sociale jusqu'à proclamation des résultats des prochaines élections ?
Dans le cadre de rétablissement de la confiance dans le pays (point 2) et aussi dans le souci de s'accrocher, tant que possible, à la légalité et aux institutions et normes démocratiques déjà établies, l'ARP doit donner l'exemple et devrait s'imposer à elle-même, certaines mesures pour regagner sa crédibilité, la confiance des citoyens et montrer le bon chemin à suivre :
* s'engager, et tout de suite, à achever la mise sur pied de la Cour Constitutionnelle et l'élection du Président de l'ISIE ainsi que des trois remplaçants de ses membres pour permettre à cette instance de poursuivre ces travaux et réaliser les élections prévues. Avec de la bonne volonté, cela est réalisable dans un délai de moins de dix jours réservés uniquement à ces deux points et ce, avant la fin du mois de janvier, quitte à poursuivre les travaux jour et nuit et jours fériés, avec transmission télé en direct de tous ces travaux pour que tout le peuple reconnaisse, en cas d'échec, les vrais responsables coupables ;
* décider le renvoi définitif de l'Assemblée, de tout député qui enregistre, durant un mois, plus de vingt pour cent d'absences du nombre des assemblées générales et des réunions de la Commission dont il est membre. N'a-t-on pas répété à satiété que la fonction de Député est une responsabilité qui exige de l'Elu, de vrais sacrifices personnels et non pas un titre honorifique utile à bien garnir sa carte de visite ? Alors en quoi consiste ces sacrifices quand on ne daigne même pas à prendre part aux assemblées générales et réunions des commissions ? N'a-t-on pas vu, le 13 décembre, l'amendement de la loi des régimes de retraite tomber, juste parce qu'une centaine de députés ont préféré vaquer à leur besogne personnelle, plutôt que prendre part au vote d'une loi portant sur l'unique réforme significative jusque-là initiée et concernant le sauvetage des caisses sociales et l'avenir des nombreux retraités, actuels et futurs ?
* limiter les semaines réservées aux régions à une seule semaine tous les deux mois ;
* accélérer l'examen les nombreux projets de loi, présentés par le Gouvernement à l'approbation de l'ARP et en instance depuis plusieurs mois.
De telles mesures ne font que rehausser la crédibilité de l'ARP auprès des citoyens, regagner leur confiance, susciter leurs espoirs en cette Assemblée et améliorer la célérité de son fonctionnement. Certainement d'autres institutions de l'Etat et même le citoyen verront dans ces mesures et les comportements de nos députés de la bonne motivation et un bon exemple à suivre, et Dieu sait combien le citoyen a besoin, par les temps qui courent, de bons exemples à suivre, de vrais leaders au fait !
Qui inviter à prendre part à ce débat ?
Vu la complexité et la gravité de la situation, un tel débat doit être inclusif. Il est recommandé d'y inviter tous les acteurs influents sur la scène : les trois Présidences, de la République, de l'ARP et du Gouvernement ; les partis politiques représentés à l'ARP ; l'UGTT ; l'UTICA ; l'UTAP ; le nouveau Conseil Social et Economique ; l'Ordre National des Avocats ; l'Union Nationale de la Femme Tunisienne ; les Chefs des Groupes parlementaires et pourquoi pas les Associations de la société civile, jugées des plus représentatives.
L'élargissement de ce débat à toutes ces parties renforce sa légitimité et s'impose par le fait que même ceux qui ne sont pas aux commandes, par leurs positions quant aux politiques menées et mesures prises, influent sur l'évolution de la situation dans le pays.
A l'appréhension de voir dans un tel élargissement, une source de difficultés, nous devons être conscients de la nature de la crise que traverse le pays et reconnaitre tous, qu'à des degrés variables, tous les gouvernements qui se sont succédés au pouvoir depuis janvier 2011, tous les partis politiques, toutes les organisations nationales des divers secteurs, bref tous les tunisiens ensemble, ont échoué quelque part à mettre définitivement le pays sur la bonne voie, particulièrement dans le domaine socioéconomique. D'autres part, l'avenir du pays concerne et au même degré, tous les tunisiens. Aussi, et malgré les prétentions des diverses parties, aucune ne détient la solution miracle (!) et ne peut seule, conduire avec succès cette transition difficile, on a tous vu les limites de chacun et de tous, arrêtons donc les surenchères farfelues. Un peu de modestie, d'objectivité et d'attention aux propositions des autres, sont les seules règles de conduite sages, responsables et salvatrices pour tous.
Pour s'en convaincre, il suffit de revoir les deux assemblées générales de l'ARP, du lundi 10 et jeudi 13 décembre 2018, assemblées de la "Honte" ! Ce sont là les vraies limites de notre système politique actuel, il faut en être pleinement conscient et faire de notre mieux avec.
Là, ce ne sont que des suggestions, bien sûr discutables et enrichissables, mais l'idée maitresse reste la nécessité et l'urgence d'organiser un large débat national, plutôt inclusif et à portée limitée dans le temps, avec le but principal de conclure un minimum d'entente nationale autour d'un programme qui permettra au pays de :
* éviter tout dérapage politique et social qui se pointe à l'horizon en faisant face aux urgences,
* réaliser aux dates prévues, avant fin 2019, des élections libres, régulières, transparentes et dont les résultats ne soient contestés par personne ;
et ainsi, plutôt que détruire les acquis de plus de 60 ans couronnés d'une révolution, on pourra repartir sur des bases plus solides, et au plus tôt, pour reprendre la transition dans le cadre institutionnel et normatif démocratique non seulement légal, mais aussi légitime.
Est-il encore permis de croire que ce grand/petit pays n'a jamais cessé d'enfanter des sages ? C'est justement le moment d'y croire ! A défaut, l'initiative reviendra sans aucun doute à la rue, oui à la rue, à la loi de la jungle !
Le projet est complexe, difficile, laborieux … Mais l'enjeu, l'avenir du pays, en vaut la chandelle !
Que Dieu garde la Tunisie


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