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Habib Touhami: Kaïs Saïed et le développement régional
Publié dans Leaders le 06 - 10 - 2019

Comme chacun sait, la politique socioéconomique n'est pas l'affaire du Président de la République. Toutefois, son immixtion dans la politique du développement régional ne devrait pas poser de problème particulier. On peut considérer en effet que le développement inégal des régions est source de troubles et peut mettre en danger l'unité nationale et la sécurité intérieure du pays, domaine «réservé» du Président de la République. Ce qui interroge dans le cas présent est la solution « originale » proposée par Kaïs Saïed, arrivé premier au premier tour de l'élection présidentielle et le mieux placé pour devenir le prochain Président de la République tunisienne.
Si l'on en croit son programme, le financement du développement régional pourrait être assuré par « une contribution » forcée des 460 hommes d'affaires impliqués avec l'ancien régime et fortement soupçonnés de fraudes et de malversations diverses, de sorte que l'homme d'affaires le plus « corrompu » parraine et finance les projets de la délégation la plus « pauvre » selon la terminologie employée par Kaïs Saïed. On remarquera que les hommes d'affaires corrompus de l'après-14 Janvier 2011 n'ont pas été cités. Simple oubli sans doute. C'est en tout cas après la réalisation complète des projets et une période de probation de dix ans que l'homme d'affaires incriminé peut obtenir son «sik al ghufran», son certificat de pardon en quelque sorte. Sur quelle base va-t-on classer les délégations de la plus pauvre à la moins pauvre et qui va le faire ? Rien de précis n'est dit par Kaïs Saïed à ce sujet alors que la question est d'une importance capitale et d'une complexité redoutable.
En juriste averti, Kaïs Saïed prend tout de même la précaution de préciser que la «transaction» doit recueillir l'approbation préalable de la Justice. Néanmoins, on peut se demander si un tel procédé est fonctionnel. Pour classer les hommes d'affaires du plus concussionnaire au moins concussionnaire, il faut que leurs dossiers soient examinés par des juges indépendants et compétents en matière financière afin de fixer objectivement les montants qu'ils ont dérobés, soit au fisc, soit à la douane, soit à la sécurité sociale. Ces juges sont-ils disponibles et en nombre suffisant pour avancer vite et bien en direction de l'objectif visé? Là est la question. Il y va autrement du choix des projets locaux de développement. Kaïs Saïed « délègue » habilement cette décision aux habitants des délégations concernées. Belle proposition sauf que les populations en question ont une conception tronquée du développement socioéconomique puisqu'elles le limitent à l'infrastructure de base et à la dotation en plus d'emplois administratifs. Or tout indique que ce qui différencie fondamentalement une région relativement développée d'une région en retard de développement est la répartition sectorielle de l'emploi (moins d'emplois administratifs et plus d'emplois directement productifs dans le secondaire et le tertiaire). Quant à l'auto-arbitrage préconisé, il requiert un minimum de compétence et de hauteur de vue, qualités que les élus des délégations n'auront nécessairement pas. Même l'Etat et l'Administration centrale ont montré par le passé qu'ils n'arrivaient pas à arbitrer convenablement.
Il n'y a pas de raison objective pour douter de la bonne foi de Kaïs Saïed. Cependant, ses conceptions en ce qui concerne le développement régional et les moyens de le financer inquiètent parce qu'elles sont inadaptées ou obsolètes, qu'elles éliminent l'Etat de la chaîne de décision et qu'elles encouragent l'imprécation et la surenchère. Quant au relèvement économique de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, il ne doit pas aux hommes d'affaires nazis repentis comme Kaïs Saïed l'a écrit mais bien au Plan Marshall, la légendaire discipline teutonne et le soutien actif des syndicats allemands. Sans la collaboration de la DGB (Confédération allemande des syndicats), rien n'aurait été possible. En raison des circonstances, c'est, de mon point de vue, la leçon la plus judicieuse que les Tunisiens puissent tirer de l'exemple allemand.


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