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La vision de Trump pour la paix israélopalestinienne: Une initiative catastrophique
Publié dans Leaders le 30 - 01 - 2020

Par Ahmed Ounaïes - Le plan Trump pour la paix au Proche Orient, proclamé à Washington le 28 janvier 2020, est un pas de plus de l'actuel président des Etats-Unis dans le sens du retour de la politique de puissance. Croyant pouvoir séduire le peuple palestinien et les pays de la région, une promesse d'investissements d'un montant de 50 milliards de dollars en dix ans, était déjà annoncée le 25 juin 2019 à Manama (Bahrein) à l'appui de ce plan. Le langage de l'argent ne nous abuse pas. Il s'agit bien de la politique de puissance, de la tradition impériale qui caractérisait le XIXe siècle, quand les empires pratiquaient la politique de conquête et de colonisation, fixaient les frontières et traçaient le destin des peuples. Cette pratique a débouché sur deux guerres mondiales et fini par abolir les empires.
La politique de puissance est la négation de la paix. Deux prédécesseurs de Donald Trump avaient défait par la guerre l'Etat qui, à deux reprises, avait promu la politique de puissance, défié les Etats voisins et finalement imposé son occupation aux peuples de son voisinage. Il est vrai que les peuples victimes de l'occupation étaient alors européens. Du moins ces européens ont-ils réalisé, durant cinq longues années, la nature d'un tel régime qui ne se prévaut d'aucune autre justification que du droit de la force. Toute occupation est détestable.
Au cœur de la seconde épreuve, le président Roosevelt songeait déjà à dresser une charte qui aille plus loin que le pacte de la Société des Nations, fruit de la première guerre mondiale, et de jeter les bases d'un ordre mondial fondé sur le droit et doté d'un mécanisme en mesure de préserver efficacement l'état de droit. Ainsi a-t-il convoqué une conférence appelée à élaborer sur cette base la Charte des Nations Unies. Tout Etat membre sera tenu de respecter et de faire respecter les buts et principes de la Charte, en particulier les Etats membres permanents du Conseil de Sécurité. Pouvait-il pressentir que l'un des destructeurs de l'ordre fondé sur le droit serait précisément un président des Etats-Unis?
La politique du président Donald Trump dès son avènement, relativement aux territoires occupés par Israël cinquante ans auparavant, contrevient aux nombreuses résolutions du Conseil de Sécurité. Mentionnons tout juste quatre résolutions : 465 du 1er mars 1980 sur les colonies de peuplement ; 476 et 478 du 30 juin et du 20 août 1980 sur Jérusalem ; 497 du 17 décembre 1981 sur le Golan. Ces résolutions expriment le consensus juridique international. En vertu de ces résolutions, les colonies de peuplement installées sur les territoires occupés en juin 1967, ainsi que les mesures d'annexion de Jérusalem et du Golan, sont déclarées nulles et non avenues et sans effet juridique. L'Avis de la Cour Internationale de Justice du 9 juillet 2004, relatif au mur de séparation édifié sur les territoires occupés, s'appuie notamment sur ces résolutions qui étaient constamment reconfirmées, en particulier le 23 décembre 2016, pendant le mandat du président Barack Obama. La Résolution 2334 adoptée à cette date exhorte Israël à ‘‘cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est''.
La Tunisie siégeait au Conseil de Sécurité en 1980 et 1981. Elle avait négocié les termes de ces résolutions avec le groupe des Occidentaux membres du Conseil. La délégation des Etats-Unis ne s'était jamais opposée à ces résolutions. Ni le Président Jimmy Carter ni ses successeurs ne les ont mises en question. Le président Donald Trump s'est distingué en légalisant, le 6 décembre 2017, l'annexion de Jérusalem, commettant un déni du droit et de la légalité internationale. Il a constaté son isolement lors du débat au sein du Conseil de Sécurité le 18 décembre 2017 quand 14 membres rejetaient sa décision et qu'il n'avait plus que sa seule voix pour prétendre l'imposer. Il a poursuivi dans la même politique s'agissant du Golan et, le 28 janvier 2020, en admettant la légalisation de l'ensemble des colonies israéliennes. Il prétend fixer d'autorité les frontières des uns et des autres.
Ces territoires n'appartiennent pas aux Etats-Unis. Ils n'appartiennent pas non plus à Israël. De quoi se prévaut le président des Etats-Unis, sinon de la puissance, pour prétendre légaliser la conquête des territoires par la force et pour soutenir la politique de colonisation et d'annexion ? Les précédents sont édifiants. En décembre 1935, comme suite à l'agression italienne contre l'Ethiopie, le Pacte Hoare-Laval entre la Grande Bretagne et la France reconnaissait à l'Italie la moitié du territoire éthiopien. En moins de dix ans, ce pacte était balayé par la guerre. A nouveau en septembre 1938, à Munich, la Grande Bretagne et la France, croyant éviter la guerre, sacrifiaient les territoires d'autres nations européennes à l'ambition nazie : les Accords de Munich n'ont pas empêché la guerre, ni que la guerre submerge l'Europe elle-même et au-delà. Le déni du droit peut abuser un temps, même un temps long, mais il ne fait que retarder l'inéluctable triomphe du droit.
En réaction au plan Trump, le Secrétaire général des Nations Unies répliquait le jour même, le 28 janvier, par la voix de son porte-parole officiel, rappelant que les Nations Unies étaient liées par les décisions de l'Assemblée Générale et du Conseil de Sécurité : rappel salutaire qui soutient l'exigence de la cohérence de la politique internationale et qui affirme la centralité des Nations Unies face aux dérives et aux inconséquences de quelques Etats membres. La direction palestinienne, qui avait rompu avec l'Administration Trump en décembre 2017 à la suite de la décision de reconnaissance par Donald Trump de la souveraineté israélienne sur Jérusalem, refusait à nouveau de céder aux tentatives du Président Trump de reprendre contact, le jour même de la proclamation du prétendu plan de paix. La Russie et la France rappelaient la nécessité d'associer le peuple palestinien à toute initiative de paix.
Les conséquences du retour de la politique de puissance sont catastrophiques. L'exemple donné par Israël, désormais avalisé par l'Administration Trump, ouvre la voie à toutes les délinquances dans l'impunité. S'interroger sur les causes du terrorisme, de la violence et du chaos qui prennent racine au Proche Orient ? N'étaient-ce pas les crimes et la barbarie d'Israël, la spoliation méthodique des territoires arabes, la politique d'occupation qui sévit depuis plus de cinquante ans ? Le rejet de l'occupation et de la colonisation n'est-il pas éloquent aussi bien au Proche-Orient que partout dans le monde ?
La politique de paix requiert un ordre mondial cohérent et structuré. Le peuple palestinien est la principale victime des violations qui ont assailli l'ordre mondial institué à l'issue de la seconde guerre mondiale. Le président Trump annonce désormais que la menace n'est pas isolée, que la violation du droit sera récompensée ou sanctionnée non plus par référence au droit mais par le privilège de la force. Comprenons que l'ONU devient obsolète, du fait de l'un des Etats fondateurs. Cette catastrophe nous concerne. La civilisation, par essence, encadre l'usage de la force et sanctionne ses abus. Tous les Etats sont concernés.
La Tunisie ne saurait souscrire à une telle politique, ni rester passive. Il revient au gouvernement de le manifester clairement, notamment au Conseil de Sécurité où nous siégeons à nouveau depuis janvier 2020. Il appartient à la société civile tunisienne de rompre toute relation avec les institutions relevant de l'Administration Trump. C'est l'appel que je lance aujourd'hui à mes concitoyens.


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