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Tunisie: Comment jouer aux illusionnistes pour pouvoir jeter le bébé avec l'eau du bain
Publié dans Leaders le 08 - 04 - 2022

«Il faut laisser tous les intérêts particuliers se presser, se heurter les uns avec les autres, se saisir à l'envi de la question, et la pousser chacun suivant ses forces, vers le but qu'il se propose. Dans cette épreuve, les avis utiles, et ceux qui seraient nuisibles se séparent ; les uns tombent, les autres continuent à se mouvoir, à se balancer jusqu'à ce que, modifiés, épurés par leurs effets réciproques, ils finissent par se fondre en un seul avis.» Emmanuel-Joseph Sieyès
Par Dr Mohamed Salah Ben Ammar - Mohamed Achouri, Mohamed Haddad, Said Ben Massaoud, Ali Ennouri, Abdelaziz Sayah, Mohamed Lazreg, Ahmed Ayachi, Ali Jridi, Bechir Dhaoui, Mohamed Ben Khelifa, Belgacem Chaouat, Hamadi Kéfi, Tahar Mejri, Hamida Hammami, Mohamed Hssine, Mohamed Krid, Mohamed Mars, Nasr Ghomrasni, Abdallah Boukhris, Said Ben Abdallah, Mohamed Moussa, Ahmed Jlidi, ces noms typiquement tunisiens ne vous disent rien et pourtant nous leur devons beaucoup.
A Tunis le 9 avril 1938 ils sont tombés avec 5 autres martyrs non identifiés victimes des automitrailleuses de l'occupant français. Ils sont morts en scandant «Parlement Tunisien». Des ouvriers, des agriculteurs…des Tunisiens comme vous et moi, qui sous la conduite de Ali Belhaouane exigeaient que la voix du peuple soit entendue à travers un parlement tunisien et une représentation nationale. Ils étaient donc convaincus que l'un des fondements de la souveraineté nationale était la démocratie représentative. Ils ont offert leurs vies pour cet idéal. 84 ans plus tard, ce qui se passe dans notre pays est une offense à leur mémoire.
Pourtant, ce rêve s'est concrétisé, du moins dans la forme, le 1er juin 1959. La constitution prévoyait la création d'une «Assemblée Nationale» qui sera rebaptisée en 81 par la loi constitutionnelle n° 81- 47 «Chambre des députés».
En effet, vingt jours après l'indépendance, soit le 9 avril 1956 Habib Bourguiba préside la première assemblée constituante, il laissera cette fonction à Jallouli Farès qui sera par la suite et à partir du 1er juin 1959 le premier président de l'Assemblée Nationale. Dr Sadok Makaddem lui succédera, il exercera cette fonction durant 15 ans, il sera suivi de Mahmoud Messadi puis de Rachid Sfar, Slaheddine Baly, Béji Caïd Essebsi, Habib Boularès, Foued Mebazaa, puis après la révolution Dr Mustapha Ben Jaafar présidera l'Assemblée Constituante qui débouchera sur l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) dont le premier président sera Mohamed Ennaceur, suivi de Abdelfatah Mourou puis Rached Ghannouchi. En dehors d'une ou deux exceptions, il s'agit de patriotes de grandes valeurs.
La démocratie représentative est née en Grande Bretagne en 1265. La Nation choisit lors d'élections libres ses représentants. Ils seront amenés durant leur mandat à prendre des décisions la concernant. Ils sont censés prendre des actes en conformité avec la volonté du peuple qui peut les révoquer. Ce système imparfait donne le sentiment que la Nation n'est plus maître de son destin entre deux élections. Il s'agit d'un transfert de souveraineté volontaire qui souvent au gré des évènements donne objectivement l'impression aux citoyens d'un vide relatif entre les deux consultations. Il faut opposer la démocratie représentative à la démocratie directe, dans laquelle en théorie l'essentiel des décisions sont prises par l'ensemble des citoyens ou encore à la démocratie participative qui est fondée sur le renforcement de la participation des citoyens aux décisions politiques par suite de délibérations ou de consultations (comme c'est le cas en Irlande). Souvent les défenseurs des formes de démocratie participative prétendent parler au nom du peuple contre une élite qui aurait confisqué le pouvoir. Une manipulation qui a le vent en poupe depuis quelques temps.
Dans notre pays depuis le 25 juillet 2011 l'institution nationale où siégeaient les représentants du peuple depuis 1956 a été gelée puis dissoute. C'est une première depuis 66 ans.
Avant 2011, on avait une démocratie représentative de façade. Les régimes des présidents Bourguiba puis Ben Ali sélectionnaient scrupuleusement les candidats de la députation, les élections étaient systématiquement truquées et les députés obéissaient aux dictateurs au doigt et à l'œil. Mais l'Assemblée nationale n'était pas qu'une chambre d'enregistrement, les budgets étaient discutés et les textes de lois âprement débattus en commission puis en plénière. Il suffit de revenir aux comptes rendus de certains débats. Dans tous les cas, les apparences étaient sauves. Après la révolution, il y a eu comme un pourrissement, une glissade vers la médiocrité qu'on a d'ailleurs observé dans d'autres secteurs. L'ARP a donné d'elle l'image d'une usine à gaz, coûteuse, anarchique, inefficace et humiliante pour tous les citoyens. Nul ne peut contester ces faits. Et n'en déplaise à beaucoup nous étions en démocratie, une démocratie très imparfaite mais réelle. La seule du monde arabe et l'une des rares en Afrique.
La séparation des pouvoirs était imparfaite et sujette à de basses manœuvres, mais l'organisation d'élections libres et régulières a été respectée, les libertés fondamentales étaient garanties et la problématique séparation des pouvoirs en voie de consolidation. Certes des textes imparfaits, volontairement mis en place, pervertissaient la volonté des citoyens, la représentation nationale n'était pas des plus brillantes et la corruption avait pris des dimensions inquiétantes, mais nous étions en démocratie.
L'impression de profondes divisions que donnait l'ARP n'étaient en réalité que le reflet des fractures et mentalités qui existaient dans le pays. Les représentants que nos concitoyens ont choisis. La diversité des intérêts de la représentation nationale n'était pas forcément négative car justement c'est elle, entre autres, qui permet à tous de s'exprimer. Les insuffisances des textes réglementaires, les trafics d'influences et les magouilles sont légion dans tous les parlements du monde. Entendre, voir, subir ce qui ne nous plaisait pas (nous révolte) fait partie des règles de la démocratie. La résultante devait déboucher tôt ou tard par l'expression d'une volonté générale «Pas plus que la vérité n'est absolue ni a priori, la volonté du peuple n'est une et indivisible, ni préexistante. La volonté ne peut se constituer que grâce à toutes les «lumières» que la discussion, l'échange d'idées et la confrontation des opinions peuvent fournir à chacun.». La vie au sein de l'ARP a été confuse, houleuse, dégradante, mais parce qu'elle existe que des hommes et des femmes ont donné leur vie. Seuls quelques naïfs croient encore en les raisons avancées pour la geler puis la dissoudre. Ces deux décisions étaient programmées à l'avance. Prenons dès à présent les paris que la prochaine Assemblée Nationale ne sera pas tellement différente de celle qui l'a précédée.
Dr Mohamed Salah Ben Ammar
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