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Habib Mellakh: Hommage à Tahar Ghodhbane, ancien maire et député de Ras Jebel
Publié dans Leaders le 24 - 07 - 2023

Deux mois presque jour pour jour, après la brutale et cruelle disparition de mon frère Farhat, c'est au tour de mon beau-frère et ami, Tahar Ghodhbane de tirer sa révérence alors que rien ne présageait à ce moment-là, une fin aussi rapide. Il avait accompagné Farhat à sa dernière demeure et assisté non seulement à l'inhumation mais aussi à toutes les cérémonies funéraires et religieuses malgré ses ennuis de santé. Homme de devoir, il avait un respect scrupuleux de ses obligations morales. C'est ce souci, devenu chez lui une seconde nature, ainsi que son sens développé de l'amitié qui l'ont poussé à braver la maladie pour venir me réconforter et consoler notre famille, effondrée à la suite du départ de l'un des siens.
Tahar partageait avec le médecin fétiche de Bordj El Amri l'attachement indéfectible non seulement aux valeurs humaines, inculqué dès leur plus jeune âge par des parents et un entourage soucieux de transmettre les valeurs humaines de bienveillance, d'amour, de fraternité, d'empathie, l'amour de la patrie mais aussi le respect scrupuleux de l'éthique.
Instituteur formé, dans les années 60, à l'Ecole Normale des Instituteurs de Tunis, à une époque où cette institution formait la fine fleur des enseignants, il s'acquittait de sa tâche comme d'un sacerdoce si bien qu'il est très vite devenu directeur d'établissement et conseiller pédagogique. Pour Farhat, l'exercice de la médecine revêtait également un caractère quasi-religieux par le dévouement et le sens moral qu'il exige, ce qui lui a valu le respect et l'admiration de toute la ville de Bordj Amri et la réputation bien méritée de médecin des pauvres et des vulnérables.
L'altruisme de Farhat et de Tahar ainsi que leur dévotion envers la patrie et l'ardent désir de la servir en vue de contribuer à l'édification de la nation, chacun selon ses compétences et dans son domaine de prédilection, qu'il s'agisse de l'univers professionnel, du milieu politique ou associatif, trouvent leur origine dans l'engagement des familles Ghodhbane et Mellakh dans les rangs du Néo-Destour pour la lutte contre le colonialisme français. J'ai longuement évoqué dans de nombreux articles sur Facebook et dans un entretien accordé à Ahmed Rafrafi et diffusé sur Mandra FM, la participation de mon père à ce combat. J'ai également relaté dans les hommages publiés à la mémoire de mon oncle Arbi sur Leaders la contribution de ce dernier au mouvement de libération nationale. Mais la participation du frère de Tahar Ghodhbane, Abdeljabar, à l'épopée anticoloniale est, à ma connaissance méconnue, voire occultée.
Membre d'un groupe de fellaghas de Ras Jebel et d'ailleurs, Abdeljabar a mené, en 1952, des actions e résistance au cours desquelles il fit usage des explosifs. Il a été condamné, en conséquence, à une très longue peine de prison et incarcéré dans plusieurs prisons parmi lesquelles la «Zendala» du Bardo où étaient emprisonnés les détenus les plus récalcitrants. La «zendala» est un mot d'origine turque dérivé de «zendal», signifiant «prison» et qui dans le dialecte tunisien désignait, à l'époque beylicale, une prison où étaient incarcérés les détenus qui subissaient une lourde sanction parce que les conditions de détention y étaient très dures.
Pour Tahar qui avait l'habitude, dès l'âge de 7 ans, d'accompagner sa mère lors de sa visite à la zendala du Bardo, Abdeljabar était un héros, devenu, très vite, son idole. C'est avec beaucoup d'émotion et de fierté qu'il évoquait ce qu'il considérait comme l'épopée de son frère aîné. Cet épisode de son enfance fait partie des déterminations enfantines de son parcours politique. C'est le plus normalement du monde qu'il adhère, dès son plus jeune âge au Néo-Destour pour militer en son sein dans l'espoir de contribuer au développement de Ras Jebel, sa ville natale dont il était follement amoureux et de sa patrie qu'il a appris à aimer dès sa plus tendre enfance.
Il ne cesse pendant une vingtaine d'années d'œuvrer pour l'essor de la ville et l'amélioration de son infrastructure, en tant que militant de base et comme membre de l'une des cellules destouriennes de cette ville et de son conseil municipal, présidé à l'époque par Hassen Belkhodja qui l'appréciait beaucoup et dont il fut le vice-président de 1972 à 1986. Frondeur au port altier, il faisait entendre sa voix et, la fougue de la jeunesse aidant, il présentait ses revendications avec beaucoup de détermination, montrant une volonté farouche pour qu'elles soient exaucées, ne mâchant pas ses mots chaque fois qu'il sentait que les responsables n'étaient pas à l'écoute. Il s'est toujours distingué, et particulièrement pendant les mandats d'Arbi Mellakh, à la tête du comité de coordination de Bizerte, par le courage de ses opinions. Amusé par la fougue de ce jeune et bon destourien, ce dernier prenait, un malin plaisir, lorsque les critiques de Tahar lui paraissaient excessives à lui dire en usant de son humour coutumier: «Quand tu prends la parole, j'ai peur de voir tomber un morceau du ciel».
Formé entre autres à l'école d'Arbi Mellakh, qu'il considérait comme le modèle de l'homme politique et dont il admirait, outre la finesse et la pertinence des analyses, l'élégance des propos, il a fait une longue et riche carrière politique. Maire de Ras Jebel de 1986 à 1989, après avoir succédé à Farid Mokhtar décédé à la suite d'un tragique accident de la route, il a servi sa ville natale avec un grand dévouement contribuant à y améliorer les services et l'infrastructure en dépit de peu de moyens dont il disposait. Pendant ce mandat, il a été un maire serviable, intègre et dévoué. Ce sont ces qualités qui ont convaincu les hauts responsables du RCD de le porter candidat à la députation et les électeurs de confirmer massivement ce choix pendant deux mandats successifs. Représentant de la circonscription de Ras Jebel de 1988 à 1999, il a porté à la Chambre des députés avec beaucoup de conviction et de courage la voix de ses électeurs et a participé pendant ces deux législatures aux travaux de nombreuses commissions dont il fut souvent le rapporteur et où il s'est distingué par une activité débordante et une efficacité remarquable. D'août 2000 jusqu'en août 2005, il a été pendant 5 ans délégué de Hammamet où il a excellé dans cette fonction comme en témoigne cette longévité jamais égalée, à ma connaissance par un délégué nommé dans cette ville. Il a achevé sa carrière politique en 2006 comme délégué de Ben Arous avant de jouir d'une retraite méritée dans sa ville natale.
Cher Tahar, nous n'avons pas suivi le même chemin. Nous n'étions pas du même bord politique mais nous nous sommes beaucoup appréciés. Nous nous connaissons depuis une quarante d'années pendant lesquelles j'ai énormément apprécié et aimé le beau-frère et l'homme. Je me souviendrai toujours de ton sens de la solidarité familiale, de l'amitié, de ta loyauté, de ta fidélité à nulle autre pareille, de ta convivialité, de ton altruisme et ton engagement continuel au service de Ras Jebel et de la Tunisie. Amoureux de la vie, tu t'es constamment battu avec les tiens pour préserver ta santé mais le Destin en a décidé autrement. Je déplore qu'aucun de tes compagnons de route n'ait eu la présence d'esprit de prononcer au moment de ton inhumation une oraison funèbre en hommage à ton parcours exemplaire. Indolence ou ingratitude? Ces deux défauts ne font-ils partie des choses les mieux partagées chez nous?
Paix à ta belle et noble âme ! Que les tiens et ceux qui t'ont aimé puissent avoir le courage de surmonter la dure épreuve de ta disparition!


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