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Abdelaziz Kacem: Avoir mal à l'Allemagne
Publié dans Leaders le 12 - 12 - 2023

Le 7 octobre 2023 restera, dans l'histoire, le jour où Tsahal, l'armée réputée invincible au Moyen-Orient, a reçu le coup le plus humiliant de sa carrière. Les USA et leur supplétif britannique accourent à son secours avec leur armada tout aussi invincible. L'UE, à une exception près, l'Espagne en l'occurrence, autrement dit l'Occident tout entier, ou presque, se range, résolument, du côté de «l'agressé», prêt à le défendre bec et ongles. Et la gent psittacine de jaboter machinalement le sempiternel leitmotiv : «Israël a le droit de se défendre». Oui, mais contre quel mortel danger, quelle force justifiant une telle levée de boucliers ? Juste une phalange de la résistance palestinienne, le Mouvement de résistance islamique (Hamas). Ces chefs d'Etat du monde dit libre, on les a vus courir à Tel-Aviv, quêtant un quelconque satisfécit d'un Netanyahu qui, sans ce soutien unanime, se serait contenté de tirer un baroud d'honneur, avant d'entrer en pourparlers, pour libérer les otages.
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«Israël a le droit de se défendre». Et défendre quoi au juste ? Ses colonies, des territoires reconnus palestiniens, syriens ou libanais par toutes les instances internationales. Pour nous, l'alignement servile de la France et de l'Allemagne sur les vues et visées du gouvernement hébreu le plus à droite, depuis la Nakba, nous est resté en travers de la gorge. J'ai déjà envoyé un énorme point d'exclamation à Emmanuel Macron, mais ma plume s'est refusé à adresser la moindre virgule à Olaf Scholz. Devant la complicité allemande active au génocide de Gaza, et quelle que soit la «dette» abusive que Berlin continue de payer, comme rente mémorielle, au sionisme, nous nous sommes tant de fois posé la question : serait-il venu à l'idée de l'un quelconque chancelier allemand, de Helmut Schmidt à Angela Merkel, en passant par Helmut Kohl et Gerhard Schröder, d'aller faire allégeance au boucher de Gaza, avec en cadeau quelques drones, qui serviraient à faire tomber plus de plafonds à Gaza sur la tête de familles entières ? Assurément non ! Ah qu'il était pathétique, ce brave Olaf Scholz, kippa sur la tête, déguisé en rabbin, pour ainsi dire, devant les derniers suprémacistes de l'histoire.
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Contrairement à la France et à l'Angleterre, l'Allemagne n'avait pas de contentieux colonial avec le monde arabe. Désormais, un fossé s'est creusé. Le vendredi, 10 novembre dernier, sous la pression de son opinion publique, Emmanuel Macron avait «exhorté Israël à cesser» les bombardements tuant des civils à Gaza. «De facto, aujourd'hui, des civils sont bombardés. Ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardés et tués». Netanyahu rejette l'appel et cela, pour un criminel de cet acabit, est compréhensible. Ce qui l'est moins, c'est la position d'Olaf Scholz. Lors d'un débat organisé, le dimanche 12, par un quotidien régional allemand, Heilbronner Stimme, le Chancelier allemand prend le contrepied du président français en s'opposant à un cessez-le-feu «immédiat». Six mille enfants palestiniens sont déjà tués, vingt mille sont blessés. Il en faut, sans doute, le double pour qu'Olaf Scholz savoure sa conversion au sionisme avec l'ardeur d'un néophyte.
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Et cette autre illustre Allemande, la chère Ursula Von der Leyne, toujours prête à souffler sur les braises, en Ukraine hier, en Palestine aujourd'hui. Est-ce en sa qualité de présidente de la Commission européenne ou en tant qu'ancienne ministre fédérale de la Famille que cette bonne mère de sept enfants a débarqué à l'aéroport Ben Gourion pour encourager les Israéliens à exterminer le plus possible de familles palestiniennes? Est-ce pour se faire valoir aux yeux d'Yoav Gallant, ministre israélien de la Guerre, qui a traité les Palestiniens d'«animaux humains» à exterminer ? Est-ce pour les beaux yeux de l'obscurantiste Amichay Eliyahu, ministre du Patrimoine ? N'est-ce pas ce sinistre individu, qui, lors d'une interview à Radio Kol Barama, a préconisé de réduire Gaza à l'arme nucléaire. Mais cela mettrait en danger la vie des otages israéliens toujours retenus à Gaza, lui a-t-on objecté. C'est «le prix à payer», dit-il, provoquant le courroux des familles desdits otages ?
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J'aimerais demander aux médias allemands de calmer un tant soit peu leur hystérie judéo-chrétienne et de nous dire ce qu'ils pensent des propos explicitement antigermaniques tenus par un autre extrémiste sioniste, se réclamant des «valeurs juives», Moshe Feiglin, chef d'un parti hostile aux accords d'Oslo : «C'est notre terre». Il a été de ceux qui ont poussé à l'assassinat de Yitzhak Rabin. Le 26 octobre 2023, en bon juif très pieux, il déclare sur la TV israélienne : «Nous ne nous sommes toujours pas vengés d'une manière biblique. Plus une pierre ne doit tenir debout à Gaza! Gaza doit être un nouveau Dresde, oui ! Incinération totale ! Ne laissez aucun espoir ! Il faut anéantir Gaza maintenant! Maintenant !» Le 27, sur la chaîne qatarie Al-Jazeera, il ajoute : «Comme Dresde, Hiroshima et Nagasaki». Ce psychopathe ne parlait pas sous le coup de l'émotion. Déjà, le 4 août 2020, il se réjouissait des explosions du port de Beyrouth, en frémissant d'aise : «Spectacle pyrotechnique, un cadeau de Dieu».
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Gaza, vieille terre de Palestine labourée par l'histoire. Alexandre, les Croisés, Bonaparte, Allenby s'y sont frottés avant de s'évanouir. À l'instar de Damas, connue, dès le Moyen âge, pour son tissu «le damas», Alep célèbre pour son «alépine», Mossoul pour sa «mousseline», Gaza peut se faire gloire de sa «gaze», ce tissu léger et transparent fait de fil de coton, de laine ou de soie et qui s'emploie dans l'habillement et l'ameublement, robes, rideaux, moustiquaires, tutus ou, plus couramment, dans ce tissu fait de fibres de coton hydrophile, «la gaze», qui sert à nettoyer les plaies et à faire des compresses et des pansements. Sous une pluie de bombes et autres missiles, les hôpitaux de la bande Gaza, ceux qui sont restés debout, n'ont plus de bandes de «gaze» pour leurs blessés innombrables ni suffisamment de linceuls pour les milliers d'enfants, de femmes et de vieillards aux corps déchiquetés.
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Je pense plus que jamais à Dresde, la Florence de l'Elbe, la «Lazarett-Stadt», avec ses 22 hôpitaux destinés à soigner les blessés du front, dans la nuit du 13 au 14 février 1945 et jusqu'au 15 du mois, sans aucune nécessité militaire et à deux mois de la capitulation allemande, la Royal Air Force déverse 7 100 tonnes de bombes incendiaires. C'était la façon britannique de souhaiter une bonne Fête de l'Amour. Depuis lors, j'ai acquis la conviction que nul n'est plus lâche qu'un pilote bombardant une cité sans abris souterrains et sans défense aérienne. Le bombardement de Gaza est de cet ordre. J'ai visité Dresde, une fois reconstruite. Je lui ai consacré un poème de 60 vers. En voici quelques-uns:
Moi orphelin de Carthage
Traqué par d'occultes Caton
Pyromanes des villes fières
Je viens vers toi
Portant le deuil de ton noir février
J'ai dressé en barricades
Les gravats de mes rimes et mes rythmes
Pour braver les monstres verbivores…
Apprends-moi tes synonymes
Dresden(1)
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Suite au choc pétrolier, au sortir de la guerre arabo-israélienne de 1973, l'UE a lancé le dialogue euro-arabe. L'Allemagne a bien voulu prendre en charge bien des rencontres relativement à ce dialogue. L'Allemagne des orientalistes arabisants à l'époustouflante érudition, l'Allemagne du grand Goethe dont le Divan occidental-oriental demeure l'un des chefs-d'œuvre les plus accomplis. Tout cela semble être parti en fumée, le 20 octobre dernier. La Foire du livre de Francfort avait prévu la remise publique du fameux prix littéraire, LiBeraturpreis 2023, à une romancière et dramaturge palestinienne de talent, Adania Shibli, pour son roman Un détail mineur(2) (Tafsîl thânawî). Mais, au grand dam de centaines d'écrivains présents, la direction de la Foire décida d'annuler la cérémonie, au motif de rendre les voix israéliennes «audibles» (sic). Je n'ai jamais entendu parole aussi impudente, quand on sait qui accapare les plateaux de TV, en Allemagne même ; ni aussi flagorneuse pour l'extrême droite israélienne, ni aussi insultante pour toute la littérature arabe. J'en ai la nausée.
Abdelaziz Kacem
(1) Abdelaziz Kacem, Le Frontal, Maison tunisienne de l'édition, Tunis, 1983, pp. 59-64.
(2) Adania Shibli, Un détail mineur, trad. Stéphane Dujols, Actes Sud, 2020.


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