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Abdellaziz Ben-Jebria: Tabac ou soda, bonjour les dégâts
Publié dans Leaders le 24 - 03 - 2025

Par Abdellaziz Ben-Jebria - Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les principales causes de mortalité dans le monde sont attribuées aux deux grandes maladies : 1) Cardiovasculaires (arrêt cardiaque, arrêt circulatoire ou ischémie, accident-vasculaire-cérébral ou AVC) dont le nombre de décès n'a cessé d'augmenter, depuis 2000, pour atteindre près de 10 millions en 2019, soit 16% du total, toutes causes confondues ; et 2) Respiratoires (broncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO, emphysème-pulmonaire, asthme), avec un nombre de décès de 3.5 millions dont 1,5 millions sont dus à des affections respiratoires chroniques et les restes sont imputables aux cancers pulmonaires. Et ces maladies cardio-pulmonaires sont directement, ou indirectement, liées aussi bien au tabagisme, actif et passif, qu'aux excès de consommations du sucre, et notamment de boissons sucrées.
Concernant les Prévalences du Tabagisme, l'OMS estime qu'un milliard et quart d'adultes, dans le monde, consomment du tabac. Et bien que la tendance des taux de tabagisme soit, en moyenne, à la baisse au niveau mondial, passant d'un adulte sur trois en 2000 à un sur cinq en 2022, elle reste cependant hétérogène, irrégulière et inégale d'un pays à l'autre.
Malheureusement, la consommation du tabac, en Tunisie, est particulièrement très élevée chez les hommes, et augmente sans cesse avec l'âge. Elle est de 16,5% chez les adolescents et atteint un taux exorbitant de 60% chez les adultes de 35-39 ans, bien que les prix des paquets de cigarettes soient très coûteux pour les budgets familiaux; ceci indique qu'en moyenne, un homme sur deux fume des cigarettes ou des pipes à eau (narguilés); alors que chez les femmes, la prévalence tabagique est faible, et ne dépasse pas les 2% chez les adultes, et moins de 1% chez les adolescentes. En outre, l'OMS alerte sur l'âge d'initiation, particulièrement alarmant du tabagisme chez certains enfants qui commencent à fumer dès l'âge de sept ans.Mais avec des lois plus restrictives et des prix de plus en plus élevés, la France et mieux encore les Etats-Unis arrivent à faire baisser le tabagisme aussi bien actif que passif, surtout chez les jeunes. Ainsi, on évalue que près de 9 millions de personnes sont des fumeurs en France, avec un taux qui varie de 22% à 29% parmi les 18-75 ans de la population dont 28% d'hommes et 22% de femmes. Et on estime qu'en 2024, 28 millions d'adultes, mais peu de jeunes, américains fument actuellement des cigarettes tous les jours, soit une prévalence de 11% qui est un peu plus faible chez les femmes que chez les hommes.
Concernant la Mortalité due au Tabagisme, l'OMS révèle que le tabac tue au moins huit millions d'hommes et de femmes chaque année; parmi eux près d'un million et demi sont des non-fumeurs passivement exposés, malgré eux, à la fumée de cigarettes et de narguilés (chicha). On annonce, par exemple, que le tabagisme demeure la principale cause de décès et de pathologies qui pourraient être évitées, aux Etats-Unis. Il tue, ainsi, plus de 480 000 américains chaque année ; et il coûte plus de 600 milliards de dollars dont plus de 240 milliards de dollars en dépenses de santé et près de 370 milliards de dollars en perte de productivité. Et avec 75 000 décès par an, et un coût annuel de 40 milliards d'euros, le tabagisme reste la première cause de mortalité en France. Mais, la Tunisie se distingue hélas par une mortalité élevée de fumeurs secondaires (ou passif); c'est ainsi que sur les 13200 décès annuels de fumeurs actifs, 2600 meurent par une exposition secondaire à la fumée du tabac, soit près de 20% du total. Et à ces décès s'ajoutent les coûts économiques du tabagisme, en termes de dépenses de santé et d'arrêts de maladies, qui ont atteint plus de 2 milliards de dinars en 2020.Concernant la morbidité due au Tabagisme, en plus du cancer pulmonaire et autres, fumer cause des maladies respiratoires telles que des bronchites chroniques et emphysème, et exacerbe les crises d'asthme aussi bien chez l'adulte que chez l'enfant passivement exposé. Mais, le facteur de risque le plus significatif du tabagisme est celui de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). En outre, fumer augmente substantiellement le risque des maladies cardiaques, incluant l'accident vasculaire cérébral (AVC), la crise cardiaque, et les pathologies cardio-vasculaires qui sont responsables de 40% des décès liés au tabagisme.
La Bonne Nouvelle est que l'arrêt de fumer pourrait aboutir à des bienfaits immédiats pour la santé ; et une partie ou la totalité de l'espérance de vie qui est réduite avec le tabagisme, peut être rétablie en fonction de l'âge de la personne qui cesse de fumer. En effet, les statistiques de survie indiquent que la cessation de fumer entraînerait une réparation potentielle d'une grande partie des lésions pulmonaires induites par le tabagisme. Cependant, une fois que la BPCO s'est développée, elle deviendrait irréversible ; et les détériorations liées à la BPCO ne seraient pas restaurées avec le temps.
Mais que sait-on de la mortalité liée au sucre ajouté et les boissons sucrées? Elle n'est guère rassurante. En effet, l'association entre consommation excessive du sucre et accroissement du risque de mortalité est bien documentée dans la littérature scientifique et médicale (The Lancet, 2021). Ainsi, les méfaits de cette mauvaise alimentation trop sucrée sont indéniables sur la santé. Et c'est en provoquant des cancers, en causant des maladies cardiovasculaires, en déclenchant des diabètes, surtout de type-2, et en engendrant une obésité sévère, que ces majeures pathologies ont conduit à plus de 3 millions de décès par an dans le monde (excès de glucose dans le sang) dont près d'un million de morts seraient dus directement au diabète et plus de 2 millions en raison de troubles cardiovasculaires.
Alors, quelles alertes sur le danger de l'excès du sucre? Plusieurs études ont montré que les boissons gazeuses énergisantes et les cocktails de fruits augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, du diabète de type-2, et d'obésité qui est curieusement liée à l'asthme hyper-réactif (International Journal of Obesity, 2010). En outre, des études épidémiologiques montrent que l'excès du sucre ajouté sous forme de liquide présente plus de risque de développer un syndrome métabolique que le sucre solide; ceci est peut-être dû à des différences dans la façon dont le fructose est ingéré, absorbé puis métabolisé.
D'abord, le diabète est une maladie métabolique liée à une dérégulation glycémique présentant un taux élevé du sucre sanguin (hyperglycémie), à cause d'une production insuffisante de l'insuline endogène ou d'une absence de réponse, par les cellules, à l'insuline sécrétée. Cette maladie se caractérise classiquement par une polyurie (urines abondantes), et par des sensations d'avoir faim et soif. Lorsqu'il n'est pas traité, le diabète peut induire des conséquences lourdes pour la santé, en affectant plusieurs fonctions organiques du corps humain. Ces risques peuvent inclure des complications cardio-vasculaires, rénales, neuropathiques, et surtout rétinopathie-diabétiques pouvant entrainer la cécité.
On estime que le diabète affecte, actuellement, près de 500 millions de personnes dans le monde parmi lesquelles environ 4 millions en France, 40 millions aux Etats-Unis, 50 millions en Inde et plus de 100 millions d'individus en chine. Mais avec ses 1,5 million de diabétiques, la Tunisie se distinguerait d'une prévalence exceptionnellement très élevée (environ 15% de la population).Et l'obésité affecte plus d'un milliard de personnes dans le monde parmi lesquelles plus de 100 millions d'adultes aux Etats-Unis sont au moins en état d'excès de poids ou obèses, et près de 3 millions en Tunisie. Cependant, avec un taux d'obésité dépassant ironiquement les 22% chez les femmes, mais seulement 7% chez les hommes, la prévalence Tunisienne indique qu'alors que le taux d'obésité a progressé significativement de 9% en 1980 à 23% en 1997 chez les femmes il est resté bas chez les hommes. Cependant, l'excès de poids est en forte progression chez les deux sexes atteignant des taux alarmants de 51% chez les femmes et de 30% chez les hommes. Par ailleurs, cette forte augmentation d'excès de poids est aussi observée parmi les adolescents Tunisiens dont le risque d'obésité serait de 10% chez les filles et de 5% chez les garçons.
Mais ce qui est alarmant est que l'obésité et l'asthme constituent tous les deux des préoccupations légitimes en santé publique, puisque leurs prévalences ont beaucoup augmenté dans les pays riches et ceux en voie de développement, durant les 20 dernières années. Et bien que l'obésité soit reconnue d'être un facteur de risque pour le diabète de type II et les maladies cardiovasculaires, l'observation épidémiologique d'une augmentation concomitante des deux conditions d'obésité et d'asthme suggère que ces deux maladies seraient intimement liées, et formeraient ensemble une morbidité supplémentaire qui découle de l'excès du sucre.
L'asthme est aussi une maladie complexe et multifactorielle qui se manifeste par une inflammation chronique des voies aériennes centrales, un remaniement des bronches et des bronchioles, une obstruction réversible du débit d'air et une hypersensibilité des voies respiratoires. Il n'a pas cessé d'augmenter en affectant, sans discrimination, des millions d'hommes, de femmes et d'enfants dans le monde des pays riches et ceux en voie de développement. Et bien que les raisons de ces augmentations mondiales de l'asthme ne soient pas bien comprises, il semblerait que c'est le résultat d'une interaction complexe de facteurs génétiques, environnementaux et socio-économiques. À ceux-ci s'ajoute l'obésité qui est suggérée comme étant un nouveau facteur jouant un grand rôle dans l'induction, l'exacerbation ou la persistance de l'asthme.
Enfin de compte, ni le tabagisme actif sous ses différentes formes d'inhalation ou d'exposition passive, ni l'excès de sucreries ajoutées dans les gâteaux et pâtisseries, et notamment les boissons sucrées gazeuses ou juteuses de fruits, ne sont recommandables pour éviter toutes les morbidités et mortalités énoncées.
Abdellaziz Ben-Jebria
Ancien Chercheur Scientifique à l'INSERM, France
Professeur en Bio-ingénierie, à Penn State University, USA


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