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Ali El Okbi, Résistant sous l'occupation allemande
Publié dans Leaders le 26 - 05 - 2011

Au moment où les médias, le film « Indigènes » et les associations non gouvernementales dénoncent les discriminations subies par les anciens militaires maghrébins et africains de la seconde guerre mondiale, et au moment où les autorités françaises proposent enfin d'aligner leur retraite sur celle des militaires français, soixante ans après la fin des hostilités, j'ai tenu à rappeler l'action de certains civils qui ont risqué leur vie dans l'exercice de leur fonctions en rendant hommage à l'un d'entre eux, le docteur Ali El Okbi, jeune chirurgien tunisien âgé de 24 ans, qui dès 1940, sous l'occupation allemande, a contribué à sauver la vie de nombreux résistants avec courage et abnégation.
Cet épisode de la carrière médicale d'Ali El Okbi, généralement méconnu, est, à mes yeux, révélateur de son engagement.
C'est en 1940 qu'il rejoint en sa qualité d'interne des Hôpitaux l'Hôpital franco musulman de Bobigny (baptisé depuis 1978 Hôpital Avicenne). Inauguré le 22 mars 1935, en hommage aux victimes maghrébines de la guerre 1914-1918, l'hôpital était réservé aux seuls maghrébins de la région parisienne qui n'avaient pas le droit de se faire soigner ailleurs. Il était interdit aux populations locales.
Dès lors, dès le début de l'occupation allemande, le docteur Ali El Okbi et le docteur Ahmed Somia pneumologue, avec la participation d'André Meunier, interne en chirurgie, d'Alice Rollen, la pharmacienne, d'Abdelhafid Haffa le concierge et de Georgette son épouse, organisent l'accueil de résistants malades à l'hôpital pour leur assurer les soins nécessaires. Cette activité clandestine de soins s'est rapidement accompagnée d'une activité de protection.
Ainsi de nombreux résistants, des soldats alliés, des évadés, des juifs et des réfractaires au service du travail obligatoire (STO), décrété en 1943 par Vichy, menaçant des milliers de Français de partir en Allemagne, ont trouvé refuge et protection à l'hôpital Bobigny et échappé à la milice de Vichy et à la police secrète d'Etat allemande la Gestapo grâce à l'action responsable et courageuse de ces médecins réunis en un groupe la « Résistance hospitalière », bientôt intégré à la « Résistance de Bobigny et des communes voisines ». Ces médecins de Bobigny ont mis également leurs compétences médicales au service de la population locale durement touchée par les privations de l'Occupation et ont ainsi permis l'ouverture de l'hôpital à tous sans distinction d'origine ou de religion. Effectivement, à partir de 1945, Bobigny n'est plus réservé aux seuls musulmans et les Nord-Africains sont désormais libres de choisir leur hôpital.
Assistant des Hôpitaux de Paris en 1943, puis chef de service adjoint dans le département de chirurgie générale en 1944 et chef du service d'urgence en 1949 le docteur El Okbi poursuivra ses activités militantes en devenant membre du réseau de résistance Etienne et les élargira en faveur des partis nationalistes maghrébins. Ainsi à l'annonce de l'indépendance de la Tunisie, en 1956, il quittera aussitôt Bobigny et rejoindra Tunis pour y édifier 'une chirurgie moderne. Aventure renouvelée et pour les mêmes raisons, six ans plus tard, il abandonnera son service hospitalier et sa clinique à Sousse pour rejoindre Alger et retrouver Sidi Okba à Biskra, la terre de ses ancêtres où il sera inhumé après son décès le 29 mai 1984. Ses prises de positions en faveur du retour de Magadascar de Mohamed V qu'il avait connu auprès de Kaddour Ben Ghabrit à la mosquée de Paris lui ont valu la reconnaissance du monarque et les marques d'intérêt du monde politique et médical marocain.
Au lendemain de la libération de Paris, en 1945, en reconnaissance de sa qualité de Résistant et de son assistance aux soldats alliés, Si Ali reçoit deux attestations décernées l'une par le général Dwight Eisenhower, commandant en chef des forces alliées en Europe, l'autre par son adjoint le britannique Arthur William Tedder.
Attestations exceptionnelles que je viens de découvrir mais dont il ne m'avait jamais fait mention malgré tant d'années d'une proximité tant professionnelle qu'amicale, signe de sa réserve et de sa modestie ; il m'avait laissé seulement entrevoir des activités de résistant, ce n'est que très récemment que j'ai pu découvrir son passé exemplaire de militant.
Je me dois d'ajouter que pour les mêmes raisons, la médaille de chevalier de la Légion d'Honneur lui est attribuée par le général de Gaulle, neuf ans plus tard, le 27 août 1954.
Comment expliquer ce militantisme de résistant chez ce jeune tunisien âgé de vingt quatre ans ?
Son séjour parisien de 1934 à 1940 pour y poursuivre ses études médicales, à l'époque où les notions de liberté, d'égalité et de fraternité avaient tout leur sens, n'a pas manqué de l'influencer et de le conduire à lutter contre toutes formes de discrimination.
Ses origines familiales, notamment, fournissent un début de réponse. En effet son grand-père, Mohamed Esseghir Ouled Sidi Okba, le fondateur de la famille Okbi à Kairouan était un personnage hors pair. Lieutenant de l'Emir Abdelkader pour la région de Biskra, il y était apprécié pour sa droiture, sa gestion humaine et administrative des affaires publiques et ses bonnes relations avec les frontaliers tunisiens.
En 1844, il inflige aux troupes coloniales une cuisante défaite au nord de Biskra, mais en 1847, devant l'avancée des troupes coloniales françaises, il met met le feu à la garnison militaire de Biskra, kidnappe la cantinière , Marie qui finira ses jours avec lui à Kairouan et aussitôt il quitte Biskra et se réfugie en Tunisie. Il y est accueilli à bras ouverts par le souverain M'hmed Bey, qui lui offre une grande demeure à Kairouan et un domaine agricole dans ses environs.
Fait extraordinaire, le Gouverneur général d'Algérie reconnaît en cet adversaire d'hier un homme de parole et un excellent administrateur. Dans une lettre d'Aman qu'il lui adresse, le 29 octobre 1855, par l'intermédiaire de Léon Roche, Consul général de France à Tunis, il réclame son retour à Biskra.
« Il y demeurera, écrit-il, entouré du respect qui lui est dû et conservera sa position élevée, son rang, ses faveurs, ses honneurs, sa gloire et la vénération dont il est l'objet.
Il ira, ainsi que les gens de sa suite et ses amis, partout où bon lui semblera, car il est certain qu'il n'accomplira que des actions louables et inspirées par la droiture de son caractère ».
Ainsi Ali El Okbi s'est montré un digne héritier de son grand-père par son militantisme de résistant et par son combat contre toutes les formes de discrimination religieuses, identitaires ou autres.
On peut s'étonner, que cet engagement dans la résistance n'ait jamais été évoqué par un certain nombre de professionnels des mémorisations sélectives. Tout comme cela a été le cas de l'omission » du rôle d'ailleurs de nombreux tunisiens et en particulier celui de Moncef Bey, souverain de la Tunisie, qui se sont opposés à l'application des lois iniques de Vichy à l'encontre des juifs tunisiens pendant l'occupation de la Tunisie par les forces allemandes.
Aujourd'hui, au moment où le problème de la nationalité occupe indument le devant de la scène politique française et promet aux français d'origine maghrébine et africaine une citoyenneté menacée, nous disons halte à ceux qui veulent détruire les valeurs qui ont fait la France : liberté, égalité et fraternité.


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