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Hana Soltani
Publié dans Leaders le 18 - 07 - 2011

Micro au poing et question percutante fusante, Hana Soltani aura été incontestablement la journaliste radiophonique par excellence lors du déclenchement de la révolution largement plébiscitée sur Mosaïque FM. De manifestation en meeting, de conférence de presse aux hautes instances, elle est au coeur de l'actualité, souvent en direct. Sa force n'est pas seulement de chasser l'information, traquer le scoop, mais surtout d'être au bon moment, au bon endroit et de poser la bonne question, sans oublier de rapporter silences, hésitations et murmures. Papesse du journal parlé de Mosaïque FM, elle ne renonce guère à aller au charbon, sur le terrain, chaque jour, sans relâche. Pourtant, rien ne la destinait à cette brillante carrière journalistique, n'était-ce son orientation d'office à l'IPSI et toute une série d'heureux hasards. Parcours.

«Jamais l'histoire de ma vie ne s'est accélérée comme durant la semaine du 10 janvier 2011. Je sentais monter les choses sans comprendre comment cela allait se terminer et surtout quand jeudi 13 janvier, j'étais à la Chambre des députés. L'ambiance, bien lourde, s'assombrissait davantage par les discours du gouvernement et les atermoiements des députés, quand éclata la vraie mascarade de Sakher El Materi, je l'ai aperçu: look d'un businessman «H'lal» et vorace doublé d'un politicien qui se veut rusé. De son banc, il se lança dans une diatribe contre l'oppression des médias, dénonçant le pouvoir en place, cherchant à aller dans le sens du mécontentement général et à se défausser sur le système. Pour faire pieux, il avait émaillé son discours de citations, mais personne n'est dupe. Tout près de moi, la blogueuse Emna Ben Jemaa et d'autres confrères confirmaient cette grande hypocrisie.
Nous finissons par l'interviewer mais rapidement, l'un de ses super-communicants vient nous rattraper, demandant à écouter l'enregistrement, avant que je ne le soumette à la rédaction. Evidemment, j'ai refusé, bravant son insistance et ses menaces à peine déguisées.
Toujours le jeudi 13, mais le soir, après le discours de Ben Ali à la télé, je suis descendue, malgré le couvre-feu, à l'avenue Habib Bourguiba, klaxons et vivats de longue vie à Ben Ali, à ne rien comprendre. C'était un grand dilemme pour moi : que rapporter à mes auditeurs ? Où était la vérité ?
Prenant mon courage à deux mains, je tends le micro aux jeunes rencontrés dans la rue. Ma direction m'y a encouragée, la crédibilité de notre radio étant en jeu, surtout avec la présence de la presse internationale. Et ce fut une longue avancée sur la voie de l'affranchissement. Les langues commençaient à se délier et Mosaïque FM à les relayer.
Tout au long de la nuit de jeudi à vendredi 14, je n'ai cessé de penser à ce qui va se passer. Je craignais que la grève générale annoncée pour le vendredi se transforme en bain de sang, un pressentiment fort en moi, de vivre des moments historiques.
Vendredi 14, j'étais affectée à l'avenue Bourguiba pour couvrir les manifestations. Devant le ministère de l'Intérieur, la foule grossit. J'étais tiraillée entre deux sentiments : celui de citoyenne, partageant avec mes compatriotes la peur devant cet édifice aux sinistres méfaits, et celui de journaliste, devant braver ma peur, avancer, pour témoigner et transmettre. Je voyais venir des artistes (Mohamed Ali Nehdi, Hatem Karoui, etc.), des militants (Bochra Ben Haj Hmida, Chokri Belaid, etc.) et plein de jeunes.
Feu vert de la direction obtenu, je me suis employée avec mon confrère photo-vidéo Chokri Laajimi à tout transmettre tant pour la radio que pour le site on live.
C'était très dur pour moi de balancer en direct tout ce qui se scandait : des slogans défiant Ben Ali, encore agrippé au pouvoir, les fameux «Dégage !» «Game is over !» et des slogans anti-Trabelsia. J'essayais d'être juste, d'éviter les invectives, mais de relayer cette forte indignation qui montait des tripes. C'était hallucinant, invraisemblable, très courageux de la part d'une foule aux mains nues. Ce qui m'a bouleversée, c'était de voir certains manifestants s'en prendre avec violence à des journalistes, sans discernement. A leurs yeux, tous les médias étaient coupables, tous les journalistes vassalisés. Nous étions pour eux incapables de porter leur voix, de relayer leurs frustrations ou donner écho à leur lutte, à leur misère.
Une femme s'est alors approchée de moi pour me crier en plein visage avec une rare hargne : «Toi la journaliste, que sais-tu de la misère ? Qu'as-tu enduré ? Que sais-tu des vêtements déchirés, des jours sans le sou, des nuits durant le ventre creux ? »
Sa voix inquisitrice était, malgré sa force, débordée par les hurlements qui fusaient de partout. J'en étais tellement ébranlée, tellement indignée par ce faux procès personnel qu'elle me faisait que j'ai enlevé mon casque-audio pour lui hurler en retour: «La fille qui est devant toi a eu aussi sa dose, elle aussi, de grande misère. Je suis orpheline de père, un modeste ouvrier municipal contraint de devenir marchand au souk, j'ai connu la misère autant que toi, sinon plus. Alors cessez vos attaques !». C'est alors que j'ai vu son visage se décrisper et son froncement de sourcils se relâcher. Tout cela n'a fait que me galvaniser pour plonger encore plus au milieu de la foule.
J'ai couru dans tous les sens, avec d'autres confrères avant de me résigner, lorsque les charges redoublèrent, à filer rapidement, protégeant jalousement la vidéo, pour la rapporter à Mosaïque.
Cette grande journée historique, aboutissement de toutes les luttes, n'était en fait que le début d'une nouvelle vocation pour moi. Libérée, affranchie, je me suis sentie investie d'une nouvelle mission citoyenne : ne pas trahir la révolution, mériter chaque jour, encore plus, le respect de mes auditeurs.
Euphoriquement, certes, mais responsable ! Me délectant de cet air de liberté, je n'en sentais pas moins le poids de la responsabilité. Partie de cette rampe de lancement, je me suis rendue dès le dimanche 16 au Palais du gouvernement à la Kasbah, puis partout, au palais présidentiel à Carthage, aux Chambres des députés et des conseillers au Bardo, dans les conférences de presse, aux sièges des partis et organisations…
Evidemment, j'étais de tous les moments forts comme des longues attentes, parfois bredouilles. Deux événements m'ont particulièrement impressionnée.
Ce dimanche 30 janvier 2011, lorsque j'ai pu recueillir au milieu d'une immense foule, dans un état second, massée à l'aéroport de Tunis-Carthage, la première déclaration de Rached Ghannouchi, de retour de plus de 20 ans d'exil.
J'ai failli me prendre au jeu des incantations et chants comme ceux dédiés à l'accueil du «Prophète» mais je me suis rapidement reprise.
Le second, ce fut le dimanche 6 mars 2011. J'étais au Palais de Carthage pour couvrir la conférence de presse de M. Mohamed Ghannouchi annonçant sa démission. Personne alors ne connaissait son successeur.
A la fin de la conférence de presse, tous les confrères étaient partis et je suis restée seule à attendre le chauffeur qui devait me ramener à la radio. C'est alors que j'ai vu arriver M. Béji Caïd Essebsi, venu rencontrer le président Foued Mebazaâ. Il n'en fallait pas plus pour m'édifier. Immédiatement, j'ai pris l'antenne pour l'annoncer en grande exclusivité sur Mosaïque FM.
Bio Express
Issue d'une famille modeste, orpheline à 5 ans, Hana Soltani est diplômée de l'IPSI (2003). Elle a fait ses débuts journalistiques en tant que pigiste au quotidien Al Sabah avant de rejoindre la toute première équipe sélectionnée par Noureddine Boutar pour lancer Radio Mosaïque FM.


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