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«La censure épargne les corbeaux et s'acharne sur les colombes »
Répression: Nessma, Attounsia… et demain, à qui le tour…
Publié dans Le Temps le 21 - 02 - 2012

Effectivement, Juvénal dit : «La censure épargne les corbeaux et s'acharne sur les colombes. »
Aujourd'hui, la justice annoncera aux avocats de la défense, la date du procès qui devra avoir lieu demain ou après-demain.
Un procès jugé scandaleux et injustifié par la vingtaine d'avocats de notre confrère Nasreddine Ben Saïda, de Reporters sans frontières et des journalistes présents à la conférence de presse tenue, hier, au siège du SNJT (le Syndicat national des journalistes tunisiens).
Un scandale judiciaire contre la liberté de l'expression
L'incarcération du directeur du quotidien arabophone Attounsia, depuis une semaine, fait l'objet d'une vague de protestation annoncée dans la presse tunisienne et les associations, dans la mesure où le code de la presse, qui vient d'entrer en vigueur a été tout bonnement supplanté par l'article 121 du code pénal.
Présent à la conférence de presse, maître Khaled Krichi, avocat de la défense se confie à nous : «Aujourd'hui nous sommes, non pas face à un simple procès, mais à un scandale judiciaire. Le texte de loi appliqué n'est pas lieu d'être. Arrêter un journaliste pour la publication d'une photo dans son journal est une faute professionnelle qui devrait être non pas pénalisée par une arrestation mais tout simplement réprimandée par le code de la presse. C'est la cuisine interne du SNJT. Le code de la presse existe tout de même ! La justice ne devrait pas s'en mêler. Le recours au code pénal plutôt qu'au décret 115 relatif à la liberté de la Presse, d'impression et de publication et l'irrespect du principe de la priorité au droit spécifique sur le droit général, révèlent une main mise sur les médias. Sincèrement, je trouve que l'incarcération de mon client est un scandale qui ternit l'image des médias tunisiens à l'échelle internationale ! On compte beaucoup sur l'équité de la magistrature quant au respect du code de la presse et de l'application de la loi.»
Dérives et complot politico-juridique
Notre confrère Nassereddine Ben Saïda, qui a entamé une grève de la faim depuis trois jours, est dans un état de santé assez critique, annoncent ses avocats. Ces derniers rappellent, par la même occasion, que l'arrestation de leur client, constitue une transgression du code de la presse et du principe de l'indépendance des médias ; chose qui rappelle les pratiques d'antan.
Etant le seul garant de la sauvegarde du pluralisme et de l'instauration de la démocratie, la presse tunisienne, est, aujourd'hui, menacée par un complot politique qui entrave le processus démocratique. D'autant plus que l'incarcération du directeur du quotidien Attounsia a coïncidé avec la conférence de presse de l'INRIC (l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication) durant laquelle elle préconisait le respect et l'application des nouveaux décrets de lois relatifs au code de la presse. Par ailleurs, durant cette conférence les intervenants étaient craintifs face à la virulence des propos gouvernementaux quant à la liberté des médias. L'Histoire leur donne raison. Hier, Nessma, Mosaïque Fm, les nominations à la chaîne nationale et à la radio Zitouna Fm, aujourd'hui, le journal Attounsia, si l'on rajoute à cette liste, le discours du ministre des Droits de l'Homme, lors du meeting de son parti à Bizerte… Demain, à qui le tour ?
Ce gouvernement qui se mêle les pinceaux et qui se déjoue des lois mis en vigueur, qui traite les infractions de presse comme des infractions de droit commun est répressif dans la mesure où cela ne rappelle que trop les complots politico-juridiques tant endurés par les médias du temps du régime défunt, pour les intimer au silence.
Avocats et journalistes indignés
Les avocats de la défense, une vingtaine, insistent fermement sur la lutte contre la transgression du code de la presse et incitent les journalistes à être solidaires car le combat de la liberté de l'expression n'est qu'à son début.
Ils exhortent aussi à la dénonciation de l'arrestation de notre confrère Nasseredine Ben Saïda, une arrestation qu'ils qualifient de mascarade et de faux procès. Ils rajoutent que c'est un prétexte avancé par le gouvernement pour limoger de nouveaux les médias. Maître Hatem Zguira, emporté déclare que : «Nassereddine est le premier prisonnier d'opinion dans la Tunisie postrévolutionnaire ! L'application du code pénal est une honte ! Il n'a pas commis de crime pour être encellulé ! Le seul fait de le garder en prison depuis une semaine pour une faute professionnelle, est révélateur quant à l'intention d'intimider la presse aujourd'hui ! Il s'agit d'une double violation : celle de l'application de la loi, recourir au code pénal au lieu du code de la presse et limoger la liberté de l'expression. Il est urgent que journalistes et avocats soient soudés pour lutter ensemble contre toute violation de la loi pour l'autonomie de la presse.»
L'ensemble des avocats rajoutent qu'il y a une campagne latente qui monte en crescendo contre les médias tunisiens pour les réduire au silence. Ils invitent tous les journalistes à se serrer les coudes pour briser les chaînes de l'oppression et faire face à ce fléau qui tend à semer la peur et la zizanie dans le milieu journalistique.

Olivia Gré, RSF (Reporters Sans Frontières)
Le Temps : En tant que défenseurs de la liberté d'expression et de l'autonomie de la presse, que pense RSF Tunisie quant à l'incarcération du journaliste Nassereddine Ben Saida?
Olivia Gré : Comme l'a dénoncé Reporters sans frontières dans son dernier communiqué de presse, il est scandaleux que le directeur du quotidien arabophone Attounissia, Nasreddine Ben Saïda, soit toujours incarcéré depuis son arrestation le 15 février dernier. L'organisation demande sa libération immédiate.
Comment voyez-vous la situation actuelle des médias en Tunisie? Est-elle en train de réussir le cap de démocratisation des institutions de la presse?
Si la liberté de la presse est aujourd'hui une réalité, on ne peut nier qu'elle est aujourd'hui en danger. Les menaces qui planent sur la liberté d'information n'ont cessé d'évoluer depuis la chute de Zine el-Abidine Ben Ali. Si les “lignes rouges” ne sont pas identiques à celles qui existaient avant le 14 janvier 2011, elles prennent des formes multiples, plus difficilement identifiables.
L'indépendance des médias ne pourra être garantie que par la mise en place d'un cadre juridique solide. Même si certaines améliorations pourraient encore être apportées au texte, l'adoption du code de la presse permettrait d'éviter le vide juridique ou l'application de lois en vigueur à l'époque de Zine el Abidine Ben Ali.
Quel est l'enjeu aujourd'hui pour la sacralisation du code de la presse qui se trouve supplanté par le code pénal?
L'organisation rappelle la nécessité de consacrer le caractère exclusif du code de la presse. Comme le précise la loi tunisienne, les dispositions particulières doivent l'emporter sur les dispositions générales. L'utilisation du code pénal réduit aujourd'hui à néant le code de la presse alors que celui-ci dispose dans son article 2 que sont abolies « tous les textes précédents en contradiction avec le présent code, à compter de la date d'entrée en vigueur du code de la presse ».


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