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Nouvelle livraison de « Manière de voir »: Quand le peuple prend l'avantage
Publié dans Leaders le 03 - 08 - 2011

L'éviction, en moins de quatre semaines, de deux dictateurs — tunisien et égyptien — a fait voler en éclats le mythe selon lequel les Arabes seraient incapables de briser les chaînes de l'oppression et de vivre en démocratie. Intitulée « Les révolutions dans l'histoire », la nouvelle livraison de Manière de voir (1) rappelle, en ouverture, la futilité de cette fable de l'« exception arabe », entretenue par les partisans de la colonisation, par les inconditionnels du « monde libre » et du « choc des civilisations ». Aucune force au monde ne peut empêcher l'homme ou la femme de se dresser pour « dissiper les ténèbres », comme l'écrivit, il y a plus de quatre-vingts ans, le poète le plus populaire dans le monde arabe, Aboulkacem Chebbi.
«Comment, depuis des millénaires, l'humanité a-t-elle progressé, sinon de révolution en révolution ? » Elliott J. Gorn raconte comment Mary Harris, une « pauvre immigrante irlandaise ayant fui la famine », est devenue « la femme la plus dangereuse d'Amérique » pour avoir « tenu tête à la police » et dénoncé l'exploitation des enfants par des hommes d'affaires sans scrupule.
Le prix du soulèvement contre l'injustice demeure très élevé, que ce soit au début du XXe siècle aux Etats-Unis, aujourd'hui à Damas, Sanaa et Tripoli, ou en 1956 à Budapest. Le peuple hongrois, dont l'insurrection « fissura un édifice totalitaire réputé invulnérable », en sait quelque chose (Thomas Feixa). En 1967, la résistance à l'impérialisme américain coûtera la vie à Ernesto Che Guevara, dont le principal crime était de rêver à « un socialisme plus solidaire et égalitaire » (Michael Löwy).
Refuser l'hégémonie des Etats-Unis en Amérique latine s'avère dangereux. Mais « ni les interventions militaires ni la tutelle économique n'ont suffi : l'Amérique latine résiste », écrit Maurice Lemoine. Le message radiodiffusé de Salvador Allende, avant sa mort en 1973, revêt à présent un aspect prophétique : « Ils ont la force, ils pourront nous soumettre, mais les mouvements sociaux ne se maîtrisent ni par le crime ni par la force. »
L'évolution des mentalités est aussi le résultat de ce combat qu'ont livré les peuples pour triompher du carcan des préjugés empêchant l'émancipation des femmes, des Noirs et des homosexuels, longtemps « emprisonnés dans le jeu de la honte », selon les mots de Guy Hocquenghem.
« Le progrès technique peut aussi bouleverser les modes de vie des populations », et toutes les révolutions ne sont pas armées ou politiques. Elles peuvent être industrielle (XIXe siècle), médicale (XXe siècle) ou numérique (XXIe siècle). L'impact des évolutions scientifiques sur la qualité de la vie est extraordinaire. Mais elles restent malheureusement sans effet sur l'existence des Indiennes qui défendent leur eau au Mexique, l'arme à la main, comme le rapporte Anne Vigna.
« Aucune révolution ne ressemble à une autre », mais elles « présentent toutefois un point commun, sans lequel elles ne porteraient pas le nom de révolution : la prise du pouvoir ». En Egypte, où la révolution des Officiers libres de 1952 avait exhorté les travailleurs à « se rendre maîtres de leur destin » (Anouar Abdel-Malek), et en Tunisie, depuis la chute de MM. Hosni Moubarak et Zine El-Abidine Ben Ali, le pouvoir demeure paradoxalement entre les mains d'hommes politiques et militaires qui n'ont jamais brillé par leur opposition aux despotes déchus.
L'étincelle qui a embrasé l'esprit des Tunisiens a incité subitement tout un peuple à se révolter, sans aucune stratégie mais avec une détermination inébranlable. La contagion dans la région a été rapide. La répression aveugle aussi, en Syrie, à Bahreïn et au Yémen. Mais cette violence ne fait que raffermir la volonté de se débarrasser de dictatures surannées, à un moment de l'histoire des Arabes « où l'idée de fatalité disparaît, où le peuple prend l'avantage » (« Eloge des révolutions », Serge Halimi).
Kamel Labidi.
Article publié dans Le Monde Diplomatique - Août 2011


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