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Le Mariage de la Carpe et du Lapin (*)
Publié dans Leaders le 14 - 11 - 2011

L'Islamisme s'est construit sur les cendres du nationalisme arabe postcolonial. L'Islam interdit de fait le concept de nationalisme, et considère que seule la foi doit unir les hommes et non la race ou la couleur et encore moins des considérations tribales. Mais les raisons qui on poussé à la naissance du nationalisme islamique ne sont pas de l'ordre de la croyance ou de la foi, mais tout simplement du combat politique et du jeu de pouvoir.
Historiquement, au moment de l'indépendance, Bourguiba au pouvoir a cassé la structure sociale existante, et en particulier l'organisation tribale pour entrainer le pays à marche forcée vers une certaine forme de modernité. Ce faisant, il a destitué de son aura, et pire, de son pouvoir, une frange importante de la population, issue des institutions religieuses telles que la Zitouna, qui ont eu le sentiment d'avoir été écarté au profit d'une minorité occidentalisée. Cela a été vécu comme une humiliation, renforcée par le refus d'une forme de francisation et laïcisation, au moins apparente, du pouvoir. Ils se rangeront dès lors dans le camp des conservateurs.
Rached Ghannouchi a exprimé frustration et rancœur en parlant de l'entrée de Bourguiba en Tunisie en Juin 1955 à la tête de « l'armée des vaincus ». Apparence de vainqueur sous une réalité de vaincu à la solde de l'ancien colon, voulait-il dire. Cette détestation de Bourguiba et de son œuvre a été l'un des premiers éléments fondateurs de sa conscience politique.
Si l'Islamisme se nourrit de la pauvreté, de la corruption du pouvoir et des inégalités, il est cependant né du vide culturel et de la confusion identitaire que fait immanquablement naître l'oppression politique. Ce n'est donc pas tant l'occidentalisation du pays, que le train mené par Bourguiba et son despotisme qui a construit Ennahdha et son chef. Il ira dès lors nourrir sa rancœur au Machrek, retrouver une identité perdue, du Caire à Damas, pour mener un combat contre ce qu'il appellera plus tard, « la guerre de Bourguiba contre l'Islam et l'arabité ». C'est là qu'il vécut la montée du courant islamiste qui condamnait l'arabité des pouvoirs en place, considérée comme laïque, occidentaliste, et donc responsable de tous les maux de la société. A partir de là, déçu par le Nassérisme et le Bâath, apparus finalement comme des agents de l'occident, et en conflit avec l'Islam, il se rangera sous la bannière Islamiste seule à détenir, selon lui, les clés pour sauver une arabité indissociable de l'Islam.
Pourtant, l'Islamisme reste une forme de nationalisme, qui en définitive cherche à lutter contre des influences étrangères pour sauvegarder une identité quelle qu'elle soit. Tant en Iran hier, qu'en Tunisie aujourd'hui et bientôt en Egypte, il accèdera au pouvoir selon un schéma proche du National Socialisme Allemand, s'appuyant sur un sentiment d'humiliation, se nourrissant de haine et de violence, sous couvert d'une identité supérieure, qu'elle soit raciale ou religieuse. Je ne crois pas dans l'évolution des peuples lorsqu'ils sont portés par des valeurs négatives, d'autant que ce mouvement voudrait aujourd'hui adopter la même démarche que celle reprochée à Bourguiba jadis, à savoir de vouloir mener le peuple à marche forcée vers un avenir qu'il n'a pas choisi, ou tout au moins, pas encore.
Dans cette lutte contre l'action moderniste initiée par Bourguiba, le risque est de voir le pays évoluer vers une pseudo-synthèse Islamo-capitaliste, qui cumulera les défauts d'un système politique et économique libéral qui a montré ses limites, avec le rejet des idéaux universalistes de démocratie, de liberté et d'égalité dans une société de droit divin.
Aujourd'hui Ennahdha minoritaire dans la société, est portée au pouvoir et s'associe à Moncef Marzouki sur fond d'anti-Bourguibisme, il n'en reste pas moins que peu de choses les unissent. S'ils partagent les fondements arabo-islamiques de nos origines, ce terme ne recouvre pas les mêmes concepts, quand l'un prône un nationalisme tunisien panarabe, l'autre se fond dans le concept d'une Oumma aux limites extensibles. S'ils visent tous les deux la reconstitution de l'âme du pays, c'est sans accord sur les moyens, l'Islam pour les uns, le peuple et les institutions pour les autres.
Quand le CPR prône la rupture totale avec l'ancien régime, ses pratiques et ses caciques, Ennahdha milite en faveur de la réconciliation. Quand le CPR voudrait être fidèle aux idéaux de la révolution, Ennahdha se contenterait bien d'un petit toilettage qui permettrait aux anciens encartés du RCD de se trouver un petit coin de mosquée pour s'agenouiller, montrer patte blanche et barbe fournie, pour continuer leurs petits trafics en tous genres. Vous savez bien, ces deux millions d'opportunistes d'avant le 14 Janvier et d'après. Ceux-là mêmes qui sauront très vite remplacer la médaille du RCD au revers du veston par un « tabâa » ostentatoire au front.
Moncef Marzouki est profondément attaché à la liberté au sens large, telle qu'énoncée dans la déclaration universelle des droits de l'homme, tout en militant pour une nation arabe unie. Panarabisme et Panislamisme, une alliance de circonstance entre des ennemis historiques, unis aujourd'hui par la lutte contre le sionisme et une certaine idée de la suprématie arabe dans le monde musulman. Pourtant, les arabes ne représentent que 20% du monde musulman et leurs poids politique et économique ne feront que baisser au cours des années à venir. C'est là une limite géographique et ethnique à l'hégémonie de l'Islam arabe que le CPR ne peut pas ignorer.
Quand le CPR se prétend humaniste, il intègre des valeurs universelles, celles de la morale et de la justice, sans ressentir le besoin de les relier à la foi. Alors Moncef Marzouki l'a bien dit « le CPR ne pactise pas avec le diable, car il n'y a ni pacte ni diable ». Mais au moins s'agit-il du mariage de la carpe et du lapin.
Il ne reste plus qu'à attendre pour savoir qui de la carpe ou du lapin …
« Le nationalisme c'est la haine des autres, le patriotisme c'est l'amour des siens » Romain Gary.
Walid BEL HADJ AMOR
(*) Mythe de cupidon sur une union rendue impossible.


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