Gueule de bois mondiale hier après l'élection de Donal Trump ; tous les médias internationaux ont en effet organisé des plateaux spéciaux afin de suivre et d'analyser, au détail près, les élections et les motivations des électeurs. Ne faisant pas exception, les médias tunisiens, avec leurs différents organes, ont, à leur tour, essayé d'être à la page. Si quelques invités ont présenté des analyses sobres et lucides, d'autres ont préféré se lancer dans des trips assez surprenants. Si on devait établir un classement, l'analyse du dirigeant du mouvement de Nidaa Tounes, Lazhar Akermi, emporterait, haut à la main, le concours. Invité à la radio Shems FM, Lazhar Akermi a en effet tenu des propos assez frappants en accusant la nouvelle première dame américaine, Melania Trump, d'être une espionne embrigadée appartenant à l'ex URSS. Selon lui, la femme du président des Etats-Unis d'Amérique, était abonnée à une plateforme de rencontres destinée aux grands hommes d'affaires ; c'est comme cela qu'ils se seraient connus. Pour Lazhar Akermi, Donald Trump est la version américaine de Wejdi Ghounim (le prédicateur égyptien qui avait appelé, lors de sa venue en Tunisie, à voiler les petites filles de six ans) et un mélange de Donald Reagan, Arnold Schwarzenegger et George W. Bush. Des propos pour le moins irresponsables provenant de la part d'un ancien ministre et du représentant de l'un des plus grands partis politiques du pays. En présentant des ‘informations' pareilles, Lazhar Akermi ne met pas seulement sa propre crédibilité en jeu ; il nous amène à remettre en question le background de toute une classe politique qui, jusque-là, ne nous a démontré que les limites de ses raisonnements et de ses analyses. Présent sur un autre plateau télé, l'ancien directeur de l'Institut tunisien des études stratégiques et actuel dirigeant d'Al Hirak (de Moncef Marzouki), Tarak Kahlaoui, a indiqué, avec beaucoup d'assurance, que le parti Démocrate est, en fait, la Gauche américaine... Malheureusement, les analyses ‘pertinentes' ne se sont pas arrêtées au niveau des politiciens : sur un autre plateau télévisé, un groupe de journalistes a été questionné sur le même sujet. Invitée à donner une dernière déclaration pour clôturer le débat, l'une des journalistes s'est permise une tirade, adressée au peuple américain, où elle a dit, clairement et en utilisant des termes assez agressifs, que l'élection de Trump lui procurait une sorte de satisfaction puisque les américains sont désormais touchés par les mêmes maux qui ont frappé, par leur faute, les autres peuples (irakien, syrien, libyen, tunisien et autre). Après avoir ‘présenté ses plus sincères condoléances aux orphelins d'Hillary Clinton', l'intéressée a fini par dire que Donald Trump était une vraie catastrophe pour la Maison blanche. Il est vrai que, lors de sa campagne électorale, Trump avait tenu des discours assez distinctifs balayant, ainsi, tous les prototypes politiques que l'on connait. Toutefois, et suite à son élection, le nouveau président commence, d'ores et déjà, à réviser ses positions : le lendemain de sa victoire, Donald Trump a retiré toutes les vidéos où il avait évoqué l'expulsion de tous les musulmans des USA. D'ailleurs, une grande majorité des analystes géopoliticiens ont affirmé qu'il faudrait attendre un peu avant de comprendre la réelle politique étrangère que suivra Trump tout en rappelant que cette même politique garde, toujours, des lignes permanentes qui ne varient pas selon les changements politiques et partisans. Et puis généralement ce qu'on dit lors d'une campagne électorale est une chose et ce que l'on fait après en est une autre...