Les producteurs d'agrumes et d'oranges se sont plaints des nombreux problèmes qu'ils rencontrent pour la commercialisation de la production à cause du grand excédent enregistré cette saison , et ce lors d'une réunion tenue, hier, au siège de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche ( UTAP), après des actions de protestation organisées dans la région de Nabeul, principal centre de production des agrumes, et au cours desquelles ils avaient procédé à la destruction de quantités de fruits devenues impropres à la consommation, en raison des difficultés de commercialisation. Le président de l'UTAP, Abdelmajid Zar, a averti que la situation est très préoccupante et commande une intervention sérieuse de la part des autorités, compte tenu du caractère stratégique du secteur des agrumes, à l'instar de l'huile d'olive, des dattes et des céréales. Il a indiqué que la production d'agrumes de toutes les variétés atteint, cette année, d'après les estimations, 750 000 t dont 560 000 t dans la région de Nabeul, soit, en tout, le double de la demande, car la consommation du marché intérieur s'élève à 360 000 t, tandis que les exportations ne couvrent que 3%. Elles sont constituées principalement des oranges maltaises avec 90% à destination du marché français, alors que la production des autres variétés a évolué sur le plan quantitatif et qualitatif comme les oranges de la variété Thomson, ou encore la clémentine et la mandarine. Il a critiqué l'absence quasi-totale des activités d'industrialisation et de transformation des agrumes et des oranges, en particulier, sous forme de jus, de confitures, et d'autres produits utilisés en cosmétiques, dénonçant le recours aux concentrés et poudres importés de l'étranger pour fabriquer les jus conditionnés vendus dans les marchés, au lieu de tirer profit des agrumes naturelles produites. Le président de l'UTAP a prévu que le tiers de la production va être détruit et perdu inutilement à cause de tous ces problèmes de commercialisation. D'autant, a-t-il noté, que 80% de la production sont écoulés dans les circuits parallèles non organisés contre 20% via les circuits organisés réparties entre 10% dans le marché du gros de Bir El Kassâa et 10% dans les autres marchés de gros, ce qui a entrainé un effondrement des prix à la production, c'est-à-dire les prix de vente appliqués par les producteurs, par rapport aux prix à la consommation. Dans ce même contexte, Imed Bey, président de l'Union régionale des agriculteurs de Nabeul, a indiqué que ce qui augmente l'inquiétude des producteurs est que le volume de la production des agrumes atteindra un million de tonnes après cinq ans, appelant l'Etat à agir et à réfléchir aux voies et moyens permettant de résorber au mieux toute cette production, à travers le développement des activités d'industrialisation et de transformation. L'accent a été mis sur la nécessité de promouvoir les exportations et de rechercher de nouveaux marchés en Afrique, Russie, outre les pays arabes et européens.