Amin Chaouali expose ses travaux les plus récents à la Galerie Saladin (Sidi Bou Saïd), du 21 janvier au 5 février 2017. Ces travaux sont d'inspiration et genres divers et assez éclectiques ne refusant aucun apport stylistique surtout lorsqu'il s'agit de représenter le corps féminin dans ses différentes postures. Les inspirations d'Amin Chaouali, cet artiste qui ne cache pas son origine autodidacte, ne néglige aucun recours surtout pas ceux qui lui permettent de découvrir la plasticité de la figure et du corps féminin et ceci à travers les styles et les tendances appartenant à l'Histoire de l'Art et plus particulièrement, à travers l'orientalisme, l'impressionnisme et le modernisme pour, cependant, sombrer dans le contemporanisme effréné. Chaouali, tout en adoptant certaines installations ne verse jamais dans l'art éphémère, préfère rester à sa lisière sans s'y installer. En adoptant la céramique artistique, Chaouali a choisi de se maintenir dans la matérialité de l'art et des choses de la vie et dans l'actualité effective et moderniste, tout en restant très proche des « chagrins d'amour et des jalousies) à la réflexion, en somme, son art est resté très proche de toutes choses humaines.... Simplement humaines. Amin Chaouali nous suggère dans son exposition un cheminement qui va de la peinture, sorte de prémisse immatérielle épousant des styles et des démarches artistiques à d'autres plus avancées et qui se sont concrétisées dans la céramique très matérielle et charnelle. La thématique sous-jacente suggère un glissement de l'orientalisme aux confins de l'Art contemporain en passant par une expression moderniste très critique. Le corps représenté et la figure obtenue passent alors d'un orientalisme à expression érotique d'un corps ondulant chargé de symbolisme à la représentation presque abstraite des dessins à la Matisse. D'autres représentations se référant directement à l'impressionnisme mais avec des couleurs plus violentes des « tournesols » ou assez vaporeuses des poissons rouges, marquent la préoccupation de l'artiste pour nous signifier que l'histoire de l'art n'a pas de secret pour lui. Cela devient évident quand son impression débouche sur les pratiques pointillistes ou même divisionnistes aux touches segmentasses cachant toutes les transparences possibles de figures féminines selon une dichotomie de la représentation. L'espace est dédoublé, la représentation l'est ainsi. Le mystère s'installe, la surface picturale est obstruée... La lumière impressionniste est délaissée... Original que tout cela ! Chaouali ne se contente pas d'imiter « la métamorphose » de l'orientalisme à un post impressionnisme. Le peintre semble vouloir nous dire qu'il n'est plus si autodidacte que nous le croyons, mais, qu'il est devenu également critique, sélectif dans sa vision du monde et qu'il arrive à dominer ses représentations et qu'il concède à des techniques conscientes de leurs moyens et de leurs objectifs esthétiques surtout qu'il montrait tout au long de son exposition, la mise en épreuve de la représentation du corps. Les différents glissements opérés aboutissent à la production céramique. La céramique La production céramique semble être dans l'exposition comme devant jouer un rôle de résultante de ce qui a été jusque-là conçu et réalisé artistiquement, une sorte de conclusion d'un mouvement qui a croisé sur son chemin l'orientalisme, l'impressionnisme mais aussi des mouvements modernistes sans oublier les installations plastiques, métalliques ou même céramiques très réussies. L'art proposé reste au niveau d'un art actuel, contemporain sans passer le rubican du contemporanisme. La céramique semble occuper une place centrale dans l'exposition d'Amin Chaouali puisqu'elle est une sorte de récapitulation de tout ce qui a été projeté auparavant dans la peinture de Chaouali. La céramique, telle qu'elle est exposée se réfère beaucoup plus à la céramique plate qu'à celle creuse. Le référentiel technique est certainement le carreau de céramique très connu en Tunisie et constitué et confectionné d'argile égalisée et plate courte, réduite et recouverte d'émaux de couleurs. La surface de ces éléments de dimensions différentes est recouverte d'émaux sensés décorés avec des couleurs ou simplement transparents. Des graphismes et des dessins accompagnent, en général, ce travail d'émaillage et peuvent représenter des figures. Le travail d'émaillage de Amin Chaouali est finement réalisé grâce à un graphisme et une ligne séparant les surfaces et impliquant la création de formes figuratives très suggestives sur presque quarante œuvres en céramique. Les rapports entre les dessins, les compositions et les formes dessinées sur les toiles et les dessins, les formes réalisées sur les formes en céramique sont nets et évidents au niveau icographique. Il reste que ceux appartenant à la céramique sont très originaux, parce que moins chargés que dans les tableaux de peinture et semblent se suffire de ces raccourcis qui font l'essentiel des dessins beaux et expressifs obtenus d'un seul trait... d'émail. Ces dessins-raccourcis sont joyeux, vifs, sont continus, quelquefois pleins et quelquefois à peine tracés et nous rappellent les dessins de H. Matisse ou quelquefois ceux de Picasso. Les thèmes reprennent la problématique du corps ou ceux de la figure féminine à travers des portraits et des figures égayés par des « moues » rendues au rouge vif très expressifs. Le céramique d'Amin Chaouali octroie à toute l'exposition de l'artiste une envergure peu commune et renforce la matérialité de la démarche et surtout son homogénéité. Chaouali prouve que l'autodidacte qu'il est peut atteindre l'expertise sans grande difficulté.