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Chronique des arts: Hassan Soufy expose à la galerie Saladin.. L'enfant terrible du « groupe de l'Ecole de Tunis » déploie toutes les singularités de sa démarche !
Publié dans Le Temps le 02 - 04 - 2017

Hassan Soufy est un peintre discret. Il n'aime pas trop communiquer ou être l'objet d'une agitation communicative de complaisance. Il est connu pour être bon vivant et plein d'humour. Il est heureux et souhaite faire partager sa bonne humeur aux autres à travers un art serein et plaisant.
Il a choisi à quatre vingt ans de réapparaître artistiquement en exposant à la galerie Saladin pour exprimer sa joie d'être à travers trente cinq œuvres vouées à la représentation de belles créatures élégantes et fines, de paysages féeriques et de vivantes natures mortes.
Hassan Soufy ne s'est pas manifesté artistiquement depuis quelque quatre ans. Il reprend, aujourd'hui, son travail relançant ainsi une activité autrefois intense et dynamique entre un travail pictural classique et une grande activité de décoration filmique de grands films maghrébins comme celui de Lakhdar Hamina « Chronique des années de braise » ou ceux de Starway de Spielberg ou de Rosselini « Le Christ »... Evidemment, son travail artistique abstrait n'a pas été toujours bien accueilli par la critique mais il n'en a pas moins mérité que le travail de Edgar Naccache (un pionnier de l'abstraction en Tunisie) ou le groupe des six de Néjib Belkhodja et de Lotfi Larnaout... plus sensibles à la réinsertion du patrimoine dans son acceptation graphiste (lettrisme et arabesque) dans l'expression plastique abstraite. Hassan Soufy a, à ce niveau, choisi de s'exprimer dans une démarche abstraite géométrisante, colorée sans autre référence que celle plastique.
Il a préféré suivre ses propres exigences artistiques en maintenant des choix difficiles à défendre à l'époque des choix en fait très singuliers.
1er choix singulier : l'abstraction d'abord
Alors que la production picturale (années 60, 70 et 80) était dominée en Tunisie par la production orientaliste ou néorientaliste.
Hassan Soufy lui, a opté pour l'abstraction, celle-là même qui s'est développée en Europe depuis les années 20 et 30 et ceci malgré l'animosité de certains contre la modernité.
Hassan Soufy a, dans un défi presque suicidaire, opté de camp et sur des positions « d'avant-garde » et défendu une peinture essentialiste, sans faille, sans concession, rejetant comme folklorique, naïf la peinture rétrograde de tous les orientalismes et passe allègrement le rubican et épousa les causes de la non-figuration et pendant quelques années et jusqu'aux années 90, il persistera à pratiquer d'une manière autonome son choix puriste et constructiviste malgré le chant des sirènes qui aurait aimer le voir déserter le champ de la recherche artistique malgré les difficultés et les incompréhensions qui entouraient cette recherche. L'abstraction est restée marginale et marginalisée comme expression artistique pendant très longtemps.
Hassan Soufy en parachevant son expérience abstraite n'a pas renoncé à son choix de traiter les œuvres avec le même souci de réussir ses compositions indépendamment des choix stylistiques abstraites ou figuratives et en transposant et en transférant la méticulosité du travail abstrait vers le travail figuratif moderniste.
Hassan Soufy est performant dans les deux démarches. L'esprit constructif, le sens équilibré de la distribution de la couleur, de la composition savante et moderniste est un acquis présent dans les deux expressions. Un bon peintre est un bon peintre indépendamment de ses réalisations formelles et stylistiques (voyez les peintres de l'Ecole de Paris qui ont excellé dans tous les domaines artistiques qu'ils ont entrepris). Hassan Soufy a su maintenir une grande exigence de qualité plastique aussi bien au niveau de son travail abstrait géométrique que figuratif moderne.
La singularité de Hassan Soufy consiste à être allé à l'expression artistique abstraite avant de s'attaquer à l'expression figurative. Nous savons et l'histoire de l'art moderne nous l'enseigne, que la recherche de l'experssion abstraite fait suite à une longue pratique artistique figurative, Hassan Soufy, très spécifique dans son évolution a opté par un cheminement inverse, c'est dire combien il est original et en même temps, performant.
Deuxième singularité de Hassan Soufy
L'adoption de ce cheminement est irréversible chez Hassan Soufy et selon nos connaissances, le peintre n'est plus jamais revenu à la démarche abstraite de ses débuts. Son apport singulier ici c'est qu'il a transféré ses exigences de la qualité dans les mêmes proportions d'une expression à l'autre.
Il a continué sa quête plastique en centrant son effort sur les couleurs et ses rapports à la lumière qui deviennent en plus du souci de la composition, les éléments opératoires essentiels de son travail, avec en toile de fond, les mêmes préoccupations puristes et essentialistes de la première expérience caractérisée par la vigueur et la rigueur de tous les éléments sollicités. Le peintre maintient ainsi les concepts opératoires de la première option et le fait d'activer dans le dispositif figuratif qu'il développe depuis la fin des années 90 jusqu'à nos jours avec cependant des modulations au niveau de l'intensité de la couleur. Cette figuration n'est pas de l'ordre de la figuration orientaliste ou néorientaliste, elle est de l'ordre moderniste, sensuel, érotique, quelquefois, mais surtout expressif et combien tendre et souvent très humain. Elle aménage le visible en recourant cette fois non pas à la géométrie mais au génie des couleurs inaugurales... la couleur propre à l'historie de l'art moderne, telle qu'elle fut traitée par les fauves ou les impressionnistes avant eux, par Matisse, Vlaminick, Derdin...
Deux moments importants traversent le travail figuratif de Hassan Soufy qui en découvrait le réel qui l'entoure va le traiter avec une attention toute sensible, subtile, suave quelquefois et très tendre.
La couleur, la lumière
Les éléments et les thèmes picturaux auxquels se réfère le peintre appartiennent au registre de la peinture de la fin du 19ème siècle et du tout début du 20ème siècle. (Les marines, les paysages, les natures mortes, les nus...) sont traités dans cette deuxième période d'évolution du peintre dans un rapport étroit entre la couleur et la lumière.
Ce rapport changeait entre couleur et lumière dessinera deux moments distincts de la démarche contemporaine du peintre.
La première de ces démarches développes, il y a quelque années par Hassan Soufy semble avoir octroyer à la couleur vive, eux tous rouges écarlates, aux jaunes intenses, aux blancs les plus blancs, aux verts les plus sombres des pommes... au roux, au bleu cobalt, la fonction de donner à la composition une solidité structurale, véhémente par rapport à d'autres couleurs plus morcelées, plus papillonnantes. La peinture de Hassan Soufy semblait vivre une sorte de dichotomie entre le fauvisme et une sensibilité impressionnante. Ce rapport dichotomique semblait favoriser au début les éléments fauvistes volant beaucoup plus que la lumière tremblotante.
Mais, malgré la vivacité des couleurs, l'ambiance générale des œuvres de cette période est restée tranquille, calme. L'écho qui en émanait était de l'ordre de la sérénité et de la volupté.
Les travaux qui nous sont présentés aujourd'hui à la galerie Saladin, semblent dessiner un glissement nouveau de la démarche du peintre allant du fauvisme à un expressionnisme plus accentué.
Les contrastes vifs des couleurs puissantes laissent la place au papillonnement des touches sous l'action d'une lumière plus que jamais diaphanes envahissant tout l'espace et la représentation des objets et des éléments constitutifs de la toile. La configuration du système pictural est moins nette, moins concrète et se trouve comme noyée dans une sorte de halo de lumière qui efface la limite des choses.
La lumière diffuse, envahit même les couleurs. Le vert des arbres, des feuilles et du tronc subit très peu de différenciations.
Les nuances sont très proches les uns des autres au niveau du jaune, du rouge et même de l'oranger.
Les choses perdent leur « concrétude »... Tout devient murmures, vibrations de couleurs autrefois vigoureuses et nettes. La lumière triomphe... les contours s'effilochent... les limites reculent et réduit les présences, les traces en une sorte de balbutiement originel des figures. La figuration s'estompe... La dureté des éclats colorés fauvistes diminue et cela favorise l'instauration d'un impressionnisme minimaliste... Une fête des sens du presque vide... Une esthétique de l'à peu-près et du presque rien... Une nouvelle trajectoire de ce vieux loup de l'art ? Il faudrait l'espérer !


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