Jaou ! DU 12 au 16 mai, Tunis vibrera au rythme d'une initiative artistique et sociale participative, intitulée Jaou Tunis avec pour thème principal la migration. Ce rendez-vous annuel, initié par la Fondation Kamel Lazaar, devrait, comme d'habitude, réunir une belle brochette d'artistes, de passionnés d'art, de culture et d'humanité pour des moments riches en partage et en découvertes. La conférence de presse de Jaou Tunis s'est déroulée hier, lundi, à Beït el Hikma, un bâtiment de prestige situé face à la mer à Carthage. Ce jour-là, la mer était envoûtante, calme et limpide, offrant un spectacle des plus magnifiques. Mais c'est cette même grande bleue, d'apparence si docile qui a englouti, au fil des années, des milliers de migrants ayant quitté leur mère patrie pour un lendemain meilleur. Le choix de l'endroit n'est donc pas anodin pour annoncer la couleur de Jaou Tunis 2017 qui se donne pour ambition, lors de cette édition, de repenser la migration et ses dynamiques en tentant de rappeler quelques valeurs qui nous touchent dans notre humanité. Il rappelle que la Tunisie est une terre hospitalière qui a pendant longtemps accueilli tant d'émigrés: Maures, Italiens, Maltais, Russes,.... A l'heure de la mondialisation et du « village global », se dressent les murs et les barbelés et les frontières ferment. Alors que certains chantent les mérites du dialogue et les vertus de l'universalité, la plupart des peuples se replient sur eux-mêmes et les points de rencontre deviennent de plus en plus des points d'évitement, en raison des guerres, des conflits religieux, politiques ou climatiques. C'est donc dans cette optique qu'a été pensée l'édition 2017 de Jaou Tunis en s'appuyant sur des faits historiques, devenus aujourd'hui méconnus, des témoignages et des enquêtes pour produire un regard différent sur la migration, à partir de la création artistique et du dialogue. Avec la volonté aussi d'affirmer que les politiques ont souvent failli sur ce dossier et qu'il est opportun et urgent de faire parler les artistes et de solliciter leurs points de vue, d'envisager avec eux une « Nation Migrante», vaste pays aux frontières ouvertes et aux passeports à la portée de tout le monde. Du 12 au 16 mai, un programme varié a été soigneusement concocté pour attirer un maximum de participants, jeunes et moins jeunes. Parmi les points forts, cinq rencontres-débats à l'Académie des Lettres, des Sciences et des Arts, Beit Al Hikma, avec pas moins d'une trentaine d'intervenants pour échanger sur la migration, sous un angle socio-politique et économique à travers une approche culturelle et historique. Deux autres rencontres-débats, en anglais, traiteront de l'art traitant de la migration et de l'histoire de la Goulette, carrefour de la migration, à travers des enregistrements sonores. Nation migrante, articulée autour d'une quinzaine de pavillons, souvent dans des lieux insolites, confiés à une quarantaine d'artistes sous le commissariat de Lina Lazaar. Chaque pavillon propose une ou plusieurs œuvres explorant la migration. Disséminés entre le Kram et la Goulette, les pavillons sont animés par des artistes de toutes les disciplines : musiciens, acteurs, photographes, danseurs... A travers les pavillons de la Nation migrante, Jaou Tunis 2017 invite à une réflexion globale sur la migration à travers des expériences artistiques où le point de convergence est de retrouver la libre circulation des individus et de la pensée.