La galerie Saladin, en collaboration avec l'association d'Art contemporain « Art Cot » de Noura Ben Ayed, organise la deuxième exposition sur les « petits formats », 2ème édition 2017 (du 29 avril au 14 mai 2017). Le succès rencontré par la première exposition 2016 a donné des ailes à « Art Cot » pour relancer l'aventure avec l'appui de Abderrazak Khéchine un photographe émérite et un éditeur qui a réussi à élaborer un catalogue exhaustif « Petit-format » d'une exposition rassemblant 29 artistes et 57 travaux. Un foisonnement et une grande fête des « petits formats ». Beaucoup d'artistes reviennent pour la deuxième fois dans l'espace. D'autres prennent part à l'exposition pour la première fois. Cependant, tous les travaux ne sont pas inédits, certains ont été réalisés depuis quelque temps et sont resservis comme ceux de collage de Rafik El Kamel, réalisés en 1999, ou ceux de Ali Ridha Saïd ou de Amin Chaouali, par exemple. Cette antériorité n'enlève en rien à la fraîcheur de ces œuvres... ni en leur pertinence. Certains autres artistes approfondissent même leur démarche et confirment leur présence comme Fethi Ben Zakkour, Kaouther Jellazi, Mongi Maâtoug, Thabouti, Adnen Haj Sassi et Emna Masmoudi, ainsi que Hasna Mnaouar. D'autres, relativement nouveaux venus sur la scène artistique, se font de plus insistants comme Fethia Aïssaoui, Ali Fakhet, Leïla Sehili, Abdekwaheb Cherni, Insaf Chkoudali, Amine Hamadi, Abdellatif Romdhani, Mohamed Chelbi et Malek Saâdallah. La nécessité intérieure En fait, tous les artistes présents partagent la même préoccupation technique de présenter des œuvres de petits formats non pas dans l'esprit miniaturiste, ou comme réduction de grandes œuvres, ou des études à réaliser de plus grand mais comme un travail spécifique très exigent une qualité requise par la dimension des œuvres et par une certaine nécessité intérieure propre au genre différent des exigences requises par les grandes dimensions en surface, en envergure. Le petit format n'est pas une réduction du grand format. Certains tableaux agréables en petits formats sont insupportables en plus grandes dimensions, disait déjà Hegel. Cette nécessité intérieure spécifique semble avoir été atteinte par un grand nombre d'œuvres exposées à la galerie Saladin et ceci aussi bien au niveau de l'approche figurative, abstraite ou même de cette ambivalence stylistique ni figurative, ni abstraite, caractéristique de la plupart des œuvres comme celles assez anciennes de Sami Ben Ameur ou de Habib Bida, des « œuvres » fantômes qui reviennent de loin ! Le parcours Le parcours de l'exposition « Petits formats » est jalonné d'œuvres de grande qualité artistique et d'une grande cohérence intérieure, inhérente aux thèmes d'art sans référence à leurs dimensions. Rafik El Kamel, toujours dans l'esprit des « transfigurations » auquel il nous a habitué depuis quelque temps nous ressert des travaux de 1999, des collages et autres graphismes et bandes colorées bariolés et dynamiques. Son travail reste évidemment de l'ordre d'une grande rigueur même s'il s'apparente à une gesticulation anarchique. Fethi Ben Zakkour ressort aussi des travaux déjà visités mais nous fait retrouver ses belles réalisations lisses, léchées hiérarchiques et combien suaves. Ismaïl Ben Fredj, également, nous fait admirer de nouveau, ses deux dames assises « petits formats » du reste affichant des prix tellement exorbitants... que nos cheveux se dressent... un peu de modestie... Ismaïl !! Asma Mnaouar, se jette dans une « Mare Nostrum ôcre traversée » de zébrures graphiques déstabilisant des anciennes plages homogènes de couleur unie – rouge d'antan. Kaouther Jellazi, erre sur une toile creusée, traversée dans sa structure centrale, par des graphismes multiples, fortunés chromatiques... qui aboutit, en fait, à faire émerger une figure de femme qui dépasse les rondeurs de sa forme. L'érotisme peut-il naître du chaos ! Thabouti Abdelhamid est à l'aise dans ses réalisations figuratives ou tendant vers l'abstraction. Thaboutit reste un artiste de métier, allant allégrement de la belle figuration aux graffitis les plus extrêmes. Ali Ridha Saïd reste au niveau d'une réalisation presque « orientaliste » technique très élaborée et masquée au travers d'une vision embuée. Mahbouli, très gestuelle, navigue entre les plages de couleurs spontanées et des tentatives de les contenir, peut-être, en quête d'oxygène et d' « espoir » de pouvoir exprimer l'inexprimable. Il n'est pas besoin d'évoquer les aquarelles très expression d'Ali Louati pour le remercier pour tout ce qu'il a fait. Mongi Maâtoug, très professionnel, nous accueille par ses « entrelacs », dont les structures autrefois marquées, perdent leurs contenus dans une expression lyrique impressionnante. Abdelatif Romdhani, d'habitude si prompt à marquer ses espaces par ses formes dynamiques, ne garde dans son travail d'aujourd'hui, que les fulgurances dynamiques de touches vives sans référence à ses anciennes figurations. Ali Fakhet se situant entre l'ancienne génération de plasticiens, est de plus en plus présent sur la scène artistique avec des œuvres renouvelées de surfaces structurées, zébrant verticalement la toile et leur octroyant un dynamisme expressif. Les espoirs... Des artistes présents dans l'exposition, certains jeunes, semblent être de valeur sûre et représentent pour nous un espoir de continuer l'aventure artistique dans notre pays ; Ces artistes sont nombreux et ont pour noms : Leïla Sehili, Abdelwaheb Cherni, Mounir Ben Moussa, Malek Saâdallah, Neïla Ben Ayed, Fethia Aïssaoui, Wafa Al Kadhi, Amine Hamouda, Ilhem Sbaï et évidemment, Asma Masmoudi et Adnène Haj Sassi. Leïla Sehili nous a ébahi par un travail très fin, qui semble avoir être créé d'une manière spontanée, « des fenêtres sur monde », sur des formes, des couleurs tranquilles... et des oiseaux presque... du paradis. Asma Masmoudi, revient de loin pour nous convier à voir son travail très serein, se déroulant sur une surface âcre parcourue par des signes et symboles accompagnant des représentations « des migrants » à peine perceptibles, presque des concepts... ou des formes minimalistes d'un monde humain très éprouvé. Il faudrait espérer qu'Asma Masmoudi reprenne ses activités en Tunisie. Peut être, pourra-t-elle enrichir ses débats plastiques. Adnan Haj Sassi qui commence à faire parler de lui par ses réalisations quadraphiques à l'exposition 2017 de l'union, confirme ses options contemporanistes à la lisière du modernisme et anime ses toiles par une insertion véhémente d'un blanc provocateur qui partage la surface en deux zones bleu ou noir animées par des chiffres et des lettres. Adnan se révèle être porteur d'espoir. Il ne faudrait pas qu'il déçoive ses amateurs de sa démarche. L'exposition des « Petits formats » annonce-t-il un renouveau des arts plastiques en Tunisie.