On attendait beaucoup de la conférence de presse tenue hier au Palais de La Kasbah par le ministre de l'Intérieur, Hédi Mejdoub, le ministre chargé des relations avec le Parlement, Iyad Dahmani et le secrétaire d'Etat aux Domaines de l'Etat et aux Affaires foncières, Mabrouk Kourchid, mais finalement, les représentants des médias sont sortis, le calepin vide. En effet, les trois membres du gouvernement n'ont fait aucune révélation et se sont contentés de répéter les données déjà connues. Ils ont, juste, annoncé et réaffirmé que l'opération lancée contre la corruption et les corrompus, se poursuivra et toute personne qui s'avère impliquée ne sera pas épargnée. On mentionnera l'insistance d'Iyad Dahmani sur le fait que cette lutte anti-corruption va se poursuivre et s'installer dans la durée, mais prétextant le secret de l'instruction, il n'a rien révélé laissant entendre que les nouvelles seront divulguées au fur et à mesure de l'avance des investigations au cours des semaines voire les mois à venir. Il faut dire qu'on comprend le souci de discrétion observée par les autorités officielles qui ont affaire à des gens qui sont loin d'être des enfants de chœur, d'où la nécessite absolue de garder le secret total sur l'évolution de l'enquête. Certes, nous-mêmes, sur ces mêmes colonnes, nous nous impatientions et nous réclamions toute la vérité sur le déroulement des événements, mais on respecte cette volonté du gouvernement de rester en veille, car nous pensons que, désormais, il y a un climat de confiance qui s'est instauré entre le peuple et l'opinion publique, d'un côté, et le gouvernement d'union nationale, de l'autre. Toutefois, certains indices n'ont pas été encourageants et ont permis de semer le doute, rapidement exploités par certains pour lancer des campagnes de dénigrement contre le gouvernement et aller jusqu'à affirmer que « comme attendu, l'opération « mani pulite » s'est avérée un feu de paille et une simple opération de règlements de comptes ». En effet, ces bruits ont été renforcés après l'audience accordée par le président de la République à la délégation de Nidaa Tounès au sein de laquelle trois personnes, au moins, sont connues pour leur proximité et leur « amitié », qu'eux-mêmes n'hésitent pas à afficher jusqu'aujourd'hui au grand public et sur les plateaux radiotélévisés, avec l'un des principaux accusés, en l'occurrence, Chafik Jerraya. Les membres de Nidaa en question sont Hafedh Caïd Essebsi, fis du chef de l'Etat, Sofiène Toubel, dont des plaintes ont été, déjà, déposées contre lui à propos de ces questions, et Borhène Bsaïes qui crie haut et fort qu'il est ami avec Chafik Jerraya qui, il ne faut pas l'oublier, est accusé de complot contre la sûreté de l'Etat et de mise à disposition d'une armée étrangère en temps de paix ! D'ailleurs, on a vu, lors de l'audience, que le député Sofiène Toubel a été le seul à avoir embrassé le président de la République. L'a-t-il fait exprès pour narguer les Tunisiens avec l'air de leur dire qu'il est en bons termes avec lui ?! La question qui se pose est la suivante : Béji Caïd Essebsi ne pouvait-il pas imposer le choix des membres de la délégation qu'il doit rencontrer ou bien il était dans l'incapacité de refuser les desiderata de son fiston ? Toujours est-il que rien que cette rencontre et la présence des deux membres en question ont suffit pour faire « jaser » les mauvaises langues quant à la crédibilité de l'action du chef du gouvernement, sachant que certains sont allés jusqu'à dire que le « chef de l'Etat l'a désavoué». Pourtant, nous savons très bien que BCE appuie sans limites la campagne de lutte contre la corruption voire qu'il en est même le vrai instigateur ! Autre signe négatif a été cette information concernant l'éventuel retour de la compagnie aérienne du député Mohamed Frikha alors qu'elle est encore endettée jusqu'au cou avec plusieurs dizaines de millions de dinars sans oublier que des présomptions pèsent sur cette société, présumée impliquée dans les voyages des jeunes Tunisiens vers les foyers de conflits dans le sens où en l'espace de quelques mois, elle a organisé plus de 130 voyages de l'aéroport de Thyna-Sfax vers l'aéroport de Hassina à Istanbul. Dans le même ordre d'idées, on se demande comment des personnes faisant l'objet de sérieuses présomptions d'implication dans des affaires prônant carrément la chute du régime et la propagation de l'anarchie comme est en train de le faire le député d'Al Harak, Imed Daïmi, peuvent agir en toute impunité. Avec son parrainage des actes de sabotage perpétrés à El Kamour, par ses actions menées en justice contre le Commandant de la garde nationale et sa cabale contre le ministre fort respecté du gouvernement Fadhel Abdelkéfi, M. Daïmi est en train de semer la haine et la discorde dans le pays sachant que son parti a procédé au stockage des armes de l'aveu même d'un de ses responsables, Adnane Manser. Sachant qu'il y a la possibilité de lever l'immunité parlementaire, rien n'empêche l'introduction d'une action en justice pour mener une enquête sérieuse sur les actions douteuses de ce député, sans oublier les autres présomptions pesant sur lui dans l'affaire de l'usurpation de l'identité d'un député du CPR le jour de l'investiture de l'Assemblée des représentants du peuple. Et si M. Daïmi a oublié cet épisode, l'histoire n'a pas oublié surtout que la scène est étayée par la célèbre photo où Imed Daïmi fixait du regard le « faux Mabrouk Hrizi » au moment de son appel par le président de l'ARP. Mais où est donc la justice? Il est vrai que les juges sont aux abonnés absents obéissant au mot d'ordre lancé par l'Association des magistrats tunisiens (AMT) afin de ne pas traiter les dossiers jusqu'à la rentrée. Plus encore, cette AMT annonce avec « fierté » que son mot d'ordre est suivi par 85% des magistrats ! Il va sans dire que la situation est complexe et difficile, mais tout en accordant encore un préjugé favorable au gouvernement d'union nationale, il est utile que des messages et des signaux positifs soient adressés au peuple pour l'aider à patienter...