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Mon fils avant la patrie
Publié dans Business News le 05 - 06 - 2017

A l'actualité cette semaine, un drame qui secoue le pays avec l'assassinat odieux samedi 3 juin 2017 de Khalifa Soltani, frère de Mabrouk Soltani, ce jeune berger de 16 ans décapité par un groupe terroriste au mont Mghila le 13 novembre 2015. Paix à leurs âmes. En ce genre de moments, les mots ne sont jamais suffisants pour décrire le ressentiment. Et quand on pense à leur maman Zaâra, la frustration s'accentue. La faute à qui ? Indéniablement à nos politiques ! Notamment ceux qui se félicitent, quelques heures seulement après ce crime odieux, de la victoire de leur équipe de foot d'être montée à la division supérieure du championnat. Ces mêmes politiques qui surfent sur le sang de leurs compatriotes pour marquer des points face à leurs adversaires et qui font preuve de plus d'empathie à l'égard du Qatar et ses actuels déboires qu'à cet assassinat odieux.
Paix aux âmes des frères Soltani, tout le courage à leur maman Zaâra et pensée à nos services de renseignements et de police politique qui sont en mort clinique ou mort tout court depuis une certaine rencontre entre Farhat Rajhi et Sihem Ben Sedrine en 2011. Il y a, parmi nous, plein de gens qui ont du sang sur les mains et qui continuent en toute impunité à s'abreuver de l'argent du contribuable pour légiférer, gouverner ou donner des leçons.

La guerre déclarée du gouvernement contre la corruption donne des airs de flottement après les arrestations récentes d'une dizaine de personnes parmi celles supposées être des barons de la corruption. De quoi alimenter le scepticisme de ceux qui disaient que c'est de la poudre aux yeux lancée par Youssef Chahed.
Je préfère quand même figurer parmi les naïfs qui voudraient accorder le bénéfice du doute au chef du gouvernement et croire que sa guerre en est réellement une. Seulement voilà, les derniers faits ne plaident ni en sa faveur, ni en la mienne.

Les premières arrestations datent du 23 mai 2017. En deux semaines, seul Chafik Jarraya a été traduit devant le juge d'instruction. Le reste ? Un avocat affirme qu'il n'a toujours pas rencontré son client parmi les barons arrêtés et qu'il n'arrive pas à trouver une seule information officielle relative à son arrestation. Ce même client n'aurait même pas pu rencontrer sa famille, d'après l'avocat. Information que je prends avec des pincettes, mais qu'il est impossible de vérifier faute d'interlocuteur officiel et de communication minimale de la part des autorités compétentes.

Quant à Chafik Jarraya, son arrestation n'a rien à voir avec la corruption (officiellement du moins), mais avec une supposée atteinte à la sûreté de l'Etat. Et, pour cette raison, il est passé devant une juridiction militaire. Quid des droits élémentaires de toutes ces personnes arrêtées ? Ils attendront. Les différentes ONG (à commencer par la LTDH) ont beau dénoncer et multiplier les communiqués, Youssef Chahed ne les entend pas, il est occupé par sa guerre contre la corruption, semble-t-il.
Justement, de quelle corruption parle-t-on ? Y a-t-il un seul parmi les suspects arrêtés depuis le 23 mai qui en soit concerné ? S'ils sont arrêtés pour de la corruption, qu'ils passent devant le juge d'instruction d'un tribunal civil et que les avocats (et nous ensuite) voyons de quoi on les accuse exactement. Et s'ils sont arrêtés pour une supposée atteinte à la sûreté de l'Etat, que l'on cesse alors de parler de guerre contre la corruption !

Dans cette supposée guerre contre la corruption, un nom revient sans cesse : Chafik Jarraya. Le même qui est suspecté d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Théoriquement et légalement parlant, il demeure innocent jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie. Politiquement, il en est autrement.
Parmi les amis proches de Chafik Jarraya, on cite Sofiène Toubel et Borhène Bsaïes, ainsi que Hafedh Caïd Essebsi, les trois principaux dirigeants du principal parti au pouvoir. Les trois n'ont pas renié leur amitié et l'ont même réaffirmée. Ce comportement chevaleresque est à leur honneur. Devant les copains du quartier, ils peuvent se prévaloir d'être de vrais hommes, des virils, des mâles qui ne lâchent pas leurs amis. C'est bien, y a rien à dire. Mais en politique, il en est autrement. Le comportement chevaleresque n'a pas sa place. Si vous tenez à ce comportement, il vaut mieux aller faire autre chose que de la politique.

La suspicion qui pèse sur Chafik Jarraya est suffisamment grave pour que MM. Toubel, Caïd Essebsi et Bsaïes prennent leurs distances. Leur ami n'est pas accusé d'avoir volé une poule pour qu'on attende de voir son jugement et se prononcer sur sa culpabilité, il est accusé d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Autrement dit, ce qu'il y a de plus grave en matière d'accusations ! Dans le cas d'espèce, prendre ses distances est le minimum syndical quand on a pour priorité l'intérêt supérieur de l'Etat et de la nation.
Vous avez un doute sur les accusations ? Vous soupçonnez une machination politique de l'armée et de son tribunal militaire ? Dites-le clairement ! Dénoncer cet abus judiciaire (s'il en est) est également un minimum syndical quand on fait de la politique. Il y va clairement de la crédibilité de l'Etat et de ses institutions.
Mais peut-on critiquer le comportement adolescent de ces trois « leaders politiques » quand le chef supérieur des armées et président de la République leur ouvre les portes du palais de Carthage ?

C'est un véritable séisme politique qui a frappé Nidaa Tounes avec l'arrestation de Chafik Jarraya. Ça se comprend puisque le bonhomme finance le parti et lui dicte certaines de ses orientations, si l'on se tient au propre témoignage de Borhen Bsaïes. Tout au long de ces derniers jours, les dirigeants du parti ont fait l'objet d'une salve de critiques virulentes leur reprochant leurs amitiés douteuses. Ils avaient besoin d'une bouffée d'oxygène pour faire face à toutes ces attaques et cette bouffée d'oxygène est venue de Béji Caïd Essebsi lui-même. Il est vrai que le président de la République se trouve être le papounet de Hafedh, j'ai failli l'oublier.

Ainsi donc, l'armée via son tribunal militaire arrête un suspect d'atteinte à la sûreté de l'Etat et le chef de l'Etat (et chef des armées) reçoit quelques jours plus tard les plus proches amis du suspect. Pire, la rencontre ne se fait même pas dans le secret ! Quel message veut transmettre Béji Caïd Essebsi en leur accordant cette audience ? La guerre contre la corruption ? Déjà qu'il n'y a juridiquement aucune guerre contre la corruption ces 15 derniers jours, mais en supposant que ce soit le cas, comment le président de la République peut-il se permettre de désavouer cette guerre et celui qui la mène (Youssef Chahed en l'occurrence) en recevant les amis déclarés des supposés barons de la corruption ? Qui lui dit en cet instant que ses amis ou l'un d'eux n'est pas complice dans la corruption et dans cette atteinte à la sûreté de l'Etat ? Après tout, l'instruction vient à peine d'être ouverte et rien n'est exclu à ce stade ! Si c'est la présomption d'innocence qui prévaut, face à la justice, il en est autrement en politique où c'est la présomption de culpabilité qui prime.

Peu importe la véritable motivation de Béji Caïd Essebsi (il est possible qu'il en ait une de valable, pourquoi pas), le message transmis est affligeant et irrecevable : l'Etat et l'armée disent une chose, mais leur chef fait le contraire.
Devant le public, et suite à cette audience, Youssef Chahed est désavoué voire décrédibilisé, puisqu'il a un président de la République qui reçoit les plus proches amis de ceux contre qui il dit lutter ! D'ailleurs, Béji Caïd Essebsi ne désavoue pas Youssef Chahed seulement, il se désavoue lui-même, avec cette audience, puisque cette schizophrénie est incompréhensible et ne saurait être interprétée autrement que par « papa est venu au secours de son fils au détriment de son propre chef du gouvernement ».


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