Les cinq dernières soirées du festival de la Médina se dérouleront entre le Théâtre municipal, Dar Lasram et le club Tahar Haddad. C'est à la Rachidia que reviendra l'honneur de clôturer cette 35ème session qui devrait continuer à nous surprendre une semaine durant avec les nouvelles créations de Riadh Sghaier, Naoufel Ben Aissa et Yasmine Charni ainsi que le show prometteur de Aymen Lassik.. L'édition 2017 du festival de la Médina de Tunis touche à sa fin. En effet, le rideau tombera sur cette session le 17 juin avec un récital de la Rachidia au Théâtre municipal. A cette occasion, l'ensemble de l'Institut de musique tunisienne se présentera au complet, avec parmi les vedettes de la soirée la jeune Nour El Kamar qui, à seulement 13 ans, surprend le public et s'impose à l'échelle arabe. Pour cette soirée de clôture, Sofiene Zaidi et Maherzia Touil seront également sur scène avec la chorale de la Rachidia. Cette soirée de clôture devrait compter parmi les temps forts du festival qui, cette année, est parvenu à mobiliser le public avec des soirées comme celles de El Hadhra 2, Zied Gharsa ou Salatin Al Tarab qui se sont déroulées à guichets fermés. Nouvelles créations et relectures du patrimoine Trois créations inédites sont au programme de cette troisième et dernière semaine du festival de la médina. "Ya Zahratan" de Riadh Sghaier est un spectacle de jazz oriental qui aura pour écrin Dar Lasram aujourd'hui. Sghaier est un saxophoniste de talent qui cherche à créer les conditions d'une rencontre musicale entre la tradition tunisienne et le jazz. Depuis quasiment deux décennies, cet artiste mêle les styles et réunit des musiciens versés aussi bien dans la recherche de tonalités contemporaines que dans la relecture de l'héritage sous toutes ses formes. Cette nouvelle rencontre avec le public devrait pousser ce groupe et son leader à continuer d'aller de l'avant en développant des concepts comme "Ya Zahratan" dont l'intitulé renvoie au virtuose Khemais Tarnane, l'un des piliers de l'histoire de la Rachidia. Naoufel Ben Aissa est de retour avec "Foundou", sa nouvelle création musicale qui va dans le sillage du classique tunisien et qu'il présentera le 14 juin à Dar Lasram. Pour cette nouvelle oeuvre, Ben Aissa a fait appel à Khedija Efrit pour le chant, un choix qui promet, tant cette voix pure excelle dans le registre traditionnel tunisien. C'est à la recherche des "foundou" de la mémoire musicale qu'ira Ben Aissa, dirigeant un orchestre qui devrait allier la précision de l'interprétation au respect des modes classiques. Ainsi, Naoufel Ben Aissa poursuit ses recherches et démontre que le fonds musical tunisien est susceptible d'être relu sous divers éclairages, notamment celui de la restitution savante. Cette dernière semaine de festival sera aussi de découvrir la jeune chanteuse Yasmine Charni dans un répertoire qu'elle affectionne, celui du retour aux chants de Saliha. C'est en effet à un récital inspiré du répertoire de cette dernière que Charni rencontrera les festivaliers au club Tahar Haddad qui accueillera cette soirée le 15 juin. Les grandes chansons de Saliha seront interprétées par Charni qui, soit dit en passant, était récemment la récipiendaire du grand prix du festival Saliha, au Kef. Avec les accents de la diva des années quarante, Charni fera revivre un patrimoine pluriel et complètera cette approche selon laquelle le festival de la médina a une nette prédilection pour les spectacles structurés autour d'un concept. La forte présence du chant choral traditionnel En effet, cette édition 2017 aura été marquée par deux faits importants. Les soirées musicales étaient dans leur majorité articulées autour d'un concept porteur. Ce fut le cas pour Leila Hjaiej avec "Ajabi", pour Amina Srarfi avec "Mad'moiselle" ou Mohamed Hédi Agrebi avec "Ken". Cette tendance est à saluer car elle souligne le projet artistique du festival qui, en second lieu, a ouvert grandes les portes aux ensembles musicaux de chant choral traditionnel. En ce sens, de nombreuses formations auront contribué à animer cette édition tout en démontrant la vitalité du chant traditionnel tunisien qui se développe aussi hors de la Rachidia, ce qui en soi constitue une nouvelle rassurante. Citons parmi ces ensembles le groupe féminin de Olfa Baouab, celui tourné vers la musique arabe de Sadok Zghal, l'ensemble de malouf de Sidi Bou Said ou encore le groupe Layali Al Tarab. Ils étaient ainsi quatre ensembles à porter le flambeau de la musique classique, ce qui, de façon éloquente, renseigne aussi sur les choix artistiques du festival. Simultanément, une place significative a aussi été faite aux chanteurs en vogue. C'est ainsi que Aymen Lassik sera au Théâtre municipal pour la soirée du 16 juin avec un répertoire arabe et aussi des compositions personnelles. Nouvelle coqueluche du public, cet artiste ajoutera sans doute une touche glamour à l'édifice et cultivera à sa manière l'incontournable Tarab en revenant aux classiques de Warda, Abdelhalilm et autres Karem Mahmoud. Après le show de Aymen Lassik, les lampions s'éteindront sur cette trente-cinquième édition du festival avec l'ensemble de la Rachidia, comme pour souligner la permanence de cette institution dans notre paysage musical et revenir vers la médina qui abrite cette Rachidia depuis 1934, date de sa fondation par Mustapha Sfar et les artistes de l'époque.