«Ya zahratan», le tout dernier spectacle du saxophoniste et chanteur Riadh Sghaïer, présenté dans le cadre du Festival de la Médina mardi dernier à Dar Lasram à Tunis. La soirée de mardi s'annonçait prometteuse, festive et haut en couleur en ce mois de Ramadan. La magnifique salle à l'architecture arabo-andalouse, somptueuse et raffinée de cette prestigieuse maison nichée au cœur de la Médina de Tunis qu'est Dar Lasram, était le cadre idéal pour abriter ce genre de spectacle offert par le saxophoniste Riadh Sghaïer et les musiciens qui l'accompagnaient. Devant une salle pleine d'amateurs du genre, les musiciens et les chanteurs, venant pour la plupart de la Troupe El Hadhra de Fadhel Jaziri, se sont réunis autour d'un projet artistique novateur intitulé «Ya zahratan» initié par le saxophoniste Riadh Sghaïer. Ce musicien et chanteur talentueux spécialiste du «Jazz oriental» faisait partie de ces membres qui ont mené à bien les projets les plus audacieux qui ont été réalisés dans le domaine de la musique tunisienne, à l'instar des deux spectacles Nouba et El Hadhra. Sans oublier ses participations remarquables dans le théâtre (Klem ellil) et le cinéma (Thalathoun). Depuis 2005, en optant pour des choix qui sortent des sentiers battus, Riadh Sghaïer travaillait sur des projets originaux, dans un style personnel et intelligent. «Nejma», «Takatek», «Ghanja» sont tous des spectacles qu'il a présentés au public et qui consistent tous à donner une relecture du patrimoine musical tunisien à travers le mélange des styles et des instruments. Un état d'esprit qui se retrouve également dans son répertoire. Sa facilité à aborder chaque style, en y ajoutant une touche personnelle, impressionne. Sa performance de mardi dernier va dans ce sens-là, nous faisant redécouvrir des qualités d'expression insoupçonnées dans les morceaux qu'il a interprétés au saxophone et au chant et qui sont issus de sa toute dernière conception «Ya zahratan» et dont l'intitulé nous renvoie au grand musicien Khemaies Tarnane, l'un des pionniers de La Rachidia. A travers un programme fort alléchant de musique et de chansons, le groupe, composé de musiciens et d'une chorale masculine, a mis sa passion, son savoir-faire et son énergie vibrante au service de cette création riche et lumineuse. Au début, une magnifique intro de saxophone soyeux, puis viennent la batterie, le violon et les cordes électriques faisant vibrer le silence et le fragmentant en échos, passion et grâce tissant un climat onirique et chaleureux. C'est le saxophone qui anime les autres instruments, il est celui qui tire les ficelles, qui fait briller les lumières. Il est également le maître du rythme qu'il impose et du jeu du temps. Les chansons connues tirées du répertoire musicale tunisien telles que : du Malouf «Haramtou bik Nouassi», du patrimoine «Om Zine», «Errammel», «Fi dhaw el Koumayra», «Hobbi yetbaddel yetjadded», l'incontournable «Jad El Hassnyne» d'El Hadhra et bien d'autres dont la maîtrise du son confère à chaque note émotion, profondeur et beauté. Mention spéciale au violoniste et chanteur Samir Rsaïssi, qui, avec sa magnifique voix et sa belle prestation, a séduit les spectateurs. A chaque nouveau morceau, on sent encore et encore la profondeur, la transparence et l'originalité des couches sonores et des accords blues et jazz... A l'instrument comme au chant, chaque musicien et chaque chanteur donne le meilleur de lui-même. Les jolis morceaux se succèdent sur un fond sonore jazzy, les autres univers sonores se tissent, se dessinent et se révèlent beaux et gracieux. Des styles classiques, que les interprètes restituent avec autant de conviction que de fraîcheur. Le grand public présent a longuement applaudi Riadh Sghaïer et les membres du groupe dont la musique est rendue avec beaucoup de passion et de ferveur !