Nous en parlions sur ces mêmes colonnes, il y a à peine trois jours. Il s'agit de la guerre lancée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, contre la corruption et le détournement que veulent en faire certains Nahdhaouis, CPRistes et autres Harakistes qui veulent discréditer l'action en invoquant une prétendue sélectivité, illustrée, selon eux, par le maintien en liberté du lobbyiste Kamel Letaïef. Cette polémique a pris d'autant plus d'ampleur et de gravité avec la révélation d'un plan machiavélique destiné à assassiner, Youssef Chahed, Mabrouk Kourchid, secrétaire d'Etat aux Domaines de l'Etat et aux Affaires foncières et le journaliste Lotfi Laâmari. Ni plus, ni moins! Ce n'est pas tout. Outre ce plan dont l'identité des auteurs n'a pas été divulguée, des renseignements sont parvenus aux services sécuritaires tunisiens attestant que des groupuscules terroristes libyens, qui seraient proches d'Abdelhakim Belhadj, seraient en train de planifier une série de kidnappings touchant trois personnalités de haut rang dont Kamel Letaïef. Décidément ! Contacté, ce dernier nous a confirmé les informations faisant état d'une brigade spéciale liée à l'antiterrorisme qui l'a informé officiellement sur PV, samedi dernier 22 juillet 2017, des menaces qui le touchent. On lui a même proposé une protection rapprochée qu'il a déclinée. En tous les cas, au moins, deux membres du gouvernement ont tranché et ont innocenté M. Letaïef. Après Iyad Dahmani, porte-parole officiel du gouvernement qui a réclamé à tous ceux disposant de dossier ou de preuves le compromettant de les remettre aux autorités concernées. Mais le témoignage le plus significatif est venu de Mabrouk Kourchid, homme connu pour sa probité, sa crédibilité et son militantisme lors des années de braise, comme on dit, sous le régime de Ben Ali qui a affirmé, dans une interview accordée à un journal de la place que «si quelqu'un dispose de preuves de culpabilité contre Kamel Letaïef qu'il nous les ramène... » Et d'enchaîner en substance : « Ce que je sais, c'est que Kamel Letaïef a été victime d'opérations d'intimidation sous Ben Ali parce qu'il a ouvertement dénoncé le développement de la corruption et la clique au pouvoir». Et en réponse à ceux qui conçoivent la «guerre» contre la corruption menée par le gouvernement comme étant un conflit ouvert entre deux hommes d'affaires ou entre deux clans, le secrétaire d'Etat aux Domaines de l'Etat et aux Affaires foncières indique « qu'il n'y pas que deux clans dans ce pays. Et puis, que chaque personne qui dispose de dossiers liés à la corruption d'un tel ou un autre nous les remette, et si nous ne faisons rien, alors accusez-nous de sélectivité». Quoi de plus clair et net ?! En dépit de tout cela, les détracteurs poursuivent leur campagne de mise en doute. En effet, dans cet ordre d'idées, Samir Ben Amor, ancien conseiller principal du président provisoire de la République, Moncef Marzouki, semble avoir l'imagination fertile en déclarant :« Le point commun entre Youssef Chahed et les députés aisés du Front populaire, c'est qu'ils ne parlent jamais de Kamel Letaïef, étant donné que ce dernier est leur parrain, avant d'ajouter que la plus grosse arnaque qu'a connue ce pays c'est bien la guerre contre la corruption ». Comme on le constate et comme il est d'usage, désormais chez ces politicards de la dernière heure, ils excellent dans les paroles en l'air sans rien dire et sans la moindre preuve, l'essentiel étant, pour eux, de diffamer et de dénigrer gratuitement, car ils se sont habitués à l'impunité, un fait qui devrait cesser si l'Etat veut recouvrer son prestige et sa réputation d'Etat de droit et des institutions qui sont l'apanage de tout régime démocratique qui se respecte. Or, la corruption, il ne faut pas aller la rechercher, uniquement dans la période d'avant la révolution de 2011, dans la mesure où les exemples de malversations, de mauvaise gestion et autres actes de corruption ne manquent pas durant le peu d'années d'après ladite révolution. On se rappelle tous l'affaire du million de dollars offert par la Chine à la Tunisie et qui a atterri dans un compte spécial autre que celui du ministère des Affaires étrangères sous Rafik Abdessalem. On se rappelle des recrutements abusifs et anarchiques dans de nombreux départements ministériels et autres entreprises publiques sous prétexte de réhabiliter les amnistiés qui n'avaient, la plupart du temps, aucune qualification ou compétence. Ces recrutés se comptent par milliers et qui coûtent à la Trésorerie publiques des milliards de dinars sans rien faire de valable ou d'utile à la communauté. L'exemple doublement frappant est le licenciement de la majorité écrasante des gardes forestiers par le ministre de l'Agriculture, à l'époque, Mohamed Ben Salem, pour les remplacer, dans l'opacité la plus totale, par des hommes à lui, pourtant dans une zone névralgique et montagneuse « prisée par les terroristes ». Abdelkrim El Harouni en avait fait de même au ministère du Transport qu'il a « bourré » d'hommes à la solde d'Ennahdha. Et on en passe, car des situations similaires étaient enregistrées partout dans les établissements publics. Et le bouquet est celui révélé par Mabrouk Kourchid qui n'a pas hésité de parler de « trahison » perpétrée par l'ancien ministre CPRiste des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, Slim Ben Hamidène, gendre de Mohamed Ben Salem, qui aurait transmis aux plaignants dans l'affaire de la BFT un document capital. Il a indiqué que dans l'affaire de la Banque franco-tunisienne, l'Etat tunisien a accordé en 2012 une amnistie à son adversaire, lui certifiant qu'il est victime, que tout ce qu'il a subi du temps de Ben Ali entrait dans le cadre du harcèlement politique et que tous ses engagements envers la Tunisie étaient sous la contrainte. "Bien sûr, notre adversaire a apporté ce document au comité d'arbitrage qui lui donne le statut de victime. Le verdict qui a été prononcé s'appuie notamment sur ce document. Pour résumer, l'Etat tunisien a délivré à son adversaire, en 2012, les clés de l'affaire, ce qui a eu pour conséquence le verdict de 2017. C'est malheureux, mais la responsabilité incombe au ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières de l'époque", a-t-il souligné. Sans parler des virements reçus en devises allant de 100 mille dinars à 3 millions de dinars par les associations dites de bienfaisance et qui impliquent la responsabilité de la Banque centrale de Tunisie qui aurait dû les rendre publics à temps afin de pouvoir demander à ces associations lugubres des comptes avant qu'il ne soit trop tard. En tout état de cause, des dossiers de corruption, il y en a à la pelle. Faisons confiance au gouvernement de M. Chahed pour mener le processus de lutte à bon port et démanteler les différents réseaux aux ramifications multiples et complexes, d'où, comme l'a dit le chef du gouvernement, la guerre enclenchée et qui s'annonce de longue haleine.