Le rêve de retrouver les belles soirées théâtrales à la Karraka de la Goulette n'a pas encore été réalisé, bien que son festival de théâtre ait repris cet été après plusieurs années d'absence. Ce haut lieu de l'histoire et de la culture de la Tunisie contemporaine n'est pas encore fonctionnel, du fait des travaux de restauration et de rénovation dont il a fortement besoin après un abandon qui a trop duré. Le festival de théâtre de la Goulette se déroule à la maison de la culture de la ville portuaire et non moins station balnéaire. Ayant « déclaré » forfait pour cette année, après avoir été délivrée de ses occupants squatteurs au lendemain de la révolution, la Karraka sera peut-être accessible l'année prochaine. Car ce lieu de l'histoire datant du seizième siècle nécessite des travaux minutieux sous la direction de scientifiques, d'archéologues, d'historiens et d'artistes du moulage, par exemple, étant donné la valeur historique indéniable de cet édifice. Ce dernier faisait fonction de bagne, à son époque. Dans les années soixante dix du siècle dernier, la Karraka avait son festival du théâtre méditerranéen sous la direction de feu Moncef Souissi. Les soirées qui s'y passaient restent d'anthologie avec des représentations suivies de débats qui se prolongeaient tard dans la nuit et parfois jusqu'à l'aube. Puis la Karraka était rebaptisée au début des années quatre vingt : « Musée du Bélier » (tiens ! L'Aïd El Kébir est à nos portes !) Avec outre le volet documentaire de la béliomachie, l'organisation de combats de ce sport populaire et traditionnel par excellence dans l'enceinte de la Karraka. Puis le festival de la Goulette renaissait dans les années quatre vingt dix sous la forme d'un festival pluridisciplinaire avec pour principal animateur le dramaturge, journaliste et critique théâtral feu Ahmed Ameur, parti en avril 2016. La malédiction Après la révolution, tout était perdu. Et avec la « réouverture » de la Karraka, comme précédemment indiqué, le théâtre a peiné à retrouver ses droits. La malédiction de la fonctionnalité poursuit toujours la bonne vieille Karraka. Et le festival du théâtre tient ses assises provisoirement à la maison de la culture. Mais cette dernière ne semble pas elle aussi bien prête pour accueillir les pièces. Si bien qu'une femme de théâtre a refusé à y présenter sa pièce, invoquant le fait que cet espace ne répond pas aux normes minimes des représentations. Espérons que tout soit remis dans l'ordre et que de tels handicaps soient dépassés pour que les gens du théâtre puissent s'activer aussi bien à la Karraka, qu'à la maison de la culture de la Goulette.