Le Temps - Agences - Dans une première réaction mesurée au nouveau plan américain pour l'Irak, le Premier ministre Nouri Al-Maliki a assuré hier qu'il résultait d'une "vision commune" mais n'a pas commenté les menaces que George W. Bush a fait planer sur son gouvernement en cas d'échec. Le plan annoncé mercredi par le président américain "représente une vision commune et une compréhension mutuelle entre les gouvernements irakien et américain", a affirmé le Premier ministre irakien dans un communiqué. M. Maliki réagissait ainsi pour la première fois officiellement au discours de M. Bush, qui avait annoncé l'envoi de 21.500 militaires américains en renfort en Irak, dont 17.500 soldats à Bagdad, s'ajoutant aux 132.000 hommes déjà présents dans le pays. Le Premier ministre irakien ne s'est cependant pas encore publiquement et personnellement exprimé sur le sujet. Il n'a pas commenté, en particulier, l'avertissement très clair de George Bush, si les autorités irakiennes ne parvenaient pas à remplir leurs obligations. Selon le président américain, le gouvernement irakien, dominé par les chiites, s'est engagé à prendre le contrôle de toutes les provinces irakiennes "d'ici novembre" 2007. Il pourrait cependant "perdre le soutien des Américains" s'il ne tient pas ses promesses, notamment en matière de désarmement des milices chiites. "L'engagement des Etats-Unis n'est pas illimité", a prévenu M. Bush. S'exprimant devant le Congrès, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a également jugé que le gouvernement de M. Maliki était "d'une certaine façon en sursis". Le bref communiqué rendu public hier ne fait aucune référence à ces avertissements. Sur un ton très mesuré -presque tiède-, M. Maliki assure que le plan Bush "vient soutenir la stratégie du gouvernement irakien de prendre le commandement et le contrôle des opérations de sécurité". Le Premier ministre cite comme exemple le futur plan de sécurité de Bagdad, dont la mise en œuvre est attendue dans les prochains jours, et qui sera "dirigé par les Irakiens, avec le soutien de la force multinationale". M. Maliki ne fait par ailleurs aucun commentaire sur l'envoi de renforts américains en Irak, alors que plusieurs de ses collaborateurs avaient auparavant fait état de son opposition à cette mesure. Au lendemain du discours du président Bush, un porte-parole de M. Maliki avait sobrement commenté que Bagdad n'avait "pas d'objection" à l'envoi de troupes supplémentaires. Alors que le plan Bush a suscité de vives critiques aux Etats Unis, y compris dans les rangs républicains. Sur le plan diplomatique, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a demandé à son homologue irakien Hoshyar Zebari que cessent les "actions illégales et aventuristes" des Etats-Unis en Irak. L'armée américaine avait arrêté jeudi six Iraniens lors d'une opération dans un "bureau de liaison" de la République islamique d'Iran à Erbil (nord), provoquant la colère de Téhéran et des autorités locales du Kurdistan irakien, tout en mettant dans l'embarras le gouvernement de Bagdad. Selon le département d'Etat, ces Iraniens, dont cinq sont encore détenus par l'armée américaine, sont liés aux Gardiens de la révolution iraniens.