Environ 2,88 millions d'élèves répartis sur un ensemble de 6093 établissements éducatifs ont retrouvé, hier, les bancs de l'école, avec une hausse de 41 mille élèves par rapport à l'année écoulée. Le nombre total des élèves inscrits dans les cycles préparatoire et primaire est estimé à 1,185 million d'élèves répartis sur 4581 écoles primaires, selon le Directeur Général du cycle primaire, Kamel Hajjem, qui a annoncé à cette occasion la création de 355 nouvelles classes préparatoires accueillant jusqu'à 6517 écoliers. Cartables au dos, coiffures impeccables et tabliers nickels, les petites têtes brunes ont repris, hier, le chemin de l'école pour cette rentrée riche en émotions pour certains, plus stressante pour d'autres, mais l'événement reste spécial pour toutes les familles tunisiennes. Les rues de Tunis étaient, tôt hier matin, plus bondées que d'habitude, la circulation plus difficile et les klaxons des automobilistes pressés remplissaient les airs. Plusieurs d'entre eux ont d'ailleurs dû zigzaguer ou emprunter des ruelles improbables pour déposer leurs enfants à l'heure. Les élèves semblent pour la plupart excités de retourner sur les bancs de l'école. On devine sur leurs visages les expressions de joie et de fierté d'être devenus "des grands". Certains paraissent cependant plus réticents à l'idée d'entamer un nouveau cycle avec sont lot d'incertitudes, ou, pour les habitués, de passer leur dernière année avec leurs camarades. Les parents d'élèves, non moins nerveux, remplissent les cours d'écoles et s'amassent devant les bureaux des proviseurs. Au collège de Khaznadar, un père tente de convaincre le directeur d'accepter son fils, affecté ailleurs, évoquant la bonne réputation de l'établissement et la compétence de son cadre éducatif et pédagogique. Une rentrée différemment perçue Toutefois, cette rentrée n'avait pas le même goût, pour certaines déshéritées où des écoles n'ont pas ouvert leurs portes, comme c'est le cas dans le gouvernorat de Kairouan où, selon certaines informations, des écoles primaires n'ont pas accueilli les élèves... en raison du manque ou de l'absence du personnel. Des responsables de la région ont affirmé que le gouvernorat compte un manque de plus de 1300 enseignants. Les habitants ont critiqué à ce propos, le comportement des responsables politiques, notamment le président du gouvernement et le ministre de l'Education qui s'étaient rendus dans des établissements scolaires où tout baignait dans les roses, alors que personne ne s'est occupé des écoles qui manquent de personnel, d'eau potable, d'infrastructure de base et, même du matériel le plus simple. Le Chef du gouvernement Youssef Chahed a donné hier le coup d'envoi de la nouvelle année à partir de l'école primaire de la Cité Chaker à Borj Touil (gouvernorat de l'Ariana) où il a notamment accompagné les élèves au salut du drapeau national. Il a affirmé dans une déclaration de presse à cette occasion que "surmonter les difficultés du système éducatif passe inéluctablement par une planification minutieuse". "Parmi les principales missions qui attendent le nouveau ministre de l'Education figure la relance du processus de réforme éducative, freiné ces dernières années par l'absence de planification sur le long terme entre autres raisons", a-t-il indiqué, soulignant que l'action gouvernementale se poursuit pour aplanir tous les obstacles et pallier aux lacunes du système éducatif. De nouvelles réformes Le ministre de l'Education Hatem Ben Salem, pour sa part, a indiqué que l'accent a été mis au cours de la période écoulée sur la réhabilitation des établissements éducatifs, dont l'infrastructure était en mauvais état pour bon nombre d'entre eux, et sur le traitement des problèmes d'effectifs du cadre enseignant ou encore des classes surpeuplées. "Nous travaillons actuellement sur de nouvelles réformes qui permettront de promouvoir davantage le secteur", a-t-il précisé. Plusieurs parents d'élèves ont déploré pour leur part le manque d'enseignants, les classes surpeuplées allant jusqu'à 44 élèves chacune et le mauvais état des sanitaires. Ils ont également dénoncé, dans une déclaration à l'agence TAP, les dangers encourus par les élèves en raison du passage de camions poids-lourd devant l'école, soulignant que des accidents tragiques ont déjà eu lieu par le passé, coûtant la vie à plusieurs élèves. De son côté, le secrétaire général de l'Union Générale tunisienne du travail (UGTT) a mis en relief vendredi, l'importance de l'école publique dans la formation de plusieurs générations qui sont au service de la patrie, estimant que l'école étatique reste un pilier principal du secteur de l'enseignement en Tunisie. Taboubi a souligné dans une déclaration, lors de l'inauguration de l'école primaire "Farhat Hached" à Korba (gouvernorat de Nabeul), l'importance de la contribution de la société civile et des hommes d'affaires dans la consolidation de l'effort national visant la promotion des établissements éducatifs et l'investissement dans le secteur de l'enseignement. La création de cette nouvelle école donne espoir aux enfants, aux parents ainsi que la famille éducative pour travailler dans de bonnes conditions, a affirmé Tabboubi. Baptiser cette école au nom du martyr Farhat Hached est une reconnaissance au long parcours de militantisme de ce martyr, a encore dit Tabboubi. 13800 postes vacants S'agissant de la vacance des postes dans les établissements éducatifs, le secrétaire général de la centrale syndicale a estimé que le dialogue est en cours, rappelant une réunion tenue jeudi avec les ministres des finances et de l'éducation pour trouver une issue à cette question. Quelque 13800 postes vacants sont recensés dans le secteur de l'enseignement de base et 1780 dans l'enseignement secondaire, selon la même source. La situation nécessite le recrutement des enseignants pour ne pas priver des élèves de leur droit à la rentrée scolaire, a fait remarquer Tabboubi, formant le souhait de parvenir à une solution qui prend en considération la situation financière de l'Etat et les efforts déployés par les enseignants suppléants. Pour sa part, le secrétaire général du syndicat général de l'enseignement de base, Mastouri Gammoudi, a indiqué qu'il n'est pas question de parler de la privatisation du secteur de l'enseignement en Tunisie. L'école étatique est une fierté pour les Tunisiens malgré les défaillances et les difficultés enregistrées dans ce secteur sur le plan du délabrement de l'infrastructure et le manque des ressources humaines. Le secrétaire général du syndicat de base de l'enseignement primaire à Korba, Hatem Ben Romdhan a estimé, de son côté, que ce nouveau-né contribuera à résoudre les problèmes de surcharge dans les classes dont certaines comptent plus de 40 élèves, pouvant ainsi nuire au bon déroulement des cours.