A la lumière de ce qui s'est passé dans le sud, notamment à Gabès, Tataouine et Kébili, avec les premières pluies diluviennes, on peut imaginer ce qui attend le pays, au cours de cet hiver qui s'annonce, somme toute, rude. Les inondations ont fait des victimes, notamment le délégué de Matmata et le chef de poste de la garde nationale de Matmata Al Jadida, morts lors de l'accomplissement de leur devoir, en cherchant à venir en aide à des écoliers dont l'établissement avait été isolé par les crues et les inondations. Par ailleurs les corps de deux citoyens d'Ayoum Zakrin et Sidi Touati du gouvernorat de Gabès, disparus depuis samedi, ont été retrouvés dimanche matin. Cela s'ajoute au décès d'un agent de la Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz (STEG), âgé de 47 ans, qui a été électrocuté, dimanche après-midi, en réparant une panne survenue dans la localité d'El Hmila à Gabès. Certes, il est difficile de prévoir les dégâts que peuvent faire des pluies torrentielles et même les pays les plus nantis, notamment les Etats Unis d'Amérique, la plus grande puissance du monde, ne peuvent rien faire contre la colère de la nature. Toutefois, si on ne peut pas faire face à toutes les éventualités, il y a quand même la possibilité de prévenir certaines situations, notamment à travers le curage des oueds et l'entretien des canaux d'évacuation des eaux usées et celles des pluies, ce qui n'est pas le cas, aujourd'hui, chez nous. Le sud n'a pas connu depuis belle lurette pareilles pluies torrentielles, ce qui semble avoir tranquillisé les responsables, dans ces régions, et il a suffi de peu, pour que la situation dégénère davantage... tout cela parce qu'on n'a pas cherché à entreprendre des mesures de prévention. D'autres régions risquent de subir le même sort, avec des catastrophes plus importantes. Il faudrait donc s'y prendre d'avance pour éviter le et, surtout, les pertes humaines. Anticiper A Tataouine, le ministre des Domaines de l'Etat et des affaires foncières, Mabrouk Korchid a présidé, sur instructions du Chef du gouvernement, dimanche, au siège du gouvernorat, les travaux de la réunion de suivi de la commission régionale des catastrophes et d'organisation des secours dont les séances sont restées ouvertes, depuis vendredi dernier. Le ministre a souligné, dans une déclaration, qu'il s'est rendu au nom du gouvernement à la délégation de Bni Khedech pour présenter ses condoléances à la famille du martyr de la garde nationale, qui accomplissait son devoir, le lieutenant Mehdi Haddad, affirmant que le gouvernement fera le nécessaire vis-vis des enfants du disparu, au double plan moral et matériel. Il a ajouté que les agents de l'administration décédés étaient sur le terrain pour protéger les citoyens ce qui constitue, selon ses dires, plus d'un message. Le directeur régional de la protection civile Mabrouk Saafi a rappelé les interventions des équipes de la protection civile pour pomper les eaux des habitations, venir au secours de voitures bloquées et inspecter des situations de danger. Il a fait savoir que la protection civile a opté pour l'arrêt de la circulation sur toute route traversée par les eaux coulantes d'un oued afin de protéger les citoyens de tout comportement irréfléchi, ce qui, selon lui, a donné ses fruits, soulignant que toutes les parties et les membres de la commission ont répondu à l'appel, ce qui a limité les dégâts. Mieux vaut tard que jamais Pour sa part, le ministère de l'Education a indiqué dimanche que des mesures ont été prises pour protéger les élèves dans les établissements éducatifs à la suite des fortes précipitations enregistrées dans le sud tunisien. Le ministère affirme dans un communiqué que tous les élèves et le personnel des établissements éducatifs dans les régions du sud se portent bien. Les opérations de suivi se poursuivent en coordination avec les différentes parties concernées pour faire face à tout imprévu, a ajouté le communiqué. Les unités de la protection civile ont évacué hier 90 élèves de l'école primaire El Afam Bani Zliten à Matmata (gouvernorat de Gabès), a indiqué dimanche le ministère de l'Intérieur. Des quantités de pluies importantes se sont abattues ce week-end sur les régions du sud entraînant la crue de plusieurs oueds, la perturbation de la circulation et l'encerclement par les eaux de plusieurs bâtiments et établissements. Prévenir plutôt que guérir Suite à ces inondations ayant aussi engendré une situation extrêmement dangereuse pour les habitants de cette région dont plusieurs d'entre eux ont été empêchés de rentrer chez eux, le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Nourredine Taboubi a contacté le président de la République, Béji Caïd Essebsi pour l'inviter à intervenir auprès des parties concernées afin de les inciter à redoubler d'efforts pour venir en aide aux personnes en difficulté, annonce un communiqué de l'organisation ouvrière. Selon la même source, le secrétaire général de l'UGTT assure le suivi de la situation avec les secrétaires généraux des unions régionales du travail dans les régions sinistrées. Ces interventions tardives sont, certes, louables, mais les responsables politiques, syndicaux et de la société civile auraient mieux fait d'anticiper et de mettre en garde contre pareils développements.Toutes les autres régions du pays encourent les mêmes risques, et le secrétaire général de la centrale syndicale, aurait dû appeler, aussi, à veiller à leur protection contre des risques pareils qui sont, potentiellement, possibles, aussi bien, dans le sud que dans le nord du pays et, même, dans la capitale. Certes, l'anticipation n'est pas le fort des responsables, mais à nouvelles situations, il est important de prévoir, afin d'éviter les drames et la colère des citoyens. Mobilisation à la recherche du délégué disparu Les recherches se sont poursuivies, hier, dès l'aube, pour retrouver le délégué de Matmata El Jedida, Mohsen Ben Ansi, porté disparu depuis trois jours, au niveau de l'oued Lafam. Le gouverneur de la région Monji Thameur qui s'est rendu sur place a indiqué, au correspondant de la TAP, que 150 soldats et 100 agents de la protection civile des gouvernorats de Gabès, Gafsa, Sidi Bouzid, Kébili, Médenine et Tataouine participent à ces recherches, ainsi que 200 ouvriers de chantiers, des équipes de scaphandriers et des brigades canines. Il a ajouté qu'un hélicoptère sera mobilisé pour appuyer les recherches. Plusieurs composantes de la société civile et des habitants de MatmataEl Jadida prennent part aux recherches affirmant à l'agence TAP que " les pluies enregistrées, samedi, dans leur région étaient exceptionnelles ".