Le Mouvement projet pour la Tunisie (Al Machroû) a annoncé, hier au cours d'une conférence de presse, son retrait du pacte de Carthage et la fin de son soutien au gouvernement d'union nationale. Mohsen Marzouk, secrétaire-général du parti, a expliqué que cette décision a été prise suite à plusieurs constats dont celui qui affirme que l'actuel gouvernement est inefficace et que le système politique avec lequel est dirigé le pays ne contribue pas à la bonne gouvernance. Cette annonce est la deuxième de son genre après celle d'Afek Tounes qui, il y a quelques semaines, avait décidé de quitter le gouvernement d'union nationale et le pacte de Carthage. Ayant perdu en route quatre de ses plus importants dirigeants – Riadh Mouakher, Faouzi Abderrahmane, Abdelkoddous Saâdaoui et Hichem Ben Ahmed qui ont refusé de quitter le gouvernement et ont gelé leur adhésion au sein du parti – Afek Tounes, présidé par Yassine Brahim, a persisté et a officialisé son positionnement au sein de l'opposition. Lors d'une récente déclaration accordée à Shems FM, Yassine Brahim a assuré que l'union nationale n'existe plus et que le crédit politique du gouvernement de Youssef Chahed a été épuisé. Pour sa part, Al Jomhouri a procédé en deux étapes ; dans un premier temps, il a quitté le gouvernement d'union nationale après que son unique représentant, Iyed Dahmani, ait présenté sa démission du parti. Dans un second temps, et après avoir pourtant assuré que le pacte de Carthage l'intéressait toujours, Al Jomhouri a décliné l'invitation de la présidence de la République à la réunion des signataires du pacte, tenue le 6 janvier au palais de Carthage, sous la présidence du président de la République Béji Caïd Essebsi. Dans un communiqué signé par son secrétaire-général Issam Chebbi, Al Jomhouri a expliqué sa décision par la perte de sens totale du contenu du document en question surtout suite aux récentes augmentations des prix et des taxes apportées par la nouvelle loi de Finances 2018. De son côté, et même s'il n'a pas officiellement annoncé son retrait du même pacte, Zouhaier Maghzaoui, secrétaire-général du mouvement Achab, a boycotté la dernière réunion des signataires en expliquant que tout ce qui a été pris comme mesures sociales n'est, en réalité, que de la poudre aux yeux visant à endiguer la colère générale. Parallèlement à tous ces départs, l'Union patriotique libre (UPL) a fait son grand retour représentée, lors des réunions, par sa vice-présidente et porte-parole, Samira Chaouachi. L'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) qui vient d'élire un nouveau bureau exécutif et un nouveau président, Samir Majoul, a rassuré, lors des premières déclarations de ce dernier, sur les intentions de la centrale patronale en ce qui concerne ses engagements relatifs au pacte de Carthage. Toutefois, le nouveau patron des patrons a déclaré que l'UTICA proposera la mise en place d'un nouvel accord relatif à l'économie nationale. Dans ce paysage flou et l'avenir incertain de l'initiative de Béji Caïd Essebsi, lancée le 2 juin 2016, certains signataires demeurent impliqués totalement pour ce pacte. Kamel Morjane, président du parti Al-Moubadara, a assuré que l'accord de Carthage est une ‘tentative audacieuse' qui rappelle à toutes les parties concernées les priorités nationales qui doivent être respectées et concrétisées afin que le pays puisse sortir de sa crise actuelle. Pareil pour le chef du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui rappelle, à chaque occasion, son engagement total envers ce document et ses principes. Toutefois, et malgré l'implication de certains, l'initiative présidentielle s'affaiblit de jour en jour et cela impactera, d'une façon ou d'une autre, le gouvernement.