Le président du parti d'Afek Tounès, Yassine Brahim, a profité d'un meeting populaire pour revenir sur la situation politique du pays. Ainsi, l'ancien ministre de la Coopération internationale du temps d'Habib Essid a choisi de s'attaquer à l'alliance entre les mouvements de Nidaa Tounès et d'Ennahdha en la qualifiant d'une illusion servant uniquement des objectifs temporaires. Pour Yassine Brahim, tout parti politique œuvrant pour un projet sociétal progressiste et moderne ne peut pas travailler avec Ennahdha qui, en sa qualité de mouvement islamiste, ne peut pas s'éloigner de son projet initial fondé autour des principes de l'islam politique. En ce qui concerne les résolutions prises par Ennahdha lors de son dixième congrès – la séparation du volet politique et religieux et la mutation vers un parti entièrement civil – le président d'Afek Tounès a estimé que seules cinq années à l'opposition pourront nous dévoiler l'authenticité de ces engagements. Pour lui, Ennahdha ne peut pas changer du jour au lendemain et doit donc présenter des preuves sur la sincérité de sa mutation aux Tunisiens. Rappelant les assassinats, les actes terroristes et tous les incidents de violence survenus lors du règne de la Troïka, Yassine Brahim a maintenu que seule l'opposition peut aider Ennahdha à révéler ses réelles intentions au large public. Des déclarations surprenantes de la part de celui qui a toujours cherché à se positionner en bon modérateur entre les différentes composantes de la scène politique. Ces déclarations surviennent, aussi, à la veille de la création d'un Front parlementaire qui se veut équilibrant et stabilisant face à l'alliance devenue pesante de Nidaa Tounès et d'Ennahdha. Toutefois, ces propos ne sont pas tombés dans de sourdes oreilles et ont vite fait réagir les dirigeants du mouvement islamiste. Ainsi, le président du bloc parlementaire d'Ennahdha, Noureddine Bhiri, a estimé, lors d'une déclaration accordée à la radio Shems FM, que "celui qui ose mettre en doute Ennahdha et son chef, Rached Ghannouchi, n'est pas encore né". Son collègue, Abdelatif Mekki, n'a pas été plus tendre envers Yassine Brahim en le traitant de technocrate n'ayant aucune connaissance de l'action politique. Pour Mekki, le président d'Afek Tounès a tenu des propos inappropriés et impolis envers Ennahdha. Le député a appelé Brahim à éviter ce genre de propos puisque le peuple tunisien déteste les partis politiques qui prennent pour ligne politique les insultes. Après le clash Nidaa Tounès Al Jomhouri – clash qui a tout de même coûté un retrait du gouvernement – vient ce conflit opposant Ennahdha à un parti qui est bien plus pesant qu'Al Jomhouri. Afek Tounès qui fâche déjà Nidaa Tounès avec son projet du nouveau Front parlementaire, vient de renforcer sa "mauvaise réputation" au sein du gouvernement d'union nationale et en sa qualité de l'un des principaux signataires du pacte de Carthage ce qui risque d'alimenter encore plus la tension à l'approche de la discussion du projet de loi de Finances 2018. Alors que l'assise politique dont bénéficie Youssef Chahed est de plus en plus critiquée, les chamailles opposant les différentes composantes de cette même assise viennent accentuer le malaise politique général dans lequel vit le pays.