Nous croyons que nous avions tout vu, en matière de bassesse du discours politique, lors de la période de la Troïka et de l'Assemblée nationale constituante. Entre les Sonia Ben Toumia et les Brahim Gassas, il faut avouer que nous avions eu droit à des shows politiques et parlementaires épiques et inimitables. Après les élections de 2014, certains d'entre nous pensaient, innocemment, que cette ère était belle et bien révolue. C'était sans compter sur les élus de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), les chefs et autres dirigeants des partis politiques mais, aussi, sur nos nouveaux responsables. Il suffit en effet qu'un événement, majeur ou mineur soit-il, survienne dans le pays pour que nos acteurs politiques prennent la parole et nous éblouissent avec des allocations des plus surprenantes : tout récemment, le député de la ‘Voix des agriculteurs', Fayçal Tebini, a pris la parole au Parlement pour s'attaquer à sa collègue Bochra Bel Hadj Hamida. En plein débat atour d'un projet de loi relatif aux sanctions qui seront désormais appliquées sur les voleurs du bétail, le député n'a visiblement pas apprécié que certains de ses collègues votent contre ces mêmes sanctions jugées trop sévères. Donc pour bien exprimer son mécontentement, Fayçal Tebini – celui même qui, en assistant à un match de football, s'est permis d'insulter des agents de l'ordre – a lancé un grand « maudits soient ces droits de l'Homme ! ». Bien que cette intervention ne mérite aucune profonde analyse, sa mention est plutôt importante pour le reste de notre article dans la mesure où Fayçal Tebini est devenu une référence en la matière. Toujours au cours de la même semaine, le député du Front populaire, Ammar Amroussia – auteur de la fameuse déclaration ‘ton fils chez toi' qu'il adressée au président de la République lors de la séance du vote de confiance à Habib Essid – s'est attaqué, cette semaine, au gouvernement de Youssef Chahed suite à l'annonce des résultats du concours de la Compagnie des phosphates de Gafsa. Des résultats contestés à Gafsa où un jeune homme a tenté de s'immoler par le feu. Pour Ammar Amroussia, le gouvernement actuel et ses membres sont comme les Français ; méprisant les gens du sud et adorant le phosphate, les actuels responsables seraient, toujours selon le député, des fainéants qui cherchent les gains faciles et qui ne se soucient guère des attentes du peuple et surtout du peuple du sud. Un discours discriminatoire qui met en évidence la scission entre le sud et le reste du pays ; ce genre de discours a conduit, à plusieurs reprises depuis le 11 janvier 2011, à de malheureux incidents de haine et de violence. Cependant, jouer sur le régionalisme est devenu monnaie courante chez certains à l'instar de l'ancien président provisoire de la République, Moncef Marzouki, qui ne rate plus aucune occasion, ni aucun discours, pour rappeler à celui qui veut bien l'entendre que la Tunisie est le pays où l'inégalité régionale prime...