Dans une exposition rétrospective tenue à la galerie des arts (ex centre des arts vivants) au Belvédère, Ali FENDRI nous invite à l'accompagner dans son exposition personnelle censée illustrer son périple pictural de quarante ans entamé en 1976 à la fameuse galerie de l'information aujourd'hui dédiée à des activités de promotion artisanale. Ali FENDRI était élève de l'ancienne école des Beaux arts créée en 1923 et héritée par l'ITAAUT en 1972 lequel a repris les enseignements de l'ex-école des Beaux arts en les remodelant. La formation d'Ali FENDRI s'est faite dans le cadre d'une pédagogie centrée sur l'apprentissage des arts du dessin et de la peinture et qui visait à acquérir les techniques de représentations selon les conceptions académiques anciennes de la fin du XIXe siècle et des conventions de fidélité aux modèles et à la représentation des objets ou des figures selon la bonne proportion et la bonne mesure. Le dessin : Quand on voit aujourd'hui le travail très méticuleux des dessins d'Ali FENDRI exposé à la galerie des arts, nous sommes enclins à regretter cette époque où les étudiants pouvaient acquérir très rapidement des techniques de représentation, de dessin, de pastel, du fusain, ou simplement de la peinture à l'huile: Ce qui leur permettait de figurer, de peindre les paysages, les intérieurs en très peu de temps. Ces merveilles artistiques obtenues à force d'exercice ne sont plus à l'ordre du jour. La formation artistique de nos étudiants passait par des acquisitions de techniques nombreuses dont celles du clair-obscur, de la perspective, des valeurs, des aplats, du volume sans parler des autres approches techniques. Voyez les dessins réalisés par Ali FENDRI aujourd'hui et surtout ceux des têtes de chevaux et qui grâce à la patience et au sens de l'observation de l'artiste reprend au crayon et en détail poil par poil la masse de la crinière du cheval et sa configuration générale mais aussi dans sa différenciation et par rapport aux autres éléments morphologiques, aux yeux, aux oreilles et de toute la tête du cheval. La technique du clair-obscur, des coups de crayon créant l'ombre par rapport à la lumière, participe à créer l'effet escompté du volume. Le style est réaliste en tous les cas, il restitue d'une manière vivante l'objet représenté. Oui, Ali FENDRI est un très bon dessinateur. Il a été effectivement formé pour l'être. Dans ses réalisations de dessin, il a réussi à traduire les principes appris et exécutés dans des œuvres représentants des animaux ou des personnages d'une très bonne facture. La peinture : Les autres réalisations qui ont attiré notre attention sont les tableaux de peinture figurative dont celui du vendeur de kabak, suggestifs à souhait et restituant à merveille la grande sobriété de la scène et de sa composition équilibrée et sereine. Le personnage central du tableau représente un marchand qui dit toute la noblesse de son travail et en même temps la précarité de sa situation. Le peintre Ali FENDRI est un peintre réellement performant. C'est également un dessinateur hors pair. Il exprime dans ses représentations réalistes ou plutôt très bien composées une grande économie dans les moyens. Ceci est valable aussi lorsqu'il peint avec les couleurs. Il est également très serein et sage dans ses proportions. Ali FENDRI refuse les représentations apparemment orientalistes et s'oriente vers l'expression silencieuse de l'essentiel. Il réalise de très belles œuvres avec une grande économie de moyens plastiques pour arriver dans une sorte de raccourci expressif à dire le monde et les choses d'une manière presque très simple, mais combien expressive sans grande malice et sans ruse aucune ! L'autre expérience qu'Ali FENDRI a tenté de nous montrer, est celle des œuvres géométriques qui constituent la plus grande partie de l'exposition. Presque en déséquilibre par rapport aux dessins, elles occupent quand même une salle entière. Les travaux de peinture exposés ne sont pas très nombreux. Ceux décoratifs et géométriques semblent avoir été privilégiés par le peintre qui semble ainsi indiquer sa préférence pour ce genre de peinture. Evidemment, ces tableaux sont des œuvres abstraites et ont pour titres « Reflets », « Equilibre », « Ombre et lumière », et presque toutes ses œuvres sont appelées « Composition ». Leurs dimensions sont moyennes et de l'ordre de 0,70 à 0,80 m et sont toutes réalisées à l'huile sur toile, et presque tirées sur le même plan. Ces travaux ont coûté de grands efforts pour le peintre. Ces efforts sont plutôt techniques, des milliers de droites exécutées (à l'huile), d'autres droites pour couper des droites en diagonal, en parallèle. Des milliers de parallèles, des reflets, des réverbérations, un monde mécanique et cosmos interstellaire. Un travail de précision, un travail fou totalement libéré des images, de belles images d'animaux ou de personnes qui travaillent, qui vivent, qui aiment naturellement et simplement. Ali FENDRI entre une église d'un Dieu géomètre. Il serait lui-même un Dieu soufi ou un Dieu de la spiritualité, un Dieu des mathématiques peut-être. Ali FENDRI excelle certes dans le « traçage » des itinéraires, des lignes, des droites quelques fois droites quelques fois courbes, sans grandes fantaisie. En fait, on ne fantasme pas avec Ali FENDRI, on ne badine pas avec les lignes droites sans faille, même lorsqu'elles créent des zones d'ombre et de lumière, des perspectives et qu'elles s'éparpillent en autant de diamants que nécessaire tournoyant ou s'effaçant, se regroupant à la verticale ou à l'horizontale. L'effort de l'artiste semble être colossal. Nous lui rendons hommage pour ce travail gigantesque, énorme, mais que malheureusement nous n'apprécions pas à sa juste valeur parce qu'il est réducteur, froid comme du métal. Nous voudrions insister sur la grande compétence technique d'Ali FENDRI dans le dessin à main levée et même quelques fois dans les dessins techniques de haut niveau. La peinture développée par le peintre que nous connaissons déjà nous semble un terrain que le peintre occupe avec beaucoup de bonheur et où il déploie les grandes possibilités combinatoires mais il serait peut-être indiqué que le peintre se consacre à de nouveau à la figuration pour nous dire toute la beauté du monde et sa truculence et la poésie qui en émane. Serait-il capable d'entreprendre ce travail ?