Le développement à l'international constitue un vrai enjeu pour les entreprises tunisiennes qui ont encore du mal à intégrer les chaînes de valeur mondiales. Une situation qui fait perdre au pays de précieux points de croissance. Une étude signée PRODATA confirme les éternels obstacles qui se dressent devant les PME, bridant leurs ambitions à l'export . La Tunisie a encore du chemin à parcourir pour se tailler une place dans le panorama industriel mondial. Le fait est que les PME exportatrices du pays sont encore insuffisamment intégrées dans les chaines de valeurs mondiales. Les industriels ont des difficultés de pénétrer les marchés et d'obtenir les financements nécessaires. À cela s'ajoutent la lourdeur des procédures douanières, les coûts «époustouflants» liés au transport et à la logistique et aussi à la couverture du risque de change. Certains pointent les difficultés d'accès à l'information sur les marchés et le manque d'innovation. Toutes ces entraves ont été soulevées au cours d'un workshop sur « les entraves à l'export pour les PME tunisiennes », organisé par le CONECT International en présence d'Omar Bhéhi, ministre du Commerce et Tarek Cherif président de la Conect ainsi qu'un nombre d'exports, de chefs d'entreprise et des représentants des parties prenantes à l'export. Ce débat nocturne a été l'occasion de présenter les résultats de l'étude élaborée avec le cabinet PRODATA sur le sujet. L'étude sur les entraves à l'export est présentée par Mohamed Torjman et jelila Ben Soltane du Cabinet PRODATA en présence des différentes parties prenantes en relation : ministères, structures d'appui, institutions financières et bancaires, opérateurs économiques... Elle comprend un échantillon de 300 entreprises avec un volet qualitatif qui a pour but d'analyser les différentes barrières au développement de l'export des PME tunisiennes, ainsi qu'un volet quantitatif qui a été réalisé selon un sondage d'opinion. Celui-ci a permis de valider les résultats primaires, de segmenter les entreprises selon les types d'exportations et de classer les freins des non-exportateurs et les motivations des exportateurs. L'objectif était d'identifier les freins et les obstacles auxquels font face les PME, aussi bien à leur propre niveau qu'au niveau de leur environnement. Cette étude vise aussi à initier une perspective sur la stratégie à mettre en place et les réformes à envisager pour augmenter les performances de l'économie tunisienne. Les chiffres sont édifiants : 16,3% des PME sondées exportent à l'étranger. 83,3% des entreprises interrogées ne détiennent pas une activité export et 61% ne prévoient même pas de s'y lancer à l'avenir. 63,3% des entreprises exportatrices et non exportatrices ne sont pas intéressées par de nouveaux marchés d'export. A titre de comparaison, la Malaisie dispose de 90.000 exportateurs représentant 4% des entrepreneurs. Autre exemple, la Turquie compte 61.000 sociétés exportatrices (8% du tissu économique). Ces chiffres montrent à la fois l'incapacité des entreprises, surtout les PME, à franchir le pas de l'export et la faiblesse ou l'inadéquation des dispositifs mis en place pour booster les flux sur les marchés internationaux. Monia Saïdi, présidente de la Conect international a, à cette occasion, affirmé que les petites et moyennes entreprises tunisiennes sont confrontées à des grandes difficultés à l'export. La présidente de Conect international a appelé les structures concernées à mettre en place une stratégie nationale pour développer davantage l'export et les services financiers et bancaires au profit des entreprises exportatrices à travers des facilités financières et la simplification des procédures administratives. Jelila Ben Soltane, (PRODATA) a, pour sa part, présenté les entraves à l'export notamment liées notamment l'accès au financement, aux problèmes logistiques et douaniers et à la mentalité de l'exportateur tunisien qui n'est pas encore adaptée aux besoins des activités internationales. Omar Béhi a rappelé que le ministère du Commerce a mis en place plusieurs mesures au niveau du transport, de la douane, des banques et de la Banque centrale pour impulser l'export. Il a souligné que le ministère a œuvré à digitaliser les procédures pour faciliter aux chefs d'entreprise l'octroi les autorisations nécessaires à l'export. Pour conclure, le ministre a rappelé que le gouvernement a doublé le budget alloué au Fonds de promotion des exportations pour atteindre 40 millions et 80 millions de dinars en 2019. Cette rencontre a été bénéfique puisque elle a permis d'écouter les opérateurs économiques et de les informer des différents outils d'aide et de soutien à l'exportation. Elle a permis de comprendre avec précision quelles sont les contraintes qui empêchent les PME tunisiennes de se développer, notamment, en saisissant des opportunités d'intégration dans des chaines de valeur mondiale.