À la ville de la Marsa les choses deviennent plus graves et elles ne sont pas de tout repos : elles menacent bel et bien la santé des résidents de cette banlieue. En effet, une déchetterie située entre la route de la Marsa et Gammarth, 24/24 en état de fumée, est cancérigène. Elle dégage des éléments toxiques en polluant l'air à tel point que les habitants à proximité n'osent plus ouvrir leur fenêtre même quand ils ont chaud. Au commencement du temps estival, à l'évocation de la banlieue nord et plus particulièrement de la Marsa, vient à l'esprit des visiteurs et des touristes l'image d'un quartier « chic » où il fait bon vivre et où la respiration d'un air méditerranéen pur est de mise. Or, la réalité d'une grande partie des habitants de cette station balnéaire n'a rien à voir avec ces clichés de la bonne plage et des glaces. Aujourd'hui, les choses deviennent plus graves et elles ne sont pas de tout repos car elles menacent bel et bien la santé des résidents de cette banlieue. En effet, une déchetterie située entre la route de Gammarth, 24/24 en état de fumée, est cancérigène. Elle dégage des éléments toxiques en polluant l'air à tel point que les habitants à proximité n'osent plus ouvrir leur fenêtre même quand ils ont chaud. Au rapprochement de ce dépôt anarchique, l'asphyxie fait son travail. Sans aucun doute, les habitants des résidences luxueuses et populaires situées à proximité respirent un air intoxiqué qui les tue à petit feu. Cela se passe dans un silence total de la part du pouvoir politique depuis maintenant plus de 8 ans. C'est l'élection qui prime, les actions de fond peuvent attendre. À chaque demande de résolution d'un problème de fond, après ladite « révolution », c'est le même son de cloche : il n'y a pas d'argent dans les caisses de l'Etat. Une déchetterie improvisée Le problème de la pollution qui se trouve entre la route de la Marsa et celle de Gammarth provient du dépôt anarchique d'ordure et de déchetterie de la Marsa-Est. Au tout début des années 2000, ce même dépotoir recevait les ordures ménagères de l'ensemble de la banlieue nord mais effectuait à l'époque tout juste l'opération de transvasement et par la suite envoyait cela à un endroit qui s'appelait Borj Chakir, un lieu qui se trouve sur la route de Bizerte. C'est en effet un site plus ou moins ordonné, sous le contrôle de l'Etat, dont la décharge est relativement supervisée. Par la suite, et plus particulièrement à partir de 2011, les choses deviennent plus anarchiques et en même temps, les municipalités ont perdu de leur pouvoir de contrôle sur les pratiques illégales. Ainsi, les déchets ménagers qui furent envoyés à travers des gros camions au site de Borj Chakir deviennent de plus en plus couteux. Ainsi, les sous-traitants par souci d'optimisation cherchent de plus en plus les courtes distances. De ce fait, la plupart des municipalités de la banlieue nord notamment de la Goulette, du Kram, du Sidi Bou Said et de Carthage, choisissent de plus en plus la route entre la Marsa et Gammarth positionnée à 400 mètres de Sahl Gammarth pour décharger de grandes quantités de déchetterie et d'ordures de toute sorte. Cela s'opère en toute ignorance des habitants. Il importe de signaler que ces déchets sont organiques. Les transporteurs qui déchargent ces matériaux nocifs opèrent ce que l'on appelle un « enfouissement ». Or, cet enfouissement selon les normes de l'OMS et les standards internationaux relatifs à l'environnement, est strictement interdit. En effet avec la chaleur du mois d'été, ce site désordonné devient en état d'ébullition permanente. Cet aspect produit des nuages toxiques. Avec le vent, cela peut atteindre le ciel et l'oxygène de Carthage. Pour ceux qui habitent à proximité de ce lieu apocalyptique, les plus sensibles ont des picotements dans la gorge et toussent la nuit. Cette fumée empoisonnée empêche par conséquent de dormir la nuit lors des pics de chaleur au mois d'aout. Des démarches auprès de la municipalité Youssef Jaghmoun, un habitant des lieux, suit cette affaire depuis 2012. Il confirme avoir entrepris des démarches auprès de la municipalité de la Marsa et également auprès du ministère de l'Environnement. Il a même été contacté par l'Agence nationale pour la protection de l'environnement (ANPE). Celle-ci avait fait un rapport qu'elle avait soumis à la municipalité de la Marsa. Ce rapport mettait l'accent sur le fait que la municipalité commettait une grande infraction sur ses propres citoyens en procédant par la technique de l'« enfouissement » des résidus ménagers. Ce rapport a été également envoyé au gouvernorat de Tunis. L'aspect mentionné est une gestion des restes qui est contre la réglementation en vigueur en matière de respect de l'environnement. Depuis, ce rapport datant de 2017, la municipalité de la Marsa avait fait signe aux municipalités de la Goulette, du Kram, de Carthage et de Sidi Bou Said de ne plus déposer leur déchetterie sur ce site. Cette interdiction aux voisins, n'a pas empêché la municipalité de la Marsa et de ses prestataires privés de continuer à verser dans ce même endroit : décharges de déchets organiques, ruines des travaux de construction ainsi que résidus du jardinage. Une réclamation a été envoyée au ministère de la Santé. Vers fin 2017, le personnel de ce ministère avait mis des appareils pour mesurer le degré de nocivité des particules émises dans l'air. Ils sont arrivés à la conclusion que ce taux de pollution relève du « jamais vu », selon le propos de notre interlocuteur. Le constat est donc lamentable ; mais que faire ? Quelle solution ? Les habitants du quartier, de cité El Habib, situé à 500 mde la déchetterie mettent l'accent sur le fait que ce lieu ne doit plus servir comme dépotoir d'autant plus qu'il se trouve à proximité de quartiers très peuplés, entre autres, Bhar Lazreg, Sahl Gammarth et la cité El Habib. D'ailleurs, il n'y a pas la moindre rationalisation de cette déchetterie improvisée tels que le recyclage, le tri des déchets ou de leur combustion de façon respectant l'environnement et surtout soucieuse du risque sanitaire qu'encourent les résidents. Pour résoudre le problème sur le court terme, les habitants demandent le déploiement de « gros moyens » par la municipalité : un avion par exemple permettant d'éteindre la fumée de cet endroit apocalyptique, comme ce fut le cas avant ladite « révolution ». Car maintenant, les chargeurs télescopiques ainsi que les tracteurs de nettoyage ne peuvent pas rentrer sur ce site car les pneus de ces engins ne peuvent pas supporter la chaleur du sol ; en ce sens faut-il penser à des chenilles pour ces véhicules ? Les habitants placent en outre beaucoup d'espoir sur la nouvelle équipe d'indépendants qui vient de gagner les élections municipales de mai 2018 notamment l'équipe de Slim Meherzi. Ils attendent beaucoup d'une politique qui promet le « changement » et qui se dit « citoyenne ». Concrètement, ils attendent prioritairement une résolution du problème de la station d'épuration qui dégage une odeur nauséabonde ; outre et principalement la fermeture immédiate et le nettoyage de cette déchetterie improvisée qui longe cette même station. Selon les résidents de la Marsa-Est, les élus dans leur programme adoptent une rhétorique de l'environnement sans vouloir s'attarder ou attaquer de front les problèmes structurels qui menacent réellement la vie des gens dans cette ville considérée le plus souvent comme huppée. Autrement dit, ces élus n'ont pas réellement des projets ad hoc afin de développer la ville : améliorer les conditions de vie de leurs compatriotes et respecter la dignité de l'humain. Dans cette perspective, la solution n'est pas uniquement locale, elle implique un effort national et une intervention de l'Etat. Celui-ci pour l'instant laisse les choses s'empiler et oublie le contrat moral et social qui le lie avec ces gouvernés.