La hausse des prix ne fera qu'accentuer la crise sociale et augmenter la pression sur la population et les entreprises, a averti hier l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), signe d'un nouvel haussement contre le gouvernement. «La dernière hausse des prix du carburant et les augmentations programmées, et qui sont dictées par les bailleurs de fonds internationaux, vont alourdir les charges des citoyens et aggraver la situation des entreprises économiques. Et cela fera inéluctablement plonger le pays dans une spirale de hausses de prix, qui ne fera que détériorer davantage le pouvoir d'achat de la population et accentuer le commerce parallèle et la contrebande », a souligné le Bureau exécutif de l'organisation dans un communiqué incendiaire. La centrale syndicale a estimé que toute nouvelle augmentation des prix des produits de base, y compris les produits subventionnés, les médicaments ou même les services sociaux comme le transport, constituera un facteur d'aggravation des tensions sociales dont seul le gouvernement et la coalition au pouvoir assumeront la responsabilité, tout en rappelant qu'elle défendra le droit à la protestation pacifique. Soulignant la nécessité de procéder à l'intégration des acteurs du secteur souterrain dans l'économie informelle et de la lutte contre la corruption et la contrebande, le Bureau exécutif de l'UGTT considère que les dernières mesures «précipitées» et «impopulaires» prises par le gouvernement dénotent, encore une fois, l'absence d'une vision stratégique et une mauvaise gestion de la crise. «Ce genre de mesures circonstancielles et de replâtrage a amené l'UGTT a réclamer un changement radical du gouvernement qui en assume la responsabilité», a précisé l'organisation, tout en réitérant son refus de la hausse du taux directeur de marché monétaire (TMM) décidée récemment. La centrale syndicale a dénoncé, d'autre part, la non-application des accords signés avec le gouvernement et le non-respect de la politique des négociations collectives, en violation de la Constitution tunisienne et des conventions internationales régissant le dialogue social. Elle a notamment exprimé dans ce cadre son attachement à l'application de l'accord du 27 novembre 2017 qui prévoit, entre autres, la régularisation de la situation des ouvriers des chantiers et des anciens étudiants fichés par la police en raison de leurs activités politiques et syndicales. L'UGTT a également affirmé son attachement à parachever les négociations sociales dans le secteur public et la fonction publique ainsi que dans le secteur privé pour aboutir à des accords salariaux susceptibles de remédier, un tant soit peu, à la détérioration du pouvoir d'achat des salariés et de relancer la demande dans un contexte économique marqué par la baisse des investissements et la stagnation des exportations. L'organisation a, par ailleurs, dénoncé l'atteinte aux droits des retraités, soulignant que le versement de leurs pensions enregistre ces derniers temps des retards injustifiés alors que beaucoup d'entre eux ne bénéficient pas des augmentations décidées dans le cadre du dialogue sociale et d'une bonne qualité des services fournis par la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) Dans ce sens, l'UGTT a souligné son soutien à tous les mouvements de protestation qu'organisent les retraités pour dénoncer cette atteinte à leurs droits les plus légitimes. A noter que l'UGTT, qui figure parmi les signataires de l'accord de Carthage, a réitéré récemment son appel au limogeage du président du gouvernement, Youssef Chahed, lequel n'a pas, selon l'organisation «trouvé les solutions à même d'assurer une sortie de crise». Les réunions de signataires de l'accord de Carthage avaient été suspendues fin mai dernier par le président de la République suite à un désaccord sur le 64ème point du document relatif au départ du président du gouvernement. Ce point a été approuvé par l'ensemble des signataires du document qui définit le programme de l'actuel gouvernement d'union nationale à l'exception du mouvement islamiste Ennahdha, qui plaide pour le maintien de Youssef Chahed au nom de la stabilité politique du pays.