Le secteur des industries pharmaceutiques regroupe 34 unités employant 8800 personnes dont 1000 emplois en service. En 2017, la valeur de la production est 2020millions de dinars dont 14985 MD en privé et 530 MD en public contre 120 millions de dinars en 1997, soit un taux d'accroissement annuel moyen de 7,5%. La production nationale couvre près de la moitié de ses besoins en médicaments (51% en 2017 contre 47% en 2014). L'exportation est estimée à 116 MD en 2017. C'est dire l'importance de secteur dans l'économie nationale comme l'a indiqué le chef du gouvernement, Youssef Chahed lors de l'ouverture du forum sous le thème: «L'industrie pharmaceutique tunisienne face à ses défis» à Hammamet, organisé par Réalités. Le chef du gouvernement a souligné que ce secteur est vital pour l'économie .Il s'est développé grâce aux pionniers de l'industrie pharmaceutique. La Tunisie œuvre à couvrir 60% des besoins du marché en médicaments, rappelant que le droit au médicament est inscrit dans la Constitution. Il a affirmé que ce secteur est freiné et que son gouvernement a lancé un plan de sauvetage dans le but de trouver des solutions radicales et surtout urgentes. Il a, dans ce cadre, évoqué le programme de son gouvernement et qui se résume en 4 points essentiels : Réviser les prix des médicaments, soutenir l'export des médicaments, restaurer les établissements sanitaires et réviser les directives de l'autorisation de mise sur le marché (AMM). A propos de la Pharmacie centrale, le chef du gouvernement a indiqué que l'Etat lui a injecté 500 millions de dinars de liquidités et il est prêt à intervenir auprès des structures publiques pour régler leurs dettes envers elle. Cela permettra de garantir une liquidité mensuelle de 50 millions de dinars. Il a été question aussi de mettre en place un programme national financé par un organisme national dont l'objectif est de structurer le secteur des médicaments et la création d'une agence tunisienne de régulation des produits pharmaceutiques. Amor Toumi, ancien haut fonctionnaire de l'Organisation mondiale de la Santé, a souligné que l'industrie pharmaceutique se développe très vite notamment dans les pays émergents. Les Etats Unis restent le premier marché mondial suivi de l'Europe et de la Chine. L'Afrique ne contribue que de 2% dans ce marché, soulignant que le médicament coûte de plus en plus cher par rapport aux années 60 et 70 «La guerre des génériques subsiste. Mais, faut-il encore gagner la bataille des bio-similaires et la thérapie génétique. Taïeb Zahar, l'organisateur du forum a souligné que « l'équivalent de 100 MDT ont été exportés en 2017, pour un chiffre d'affaires de 700 MDT. Un producteur n'est pas forcément protégé. Or, ce n'est pas le cas à l'étranger. Si l'on souhaite réduire l'importation de médicaments au profit de la production nationale, il faut booster les exportations que l'on pourra multiplier par 2 ou par 3 », a-t-il dit. Des obstacles..... mais des solutions Kamel Iddir, expert à l'Organisation mondiale de la santé, a souligné que « le dialogue public-privé dans le domaine du médicament visait à réformer un secteur porteur de l'économie tunisienne et à améliorer les conditions-cadre permettant de favoriser son développement et renforcer sa compétitivité. La Tunisie est un fournisseur. Ce dialogue a notamment permis d'établir des projets de décrets visant à écourter les délais d'autorisation de mise sur le marché (AMM) et de simplifier les modalités de fixation du prix des médicaments importés. La Tunisie est restée un fournisseur local qui sera éventuellement absorbé à termes par des firmes internationales. Elle pourra devenir un acteur régional et éventuellement se transformer en un pôle pharmaceutique en Afrique. L'objectif de ce partenariat Public-Privé est d'accélérer la croissance et l'emploi, d'où la nécessiter de diagnostiquer la compétitivité de ce secteur, identifier les contraintes réviser les prix, revoir les procédures d'achat de la pharmacie centrale. Etant bien entendu que le médicament n'est pas un produit quelconque, il existe des règles spécifiques liées au secteur, à savoir une procédure obligatoire d'agrément du site de production, et l'obtention d'une AMM pour chaque produit exportable. Or, ces procédures sont à la fois longues (deux à trois ans), coûteuses (notamment pour les produits nécessitant des études de bioéquivalence). C'est un obstacle qu'il faut dépasser. Cette situation est de nature à priver le citoyen de bénéficier de nouveaux médicaments importés ou fabriqués localement d'où le nécessité de réduire de 50% des délais réponse à l'AMM ». Côté exportation, Iddir a estimé que la Tunisie pourra conquérir les marchés extérieurs mais dit-il « il faudrait tout d'abord une volonté politique et un cadre institutionnel et, surtout, faire connaitre l'AMM tunisienne comme standard de qualité en Afrique et transformer la Tunisie en centre mondial d'excellence de la recherche et du développement pharmaceutique tout en élaborant une politique nationale d'internationalisation, la création de filiales à l'étranger et l'attractivité des leaders mondiaux à l'étranger tout en transformant la Tunisie en un hub logistique entre l'Afrique, l'Europe et le Moyen Orient » Bref, «l'industrie pharmaceutique peut se transformer en véritable locomotive qui tire la croissance du pays, mais, pour cela, elle a besoin d'être libérée des freins qui l'empêchent d'aller plus loin et plus rapidement », insiste la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Santé, Sonia Ben Cheikh, qui appelle à développer ce secteur-clé de l'économie, pour que la Tunisie devienne une destination de services en Afrique et au Maghreb.