La ville de Nabeul a été le plus touchée par les inondations. Les images diffusées sur les réseaux sociaux par les témoins directs sont impressionnantes. Les habitants ont vécu des scènes apocalyptiques. Voitures coincées dans les eaux, hommes et femmes agitant les bras au milieu des crues, trémies et ponts submergés, places publiques, rues, rez-de-chaussée d'habitations et commerces complètement inondés. Le quartier Sidi Amor est le plus touché par la catastrophe. La protection civile mobilisée avait du mal à rejoindre ce quartier populaire. Des amas de saletés renversées formaient de véritables barrages. La cité, était noyée sous une épaisse couche de boue et de gravats. Des centaines de familles se sont retrouvées sans domicile, des villages isolés, des routes sont restées bloquées pendant des heures. Plusieurs ponts se sont effondrés, des écoles et des commerces étaient touchés par les fortes inondations, tandis que des familles ont passé la nuit à l'extérieur, de peur que leurs maisons s'effondrent. 200 familles sont touchées selon une source officielle alors que les membres municipaux qui étaient sur le terrain depuis samedi avancent le nombre de 1000. Le bilan ne cesse de s'alourdir. Pas plus loin, le quartier Rebat est sinistré avec sa magma de boue. Il a vu ses artères, ses paysages, ses boulevards et, en général, son architectonie, bouleversés de fond en comble. Les avenues Marbella, Habib Bourguiba et Farhat Hached n'ont plus de visage. Des voitures ont été emportées par dizaines jusqu'à la mer. De fortes chutes de pluies ont inondé plusieurs villas à Oued Souhil. Les eaux se sont infiltrées à l'intérieur des appartements et ont provoqué beaucoup de dégâts. Des fissures sont constatées sur les murs, des meubles trompés et bien d'autres dégâts. Ces fortes chutes de pluie ont causé la perte de plusieurs véhicules. Certaines familles avaient obligée de passer la nuit du samedi sur les étagères de leur maison ou chez un proche habitant un autre endroit pour éviter de perdre la vie. Cela nous rappelle aussi les inondations qu'ont vécues les habitants de Nabeul en 1968 et 90. Les cellules de crise procéderont sans doute à l'évaluation des dégâts et fixeront les modalités et les seuils d'indemnisations à mobiliser en direction des sinistrés. A Nabeul, une cellule de crise a été constituée à la commune, souligne la maire de la ville, Houda Skandaji «Les intempéries passées, dit-elle, nous nous sommes mobilisés jour et nuit pour panser les plaies les plus béantes, reconstruire les infrastructures et équipements détruits, mais surtout reloger les ménages qui n'avaient plus de toit ; et, à long terme, il leur fallait envisager des mesures pour éviter la répétition d'une telle catastrophes ou, plus exactement, faire en sorte qu'une catastrophe de ce type, si elle advenait une nouvelle fois, n'ait pas des effets aussi graves sur la vie et les biens des habitants. Mais, avant toutes choses, nous avons recensé les dégâts, mais surtout pour identifier les ménages sinistrés et les dénombrer, selon qu'ils avaient perdu en totalité leur logement ou que celui-ci n'était que partiellement détruit. Des matelas et des denrées alimentaires ont été acheminés aux familles sinistrées. Nous remercions les municipalités de la Marsa et l'Ariana pour leur soutien matériel. Côté infrastructure, nous avons enlevé la boue et le sable accumulés sur les routes. Les saletés ont été évacués difficilement vers la décharge proche de Nabeul.» Nabil Khenine, président de l'arrondissement municipal de Sidi Amor à Nabeul nous a expliqué que «tous les moyens humains et matériels nécessaires ont été déployés, à l'instar des tentes, la prise en charge médicale, la fourniture de vivres et autres besoins au profit des citoyens touchés. Nos agents municipaux demeurent prêts à intervenir pour apporter toute l'aide et l'assistance aux citoyens à chaque fois que nécessaire.» L'évaluation des dégâts a commencé ainsi que l'identification des sinistrés en vue de les indemniser, assure Samia Ourefelli Miled, chargée de la commission sociale à la mairie de Nabeul qui ajoute que «la société civile s'est mobilisée pour scolariser les élèves et leur fournir de nouvelles fournitures scolaires dans les zones défavorisées. La distribution des aides de solidarité sociale aux plus démunis a commencé hier. Ces aides consistent en des couvertures, des matelas, des vêtements et des fournitures scolaires». Elle s'est félicitée en tout cas de l'élan de solidarité qui a permis de nettoyer Nabeul, recouverte par la boue, ce week-end. Mais une intervention d'urgence apparaît désormais: «Des habitants n'ont plus de matelas, de couvertures et parfois plus de meubles : même si les assurances et l'Etat vont venir en aide, il faut répondre au plus vite à leurs besoins. La liste qui est en cours d'élaboration devrait aider». Le député Walid Jallad annonce une enveloppe de 100 millions de dinars pour les familles sinistrées, les établissements économiques inondés et la réhabilitation de l'infrastructure de base dans tout le Cap Bon.