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Des termes de référence et un déroulement peu convaincants
Publié dans Le Temps le 12 - 10 - 2018

Hommage aux peintres tunisiens modernistes : Des œuvres très puissantes prêtées par l'état (Fonds National d'Art Plastique) nous montrent les tableaux de Hedi Turki, de Rafik El Kamel et de Nja Mahdaoui. Ces œuvres ne sont pas des œuvres d'art contemporain, mais appartiennent à la collection moderne de l'état.
L'hommage rendu ainsi à ces trois peintres est justifié. Les trois peintres ne pratiquent pas l'art contemporain, mais leur présence est une sorte de démenti de cette campagne qui consistait à vouloir effacer et dépasser les effets de la peinture moderne et de sa grande capacité expressive. Nja Mahdaoui met en valeur des œuvres circulaires relevant formellement du travail calligraphique. Nous savons que Nja Mahdaoui n'est pas calligraphe, mais qu'il s'inspire de toutes les richesses graphiques de ces mouvements rythmiques et surtout de ces éléments curvilignes, dont sont pourvus des styles appartenant à la pratique calligraphique de style « Naskhi », « Koufi » (maghrébin), et autres « Diwani »… Nja Mahdaoui semble réduire son travail à la richesse de la calligraphie, aussi bien au niveau de la ligne qu'à celui de la couleur. Mais nous savons qu'il a abandonné depuis longtemps de charger son travail de sens... autre que celui graphique. Destructeur des anciennes configurations, Nja Mahdaoui déstructure et ‘‘déflore'' toutes les configurations anciennes et propose une nouvelle ‘‘iconographie'' formelle. Il refait son monde autonome et semble devenir un des maîtres incontestés de la reconversion d'un art en train de muter. Nja Mahdaoui est un artiste moderniste mais il n'a absolument rien à avoir avec l'art contemporain, surtout celui du virtuel et de l'éphémère. Il reste un artiste en connotation visuelle très profonde avec une peinture du geste graphique qui a trouvé sa logique chez d'autres peintres occidentaux comme Mathieu ou Soulage, mais il s'en distingue par un travail concret, précis, rythmé, libre… et courant pour son propre compte. Rafik El Kamel, à travers son tableau exposé, est techniquement ‘‘le parfait'' artiste, ou ‘‘el kamel''. Il l'est aussi bien dans ses approches abstraites que dans sa figuration moderniste, ou même quand il se plaît à peindre légèrement à la mode néo-orientaliste. Le tableau qui est montré au centre de l'exposition à la cité de la culture est composé d'une manière sereine avec des couleurs quelque peu froides, sans agitation, ni fioriture, et encore moins d'ostentation et de lyrisme. Ce tableau est tout simplement présent artistiquement. Rafik El Kamel va toujours vers l'essentiel de l'expression. Il économise les matériaux. Les représentations et les compositions qu'il nous offre vont vers l'essentiel d'une esthétique du raccourci. Les années 1980s : Quant à l'exposition des années 1980s, Habib Bida – Qui l'a conçu – semble l'avoir vouée aux peintres encore vivants de ces années de gloire de la peinture en Tunisie. Il nous semble qu'il y a beaucoup à dire et à redire concernant ce thème tel qu'il a été traité et proposé par Habib Bida. Les tableaux présentés sont la plupart du temps d'une production récente, comme ceux de Samir Triki, Rachid Fakhfekh ou de Mongi Maatoug… Un autre thème aurait pu venir illustrer la production des années 1980s, il est bien celui qui pourrait se référer seulement aux artistes tunisiens pionniers de l'art contemporain de l'époque. Ces artistes ont pour noms Ridha Ben Abdallah, Gouïder Triki, Abderrazzak Sahli, etc… Les débats à ce niveau auraient pu être intéressants et les journées d'art contemporain auraient trouvé leurs propres sources historiques et esthétiques… L'art contemporain en Tunisie n'est pas né d'hier, il a une histoire et cette histoire aurait pu être rassemblée, étudiée et évaluée. Les Journées de l'Art Contemporain de Carthage ne l'ont pas fait… Cela ne veut pas dire que les journées ont totalement échoué. La manifestation en ellemême a été très intéressante et passionnante malgré les polémiques et les controverses, et peut-être même grâce à elles. Les objectifs qu'on voulait atteindre en organisant ces journées étaient certes restrictifs et en fin de compte, inacceptables. En fait, l'art contemporain qu'on voulait développer s'astreint à délimiter les expressions au dépens de l'art moderniste et de toutes les autres formes d'expression. La peinture devait disparaître, la sculpture aussi… mais les voilà plus que jamais dominantes. L'art moderne, celui qui a été développé pendant cent ans en Tunisie s'est développé d'une manière ‘‘presque naturelle'' et chassé par la porte des journées d'art contemporain de Carthage. Il est revenu par des fenêtres encore plus grandes et la situation d'aujourd'hui est riche de possibilités nouvelles pour cet art. L'aventure de l'art moderne en Tunisie connaitra encore des grands jours ! Conclusion : Le plan préconisé par ‘‘les journées'' consistait, par souci de décentralisation culturelle, à développer d'abord l'initiative régionale dans le sens de la production régionale artistique, mais aussi dans le sens d'un encouragement à l'existence d'un marché local qui aurait nourri un marché national, et peut-être plus tard un marché international. Cette approche a apparemment échoué, surtout que ce marché a toujours été informel et peu structuré et qu'il est difficile de passer de cette marginalité à un marché formel et opulent. Tout cela était difficile à entrevoir et à entreprendre, surtout en réduisant ce marché au seul art contemporain. Il semblerait qu'il soit plus juste de revenir au concept d'élargissement de la conception des journées pour qu'elles deviennent « Les Journées d'Arts Plastiques de Carthage » ou « Les Journées d'Arts Modernes et Contemporains de Carthage » et de coller surtout à l'institution muséale : « Le Musée National d'Art Moderne et Contemporain ». Cette institution a déjà obtenu son statut juridique, sera nécessairement et indubitablement créée et ne manquera certainement pas de fonctionner très bientôt à travers l'activation de son conseil d'établissement et de son conseil scientifique. Personne ne peut arrêter cette orientation et empêcher la création de notre Musée National d'Art Moderne et Contemporain. Les difficultés rencontrées aujourd'hui dans la concrétisation de ce musée, dont le pays a tant besoin, au niveau de sa mise en place et dans la fonctionnalisation de ses structures, ne sont que passagères. La réalisation de ce musée participera fortement à l'organisation du secteur dans sa totalité et plus particulièrement celle du marché de l'art moderne et contemporain. Le recours seulement aux arts contemporains pour consolider le marché actuel de l'art n'est pas suffisant. Le marché est global et il exige une souplesse et une perméabilité entre les genres. La Tunisie, au niveau de son marché de l'art, devrait être intégrée au marché de l'art arabe et celui européen en particulier. La condition Sine Qua None est de ne pas créer de coercition ou d'exclusion dans la production artistique et encore moins dans la commercialisation et la médiation. L'art étant libre, le marché doit être également libre, mais structuré et transparent. Les prémices sérieuses de la création d'un marché de l'art structuré existent déjà à travers trois initiatives que nous allons examiner plus tard en dehors de ce cadre. Ce qu'il faudrait peut-être aujourd'hui, c'est créer et appliquer des lois libérales concernant les échanges commerciaux au niveau de l'art. Il nous semble que des lois nouvelles devraient être élaborées afin de développer un commerce riche et des ventes d'art légales qui aboutiront finalement pour créer un circuit commercial puissant et transparent surtout. Cela ne pourrait être que bénéfique pour la production artistique en Tunisie, pour développer ses apports stylistiques variés et surtout pour améliorer la situation des artistes tunisiens. Le fait d'avoir voulu se limiter uniquement à la production de l'art contemporain n'est pas juste. Nous avons la possibilité de lier la démarche contemporanéiste à celle moderniste et ainsi développer le marché, un marché varié et porteur. Notre ancrage de l'art moderniste et contemporanéiste ne date que depuis quelques décennies. Il ne serait pas juste de ne pas parachever toutes les missions et les tâches qui incombent au renforcement des pratiques artistiques, quelque soient les styles ou les visions qui les soutiennent. N'oublions pas que nous sommes encore en train de procéder à l'ancrage de tous les arts plastiques en Tunisie. Il est temps de réaliser le Musée National d'Art Moderne et Contemporain dans toutes ses dimensions et structures, afin qu'il soit l'infrastructure de base qui permettra aussi bien l'institution du marché de l'art que les paramètres juridiques qui permett ront son insertion dans les réseaux artistiques et financiers dans la région et dans le monde. Le développement d'un marché de l'art est corollaire d'un développement économique, social et politique basé sur la démocratie et la liberté d'expression et de création. L'ouverture sur le monde, mais aussi sur l'universel, viendraient renforcer cette orientation. L'étape que nous vivons aujourd'hui dans notre pays est une étape très importante où nous devons apprendre la tolérance, le respect des artistes et le droit à la critique. L'état, qui est chargé de garantir nos libertés et de faire respecter notre constitution, ne peut en aucune manière adopter et privilégier un choix esthétique sur un autre et doit rejeter toute forme de coercition et d'exclusive.

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