Les artistes de sept pays dont la Tunisie se produiront cette semaine sur les planches de l'Acropolium. Entre musique soufie, hommage à Rossini et musique de chambre, la fête des mélomanes aura les contours de plusieurs traditions. La deuxième semaine de l'Octobre musical a commencé de belle manière, avec un récital présenté par deux musiciens de renom. Venu de Bulgarie, le duo Pavel Zlatarov et Victoria Vassilenko est porteur d'une double tradition : celle des grands compositeurs comme Mozart ou Brahms et celle, bulgare, des Nenov et autres Vladiguerov dont la réputation est bien établie. Tonalités classiques russes et bulgares Les ancrages classiques orientaux ont ensuite trouvé une autre illustration avec le récital de la harpiste Maia Darme accompagnée au violon par Vera Ait Tahar. Les deux musiciennes russes ont présenté un répertoire des plus ouverts tout en restant dans les tonalités classiques avec par exemple Haendel, Haydn, Schubert et Fauré. Ces deux concerts donnaient à la semaine un élan qui est de nature à réconcilier le public avec la musique de chambre. On s'en souvient, le festival avait choisi cette année une ouverture tunisienne avec Amina Srarfi et un spectacle atypique. Ensuite, un récital Renaissance avec des musiciens espagnols qui restituaient la musique du temps de Cervantès. Et aussi, pour la troisième soirée, une plongée dans l'univers du "koto", un instrument japonais du dix-septième siècle, avec Myeko Miyazaki. Dans cette optique, la seconde semaine du festival est bel et bien un retour à l'esprit originel de la manifestation avec des duos, des trios et une soirée au piano solo. Seul contrepoint, la soirée de danse et musique soufie qui aura lieu le jeudi 18 octobre et résonnera comme l'exception qui confirme la règle. De plus, cette semaine, le festival confirme sa vocation internationale puisque les formations qui se produiront proviennent de sept pays différents. Après la Bulgarie et la Russie, ce seront ainsi la Tunisie, l'Iran, l'Autriche, l'Italie et la Belgique qui compléteront le programme de cette semaine des sept nations. Solos, duos et trios de musique de chambre Formée à l'Opéra de Vienne, Amel Afsa est la plus attachante des sopranos tunisiennes. Interprète de Haendel ou Offenbach, elle a toujours brillé grâce aux nuances et à la puissance de sa voix. Pour la soirée de mercredi 17 octobre, Afsa sera soutenue par le ténor David Wilson qui lui donnera la réplique dans un programme d'arias signés par de grands compositeurs dont Bach et Vivaldi. Ce trio de charme sera complété par le pianiste Bassam Makni qui donnera toute leur assise aux deux interprètes et saura, comme de coutume, sublimer les voix par les tonalités puissantes ou feutrées de son piano emblématique. Cette soirée classique tunisienne sera la première pour cette saison. Amel Afsa y apportera un touche glamour, David Wilson une ouverture internationale et Bassem Makni son expérience de pianiste émérite. La musique de chambre sera à l'honneur vendredi 19 octobre avec la prestation du trio autrichien "3:0". Composée de Eva Steinscheden (violon), Alexander Vavtar (piano) et Detlef Mielke (violoncelle), cette formation puisera son répertoire chez Mozart, Schubert, Haas et Piazzola. Ces trois interprètes de haut niveau ont unis leurs talents dès 2006 et continuent à se produire un peu partout dans le monde. Cette soirée est organisée avec le concours de l'ambassade d'Autriche en Tunisie. Le pianiste italien Mario Marini sera sur la scène de l'Acropolium samedi 20 octobre pour un récital dédié à Rossini. Intitulé "Variations Rossini", ce récital entre dans le cadre des commémorations du 150ème anniversaire de la mort du grand compositeur italien. Mario Mariani jouera des airs connus de Rossini et également ses propres compositions. Mariani sera le premier artiste à se produire en solo pour cette édition 2018 de l'Octobre musical dans le cadre d'un concert organisé en partenariat avec l'Institut culturel italien. La semaine s'achèvera en beauté avec un récital de piano à quatre mains qui aura lieu dimanche 21 octobre. Membres du Conservatoire royal de musique de Mons, Dalia et Orit Ouziel sont soeurs. Elles déploient l'étendue de leur talent dans un répertoire qui va de Bach à Gerschwin; Pour cette soirée carthaginoise, elles ont choisi de jouer un programme comprenant des pièces de Strauss, Schubert et Tchaikowski. Un récital à quatre mains qui devrait constituer l'une des sensations de l'Octobre musical 2018. En contrepoint, une soirée soufie entre mystique et derviches tourneurs Comme on peut le constater, la seconde semaine de l'Acropolium est clairement tournée vers la musique de chambre et la tradition classique. toutefois, un contrepoint musical sera au programme jeudi 18 octobre, avec une incursion dans le domaine de la musique soufie et l'univers des derviches tourneurs. Ce seront ainsi Mohsen Fazeli pour la muisque et Rana Gorgani pour la danse qui interprèteront des oeuvres de la tradition des Mevlevi inspirées par le poète mystique Rûmi. Une belle semaine en perspective pour les mélomanes! pour rappel, l'Octobre musical de Carthage se poursuit jusqu'au dernier jour de ce mois et propose au total une vingtaine de récitals et concerts. Hatem BOURIAL Concert d'Almas Dichosas : revivre le patrimoine musical espagnol Pour sa deuxième soirée, la 24è édition de l'Octobre Musical de Carthage a invité l'ensemble Capella de Ministrers pour le concert du samedi 13 octobre à l'Acropolium de Carthage. Ce concert, Almas Dichosas, organisé en collaboration avec l'Ambassade d'Espagne en Tunisie et l'Institut Cervantes Túnez, revisitait les chansons, les improvisations et les danses du temps de Don Quichotte. Ce concert s'est consacré essentiellement à l'interprétation de la musique espagnole ancienne. Depuis sa fondation en 1987, l'ensemble la Capella de Ministrers dirigée par Carles Magraner s'est attaché à étudier, explorer et valoriser le patrimoine musical espagnol, du Moyen Age au XIXe siècle. Rigueur historique, sensibilité musicale et, avant tout, désir de partager leurs expériences musicales sont les principales caractéristiques de l'ensemble. Capella de Ministrers s'est produit sur les scènes les plus prestigieuses d'Espagne, du Palais de la musique à Barcelone, à l'Escorial, et à travers le monde avec plus de 1500 concerts sur les cinq continents. L'ensemble a participé aux plus prestigieux festivals et produit plus de 50 enregistrements. Capella de Ministrers a remporté le prestigieux International Classical Music Awards 2018 (ICMA) dans la catégorie Musique ancienne. Composé de trois membres, à savoir Delia Agundez (soprano), Carles Magraner (vièle à archet) et Robert Cases (guitare et téorbe), cet ensemble a fait preuve ce soir-là d'un grand talent musical et artistique, grâce au jeu subtil des deux musiciens et aux capacités vocales précieuses du soprano. L'ensemble a parcouru différents genres musicaux remontant au Moyen-âge et jusqu'au 19è siècle avec un niveau élevé de qualité et de beauté. La soirée qui a duré environ une heure et demie a été composée de quatre phases : un prélude musical comprenant une suite de petites chansons remontant à l'époque de Don Quichotte ; puis une première partie qui comprenait cinq chansons de l'ancien répertoire de la même époque ; ensuite, une deuxième partie où d'autres chansons du même répertoire ont été interprétées par la voix forte et douce du soprano Delia Agundez. Enfin, un épilogue musical avec d'autres chansons consacrées à l'illustre auteur espagnol Miguel de Cervantes. Les mélomanes avisés et férus de musique de chambre, venus nombreux ce soir-là, sont rentrés très satisfaits d'avoir écouté différentes compositions musicales qui les ont fait voyager à travers les siècles, dont les œuvres de Mateo Romero, Juan Aranès, Gabriel Bataillé, José Marin et Henry du Bailly, ainsi que d'autres anonymes.