Les banques centrales de huit pays de la Méditerranée occidentale se sont réunies, hier, à Gammarth afin d'examiner les meilleures approches aptes à favoriser le développement économique. Dans ce cadre, une conférence s'est tenue en marge de cette réunion ayant pour thème « Politiques économiques, intégration du commerce et création d'emplois durables : une vue des pays méditerranéens ». Des gouverneurs des Banques Centrales de Tunisie, d'Espagne, du Maroc, d'Algérie et de Libye, ainsi que des représentants de haut niveau des Banques Centrales de France, d'Italie, de Malte et de la Banque centrale européenne. Prenant la parole à cette rencontre, le gouverneur de la BCT a affirmé que les défis auxquels sont confrontés les pays des deux rives de la Méditerranée pourraient constituer un moteur pour concevoir une nouvelle approche de coopération et de solidarité méditerranéenne. Et d'ajouter : « En se basant sur une étude récente de la COFACE (avril 2018), et malgré un volume des exportations au sein de la région qui a doublé entre 2001 et 2016, leur poids relatif dans le total des exportations, n'a pas progressé mais il a reculé. L'on déduit alors que les économies méditerranéennes sont donc moins bien intégrées entre elles qu'il y a 15 ans ». Ajoutant : « Néanmoins, comme le dit le vieil adage « mieux vaut réaliser son souhait que souhaiter l'avoir fait » et si la réalité reprend le dessus, la situation actuelle requiert des actions concrètes, rapides et efficaces ». En effet, les enjeux du processus de Barcelone furent le développement et la croissance économique de part et d'autre de la Méditerranée et l'apaisement de cet espace partagé. Sur un autre plan, en 1995, la Conférence de Barcelone avait pour vocation de valoriser le bassin méditerranéen et ce, en proposant l'édification d'une « zone euro-méditerranéenne de paix, de stabilité et de sécurité » fondée sur le partenariat. Toutefois, le gouverneur de la BCT a fait savoir aussi que le processus de Barcelone se trouvait confronté à plusieurs difficultés ayant gêné son aboutissement, vue les incohérences persistantes à l'instar de la spécificité du libre-échange euro-méditerranéen particulièrement industriel et l'insuffisance d'échanges commerciaux entre les pays partenaires méditerranéens (PPM) eux-mêmes ; en l'occurrence ceux de l'Afrique du Nord (Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Tunisie) dont les échanges n'ont pas dépassé les 4 % entre 1995 et 2017 avec une moyenne annuelle de 3,5%. Les échanges commerciaux de la Tunisie avec les pays de l'UMA ne dépassent guère les 6,5% Concernant la Tunisie, ses échanges commerciaux avec les pays de l'Union du Maghreb Arabe « UMA » n'ont guère dépassé 6,5 % en 2016. « Ce résultat en demi-teinte peut être expliqué, entre autres, par les effets négatifs inhérents à la multiplication des accords commerciaux préférentiels. Notre collaboration pourrait dans une première étape être financière et technique entre les pays des deux rives », a souligné le Gouverneur. Au niveau de la coopération financière. A ce titre, M.Abasssi a cité L'ALECA. « Un sujet qui certes soulève des polémiques dans notre pays. Cependant, dépassons les controverses et adoptons une approche positive ! A titre d'exemple, L'UE et le Maghreb pourraient concevoir un modèle mixte où cohabiteront l'approche institutionnelle et les stratégies d'investissements privés des multinationales mais aussi des PME européennes ». « On souhaite le lancement d'un Start-up Act Maghrebin ou même Méditerranéens », déclare le gouverneur de la BCT « Mon vœu est que nous entamons une phase de réactivité sans attendre que des situations problématiques nous poussent à coopérer, momentanément ! A ce titre j'évoquerai nos relations bancaires en général et spécifiquement le phénomène de derisking qu'on est en train de subir surtout côté rive sud de la méditerranée. Il s'agit bien là d'un domaine sur lequel une meilleure coopération entre banques centrales pourrait être utile et bénéfique à nous tous. Un autre vœu, celui de voir, un jour, le lancement d'un Start-up Act Maghrebin ou même Mediterraneen qui représenterait un vrai cadre pour l'épanouissement d'une jeunesse mondialisée », a-t-il encore ajouté. La coordination entre les gouverneurs des banques centrales de la région est une nécessité D'autre part, le Président du Comité exécutif de l'Institut européen de la Méditerranée (IEMed), Senén Florensa a mis l'accent sur le rôle clé des banques centrales dans la stabilité macroéconomiques des pays des deux rives. « La concertation et la coordination entre les gouverneurs des banques centrales de la région constitue, aujourd'hui, une nécessité dans une conjoncture économique globalisée », a- t-il souligné. Et de poursuivre que la 4ème édition de cette conférence euro- méditerranéenne, représente une occasion pour identifier les opportunités à même de garantir les fondements d'une croissance économique porteuse.