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Les « soldats de l'ombre » témoignent
Publié dans Le Temps le 14 - 12 - 2018

Depuis quelques temps, l'Europe est obnubilée par la migration. Une hystérie totalement hostile à ce phénomène s'est en effet emparée du vieux Continent qui pourtant, quelques décennies plus tôt, accueillait les migrants les bras grands ouverts car ils constituaient, en majeure partie, une excellente main-d'œuvre à moindre coût. Aujourd'hui, l'heure est plutôt aux tensions et aux crispations et l'Europe se fait de plus en plus hermétique aux étrangers, sauf pour les plus qualifiés d'entre eux.
La migration est, en effet, devenue une carte électorale dont usent et parfois abusent les politiciens, condamnant bien souvent des millions de destins à travers le monde et notamment en Europe. Car qui dit migration, dit autant de vies humaines conditionnées par les conflits mondiaux, et les politiques migratoires évolutives au fil du temps. Mais qui dit migration dit aussi soldats de l'ombre et notamment les membres des organisations œuvrant dans ce domaine mais aussi des journalistes qui relayent tout au long de l'année la réalité de ces millions de migrants, jeunes et moins jeunes, hommes ou femmes, ayant quitté volontairement ou forcés leur terre natale. La parole leur est donnée.
«La question migratoire obsède l'Europe, mais ce n'est pas pour autant que c'est un sujet très demandé par ma rédaction car il est clair que le grand public s'en est très vite lassé et que sauf cas extrêmes, les histoires des migrants n'ont plus du tout la côté auprès des médias», affirme Maurine Mercier, journaliste suisse basée à Tunis, correspondante de radios et télévisions étrangères. Et la jeune femme sait de quoi elle parle, elle qui s'intéresse tout particulièrement à cette thématique aussi bien sur le plan professionnel qu'humain. En septembre dernier, elle embarquait d'ailleurs à bord de l'Aquarius, le navire de sauvetage qui a pour mission de sauver les migrants échoués en mer et dont l'équipage a subi de lourdes pressions internationales pour cesser son activité.
De cette expérience humaine au contact de dizaines de migrants africains et des ces témoignages recueillis dans la douleur mais aussi parfois dans des éclats de rire, Maurine garde un poignant souvenir. Elle explique : «Je me rappelle de chaque moment passé à bord du navire et de chaque regard rencontré. Un migrant est avant tout une histoire humaine, un destin. Je me rappelle par exemple de cette dame libyenne avec laquelle j'ai passé des heures à discuter et qui m'a raconté le calvaire qui l'a poussée à quitter son pays, entre privations, viols et autres traumatismes. Il y a eu des larmes mais aussi des sourires et surtout beaucoup de confiance. Il faut savoir profiter de ces petites pépites d'espoir, de vie. La confiance que me font les personnes que j'interviewe en se livrant ouvertement à moi, en toute pudeur mais aussi en toute liberté, est un précieux cadeau auquel il faut se raccrocher. Il faut se nourrir du terrain mais ça laisse des traces. Ecouter les malheurs d'autrui n'est pas chose aisée tant pour la journaliste que je suis mais aussi pour l'être humain. »
Un professionnel compatit
mais ne pleure jamais... ou presque !
De cette souffrance et de ces confidences, Meriem Mzoughi en sait, elle aussi, quelque chose. Psychologue de formation, la jeune femme est la coordinatrice du pôle de permanence d'accueil et d'accompagnement juridique et social des migrants chez Terre d'asile Tunisie. Auparavant, elle exerçait son métier au sein de l'ONG Médecins du Monde et rencontrait en majorité des migrants subsahariens souffrant de maladies et ayant des difficultés à accéder aux soins en Tunisie et ce, par manque de ressources financières ou par ignorance de leurs droits.
«Au début, c'était vraiment difficile d'écouter ces individus raconter leurs vies et leurs malheurs au quotidien puis, petit à petit, on se construit une petite carapace et on se réfugie derrière elle à chaque fois que l'émotion devient intense. En tant que psychologue, il ne faut surtout pas que je pleure devant eux car cela briserait le processus d'accompagnement et serait contraire à l'éthique de ma mission. Mais parfois, cela devient vraiment dur de se retenir. Je me rappelle encore de ce migrant syrien qui souffrait du même cancer que celui de mon père et qui me racontait les douleurs qu'il ressentait au quotidien. Je n'ai pas pu m'empêcher de sortir un moment, pleurer toutes les larmes de mon corps puis revenir l'air de rien, tendant vers lui une oreille bienveillante mais surtout professionnelle».
Elle ajoute : « Parfois aussi, c'est la rage qui s'empare de nous quand on se retrouve face à une impasse juridique ou administrative. Je me rappelle encore de cette migrante Libyenne et de ses quatre enfants dont l'aîné, âgé de 11 ans, a été violé dans son pays. L'enfant garde de profondes séquelles psychologiques de ce crime odieux. Mais faute de ressources financières, la mère et ses enfants ont dû rebrousser chemin au bout de trois ans et regagner leur terre natale malgré les menaces qui pèsent sur eux et le traumatisme de son aîné. Quand on ne peut plus aider et qu'on se retrouve démuni face aux problèmes d'autrui, c'est rageant. Mais heureusement que ce n'est as toujours le cas et que nous rencontrons aussi des migrants qui prennent leurs destins en main comme c'est le cas de cette dame syrienne qui a fui son pays et qui s'est installée en Tunisie depuis quelques temps. Aujourd'hui, elle prépare de bons plats syriens et elle régale les papilles des plus gourmands. Elle arrive à subvenir dignement à ses besoins et vit sereinement».


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