L'agressivité verbale et physique est devenue le langage le plus usuel, dans le règlement de toutes les divergences de vue, dans le pays, et même les enseignants du secondaire qui sont censés être des éducateurs en ont fait, malheureusement usage, lorsqu'il s'agit d'imposer leurs idées et leurs points de vue, au point qu'une journaliste, de surcroit enceinte en a payé les frais. La journée du mercredi a été marquée par l'emportement de certains enseignants du secondaire qui ne se sont pas privés d'imposer leur façon de voir les choses, face à des journalistes qui sont venus couvrir leur mouvement de protestation dans le centre-ville, soit faire leur travail, contrairement à ces enseignants qui prennent les écoliers en otage. Certes, cela ne parait pas bizarre que ces agressions aient eu lieu. Après le verbe virulent des enseignants et de leurs dirigeants syndicaux qui se sont abaissés au langage de charretiers, voilà qu'ils décident d'en venir aux mains avec des journalistes qui, pourtant, pour leur majorité étaient de leur côté, sachant que tout le monde subit les affres de la dégradation du pouvoir d'achat et du niveau de vie. Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) s'est rebiffé et a dénoncé les agressions commises par des enseignants du secondaire sur des journalistes venus couvrir leur mouvement de protestation à l'avenue Bourguiba à Tunis, appelant à le Parquet à intervenir pour protéger les journalistes, conformément au droit international et aux traités ratifiés par la Tunisie. Dans un communiqué rendu public mercredi, le SNJT a invité les journalistes à boycotter les mouvements de contestation observés par les enseignants du secondaire. "Cette attaque contre les journalistes, la première depuis le déclenchement de la colère des enseignants du secondaire est la plus dangereuse après celle menée par les ligues de protection de la révolution en 2012", a noté le syndicat. Le SNJT a fait savoir qu'il se réserve le droit de poursuivre en justice toute personne qui serait impliquée dans l'agression physique et morale des journalistes, et ce, sur la base des enregistrements vidéos et conformément à la législation en vigueur. Par ailleurs, le SNJT a imputé à la Fédération générale de l'Enseignement secondaire la responsabilité dans l'encadrement de ses affiliés. Les journalistes venus mercredi matin pour assurer la couverture des protestations des enseignants, ont subi des agressions physiques et verbales de la part des contestataires. L'un des contestataires a également violenté une journaliste "enceinte" alors qu'elle tentait de filmer le secrétaire général de la Fédération générale de l'Enseignement secondaire Lassaad Yakoubi. Réagissant à cette prise de position, la fédération générale de l'enseignement secondaire a estimé que le boycott auquel a appelé, mercredi, le SNJT est une décision fondée sur des données erronées, suggérant la formation d'une commission commune pour mener une enquête sur l'incident et lors des différents mouvements de protestation observés par les enseignants du secondaire tout au long des derniers mois. Certes, les enseignants du secondaire se sentent assez forts pour imposer le diktat, mais ils doivent, au moins, montrer qu'ils sont civilisés et qu'ils méritent bien d'éduquer nos enfants, ce qui est à voir, encore. Toutefois, ces agressions, même si elles ne sont pas programmées et qu'elles émanent d'un minorité, ouvrent une autre brèche pour dénigrer les enseignants, ce qui n'est pas en leur honneur.