La galerie Saladin a accueilli samedi 12 janvier le vernissage de l'exposition de l'artiste tunisien Abdelmajid El Bekri intitulée « Méditations et Réflexions ». Plus d'une cinquantaine de tableaux sont exposés à travers lesquels l'artiste retrace les grandes étapes de son parcours artistique plein d'expériences, de connaissances, de savoir-faire et de créations. En effet à entendre l'homme parler des arts, on penserait à un grand historien et théoricien en la matière, puisant ses connaissances non seulement dans sa formation académique , mais surtout grâce à ses voyages qu'il a effectués dans plus de cinquante pays du monde en tant que participant à des biennales (Sao Paulo, Alexandrie, New Delhi, Alger, Koweït, Le Caire, Téhéran, Pékin), à des rencontres internationales (Salzbourg, Dreux, Coventry, Zagreb, Bagdad, Damas, Alger, Le Caire, Téhéran, Pékin) et à des semaines culturelles tunisiennes à l'étranger (Varsovie, Le Caire, Berlin, Beyrouth, Séoul, Moscou, Pékin). Notre artiste national a également participé à plusieurs colloques, séminaires, symposiums, des conférences-débats aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger. Il reçut la Médaille de Bronze à la Biennale d'Alger en juillet 1987 et le Grand Prix du jury à la cinquième biennale du Caire en décembre 1955. Fidèle à son style l'artiste, âgé de plus de 70 ans, a une carrière de plus d'un demi-siècle, ayant un dévouement sans bornes pour les arts plastiques. Pour ne pas s'attarder sur chacun de ses tableaux, on peut dire que toute son œuvre valorise le patrimoine artistique arabo- musulman et universel, grâce à ses signes calligraphiques, ses arabesques faites de lignes et de formes stylisées, inspirées du fond de la mémoire, comme pour témoigner de l'âge d'or de la culture arabo-islamique. Les techniques sont très variées, la palette chromatique est très riche, variant selon le sujet abordé : « Quand j'aborde un sujet quelconque, nous a confié l'artiste, c'est le sujet lui-même qui me dicte la manière dont je le traite et la technique qui lui convient. Et comme j'étais un touche-à-tout, j'aimais bien changer d'un mode à l'autre ; c'est d'abord l'amour de la matière et puis il faut faire appel à tous les sens : la peinture, ça se voit, ça se touche, ça se sent et même ça s'écoute ! Il faut s'y adonner corps et âme ! Et je me considère même comme un chimiste qui manipule le papier avec toutes ses variétés, car à chaque papier correspondent sa matière et ses techniques. Visiblement, ce sont des techniques mixtes, mais elles sont mystérieuses. Chaque tableau a, si j'ose dire, sa recette, ses ingrédients. Rembrandt disait « Ne vous approchez pas trop d'un tableau parce qu'il peut avoir une odeur malsaine » Dans cette exposition comme de coutume, l'artiste, grand défenseur du patrimoine et de l'authenticité, reprend ce dialogue entre le passé et le présent, l'intérieur et l'extérieur. A vrai dire, seuls quelques tableaux sont récents qui datent entre 2013 et 2017 ; mais qu'ils soient nouveaux ou anciens, les ouvrages de A. El Bekri brillent encore de leur beauté et de leur originalité et suscitent toujours l'admiration des visiteurs, car tous ses travaux témoignent d'une grande recherche dans la thématique, le style et la matière qu'il manipulait avec adresse et sensibilité en vue de les mettre au service de l'enrichissement du patrimoine et du développement de l'art pictural et calligraphique. Ce ne sont pas uniquement les couleurs qui distinguent les œuvres d'El Bekri, mais également les cultures dont il s'est imprégné à travers ses multiples voyages. Tout en étant soucieux de conserver son patrimoine culturel arabo-musulman, l'artiste tend à s'ouvrir sur le monde extérieur, en réalisant à travers chaque tableau un mariage parfait entre l'Orient et l'Occident, le traditionnel et le moderne. On note également dans cette exposition que certains tableaux montrent des poèmes illustrés, c'est que notre artiste est aussi un poète fervent qui a ses muses inspiratrices. La présente exposition ne diffère pas beaucoup de celle organisée en 2012 au Palais Kheireddine, sauf que les tableaux exposés sont moins nombreux. Toutefois, les thèmes abordés, les styles adoptés, les couleurs, les lignes, les signes et les tracés calligraphiques sont très variables et montrent que l'artiste tient toujours à sa façon de concevoir et de transposer artistiquement le patrimoine, une perception particulière et propre à cet artiste qui voue un grand attachement aux sources arabo-islamiques qui ont toujours alimenté son imagination et sa création. Bref, une exposition qui révèle la grande expérience de l'artiste, riche en recherches picturales et en imaginaire, qui met en relief cette harmonie toujours présente entre l'homme et la nature, entre le passé et le présent. L'exposition se poursuivra jusqu'au 29 janvier.