C'est confirmé après l'échec des négociations avec le gouvernement Chahed, l'Union Générale Tunisienne du Travail ne concède rien et décrète pour aujourd'hui une grève générale dans la fonction publique et le secteur public. Après le 26 janvier 1978, un autre « jeudi noir » viendra paralyser le pays après l'échec des négociations entre la centrale syndicale et le gouvernement. Chacun campe sur sa position et la centrale syndicale est décidée plus que jamais à ne rien céder et réfléchit déjà sur les moyens d'escalade. Entretemps, l'économie nationale demeure inerte, par la faute des tiraillements politiques, où les tenants de la scène politique ne sont guère soucieux de ce qui sévit dans le pays. L'UGTT en fervent défenseur des droits des travailleurs et en vertu de sa mission syndicale revendique des augmentations salariales pouvant coûter à l'Etat un portefeuille de 1100 MD. Le gouvernement se trouve dans l'impasse, coincé, et pressé par l'UGTT et le FMI et propose une fourchette d'augmentation ne pouvant pas dépasser les 700 MD. La problématique entre les deux parties se situe plutôt dans les dates de mise en application effective des augmentations salariales convenues. Les grèves générales en Tunisie Janvier 1952 : « Le plus important et flagrant, c'est les répercussions indirectes, qui touchent à l'image du pays et à sa réputation qui touche à un aspect vital pour l'économie tunisienne à l'heure actuelle, c'est l'investissement. Il y aura des dizaines de morts et des milliers de personnes détenues dans les régions. Ce conflit sera le prélude à la lutte qui aboutira avec l'indépendance de la Tunisie, en 1956. Janvier 78 : L'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) défie le gouvernement en déclenchant une grève générale. Des émeutes s'ensuivent dans tout le pays, entraînant la proclamation de l'état d'urgence. L'armée rétablira l'ordre au prix d'une forte répression. Après une forte croissance économique entre 1970 et 1975, la Tunisie connaît un ralentissement. Il se précise alors que le gouvernement a adopté un processus de libéralisation de l'économie. Critique de cette politique, l'UGTT émerge comme la principale force d'opposition. Janvier 84 : Les « émeutes du pain » sont des protestations de rue qui interviennent entre le 27 décembre 1983 et le 6 janvier 1984 en Tunisie. Février 2013 : Après les assassinats politiques, l'UGTT a décrétée la grève générale dans tout le territoire tunisien Janvier 2019 : grève générale annoncée après l'échec des négociations sur les augmentations salariales Houcine Dimassi, Universitaire et ex-ministre des Finances : « Un accord entre le gouvernement et l'UGTT aurait coûté plus cher » « Décidément, cette semaine s'annonce embrasée. Après la célébration de huit ans de la Révolution, nous voilà avec la grève générale. Personnellement, j'évalue le coût de la grève générale décrétée par l'UGTT à 400 MD. La grève qui sera observée dans le secteur public et la fonction publique aura des répercussions sur le secteur privé et sur la production nationale en général. Le coût de 400 MD équivaut à la construction de quatre hôpitaux ou 50 km d'autoroutes. L'UGTT a proposé lors de ses négociations avec le gouvernement une augmentation salariale de 1100 MD pour la fonction publique alors que le gouvernement ne pourrait pas dépasser une augmentation de 700 MD. Le point de divergence entre les deux parties réside dans le délai d'application de cette augmentation. Les répercussions auraient été plus graves sur l'économie nationale et sur le pays si l'accord avait été signé. Les dégâts collatéraux concernent essentiellement l'inflation et le dinar. La signature de l'accord pèserait sur l'inflation et le dinar se dépréciera davantage. De toutes les manières, le bras de fer se poursuivra entre le gouvernement et l'UGTT au cours des six prochains mois. Chahed se trouve entre l'enclume de l'UGTT et le marteau du FMI. Il ne faut pas omettre par ailleurs que l'année 2019 est une année électorale, donc les jeux sont toujours ouverts et les pressions sociales, politiques et électorales pèseront lourdement sur la suite des négociations». Yosr GUERFEL AKKARI L'expert financier et l'économiste Ezzeddine Saidane au Temps Business & Finances : « Les répercussions indirectes touchent à l'image du pays et à sa réputation et par ricochet à l'investissement » Tandisque le pays se débat dans un marasme économique latent, et au moment où l'Etat a besoin de stabilité requérant une coalition sans faille afin de dégager le pays de la crise actuelle, l'UGTT à tort ou à raison, annonce un blocage de négociations et le maintien de la grève dans la fonction publique et le secteur public. Une multitude de réunions entre la Centrale Syndicale (UGTT) et le gouvernement ont été vains et ont avorté. Un constat d'échec, dont nul ne pourra tirer profit. A cet effet, l'expert financier et l'économiste Ezzeddine Saidane nous a déclaré que les répercussions de cette grève ne peuvent être que négatives. « Il n'y a aucune partie qui gagne, ni l'UGTT, ni le Gouvernement, ni l'économie nationale et ni le citoyen tunisien », précise-t-il. L'expert souligne qu'il y a deux répercussions extrêmement importantes : une répercussion directe et indirecte. Pour la répercussion directe, dit l'économiste, les estimations vont aux alentours de 300 millions de dinars de pertes. La grève ne touche pas uniquement le secteur public et la fonction publique mais il faut voir également l'impact sur le secteur privé qui va souffrir notamment de cette grève. « Le plus important et flagrant, c'est les répercussions indirectes, qui touchent à l'image du pays et à sa réputation qui touche à un aspect vital pour l'économie tunisienne à l'heure actuelle, c'est l'investissement. Toutes les études sérieuses aujourd'hui sont unanimes, que la seule voie qui reste pour redresser l'économie tunisienne, réside en la reprise de l'investissement. Or, une grève d'une telle ampleur décourage toutes formes d'investissement. S'agit-il d'investissement local ou direct étranger », ajoute-t-il. Le coût des incidences indirectes sera beaucoup plus lourd que les répercussions directes M. Saidane indique que le coût de cette répercussion indirecte, on ne peut l'évaluer. Mais certainement, il est beaucoup plus lourd que celui du coût direct. « Troisième aspect, que va-t-il se passer après cette grève? Si elle aura lieu, c'est une démonstration indocile à toutes formes de débats et de négociations », affirme-t-il. L'expert estime aussi que le gouvernement s'est clairement mis dans une situation très difficile. « En l'espace de quelques mois, le gouvernement a démontré l'absence d'une vision globale de la situation de la Tunisie. Comment peut-on accepter des augmentations dans le secteur privé et ensuite des augmentations dans le secteur les entreprises publiques, qui souffrent de pertes accumulées de plus de 8 milliards de dinars à fin 2018. Pour refuser quelques semaines après, des augmentations dans le secteur de la fonction publique », s'interroge-t-il.