Faouzi Ben Abderrahman fustige « l'immobilisme bavard » face à la crise de Tunisair    L'inflation reste stable à 5,4 % en juin 2025, selon l'INS    Espérance : Aucun accord avec Al-Ahly pour un match amical    Des orages localisés attendus au nord et au centre-ouest cette nuit    Un monde où tout est confisqué : l'argent, la dignité, la foi    Hatem Mziou : on cherche à instrumentaliser l'Ordre des avocats à des fins politiques    Staff technique – l'USM tourne la page : L'après-Benzarti a débuté    L'attaquant de l'Espérance de Tunis, Rodrigo Rodrigues, refuse de revenir au championnat brésilien    Etats-Unis : la tempête tropicale Chantal en approche de la Caroline du Sud    Accord de Gaza : Le Hamas exige que trois changements soient apportés    Construction sans permis : des élus proposent des amendes allant jusqu'à 700 dinars le m2    Le ministère du Transport limoge et remplace pour relancer Tunisair    Béja : Alerte sur la consommation de certaines sources naturelles    Révision du Code des collectivités locales en préparation, selon le ministère de l'Intérieur    Nouvelle vague de répression en Turquie : des maires du principal parti d'opposition arrêtés    Non-lieu en faveur de l'ex-ministre Samir Saïed    Nabeul envahie par la cochenille : « même nos maisons sont touchées »    Récolte céréalière : Plus de 9 millions de quintaux déjà collectés en Tunisie    Un séisme de magnitude 5,4 frappe le sud du Japon    Centres de collecte des céréales: prolongation du délai pour bénéficier de la prime exceptionnelle de livraison    Affaire "complot 2" : audience reportée au 8 juillet pour prononcé du jugement    Sécurité et terrorisme : Tunisie et Japon renforcent leur coopération à Tokyo    Tsunamis, séismes, volcans, courants en Méditerranée : démêler le vrai du faux    Vers la reconnaissance internationale de la qualité des médicaments et vaccins en Tunisie    Découvrez la programmation complète du Festival de Bizerte 2025    Cessez-le-feu à Gaza : le Hamas prêt à discuter d'une trêve supervisée par Washington    Décès de Chawki Gaddes : Un juriste au cœur de la transition dès l'aube de 2011 et un pionnier de la protection des données personnelles    Vente de biens confisqués: Chafik Jarraya condamné à 16 ans de prison    Tunisie Telecom et l'Etoile Sportive du Sahel renouent leur partenariat stratégique autour de la marque Etoile Mobile    Enactus TBS sacré champion de l'Enactus Tunisia National Exposition pour la 3ème fois et se rendra à Bangkok    Météo en Tunisie : apparition de nuages denses accompagnés de pluies sur les zones du nord et centre    La BIAT renforce le développement à l'international des entreprises tunisiennes grâce à une garantie de 50 millions de dollars accordée par la BAD    Entrée gratuite aux musées tunisiens et sites historiques de Tunisie ce dimanche    Décès de Hamadi Hachicha : un grand pionnier des assurances en Tunisie    Les portes de l'enfer s'ouvrent au paradis : De l'épître du pardon d'Al- Ma'arrî, de la divine comédie de Dante    Festival de Hammamet : tolérance zéro contre la revente illégale    Le Festival international de Bizerte lève le voile sur les premières têtes d'affiche de sa 42e édition    Où étudier en France en 2025 ? Le top des villes pour les étudiants tunisiens    Diogo Jota est mort : choc dans le monde du football    Glissements de terrain à Sidi Bou Saïd : Lancement d'un plan d'urgence    Nucléaire : l'Iran suspend officiellement sa coopération avec l'AIEA    Spinoza, Dieu et la nature à l'épreuve du Big Bang: vers une métaphysique cosmique    Tournoi scolaire de football 2025 : l'école primaire Al Mansourah à Kairouan remporte la finale nationale    Décès de Mrad Ben Mahmoud : Un photographe de grand talent nous quitte    Il ne fait rien... et pourtant il est payé : le métier le plus déroutant du monde    Vient de paraître - Paix en Palestine: Analyse du conflit israélo-palestinien de Mohamed Nafti    Wimbledon : Ons Jabeur contrainte à l'abandon après un malaise sur le court    Wimbledon 2025 : Ons Jabeur face à Viktoriya Tomova au premier tour    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Du drame cinématographique à l'humour théâtral
Publié dans Le Temps le 28 - 03 - 2020

Présentée au Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan 20200 (MASA/Côte d'Ivoire), la pièce de théâtre ivoirienne «Il va pleuvoir sur Conakry» a été un hommage au cinéaste guinéen Cheick Fantamady Camara, décédé en 2017, qui avait réalisé, en 2007, le film éponyme. Mais là où le réalisateur a joué sur le drame, les metteurs en scène, à savoir Souleymane Sow et Annabel Thomas, ont préféré s'amuser du drame.
«Les morts ne sont pas morts, ils sont toujours parmi nous les vivants», ainsi est la justification par Karamoko Touré, directeur général de TSK Studios, producteur, de la pièce «Il va pleuvoir sur Conakry». Reprendre un film d'un réalisateur guinéen, décédé, à savoir Cheick Fantamady Camara, et le mettre en scène est l'un des plus beaux hommages que l'on puisse rendre à une personne qui a beaucoup œuvrer pour le cinéma de son pays.
La version théâtralisée du film ne s'est pas faite dans une ambiance dramatique, même si, à un moment, le drame était bel et bien présent avec le sacrifice d'un bébé, un «bâtard» refusé par une partie de la famille paternelle. Les metteurs en scène, Souleymane Sow et Annabel Thomas, qui était la productrice du film, ont préféré donner une touche d'humour pour parler des thèmes de «Il va pleuvoir sur Conakry».
Le poids des traditions
Bangali, Bibi, est un jeune caricaturiste dans un journal de Conakry. Dans sa famille, seule sa sœur connaît son secret. Son père, Karamo, est trop ancré dans la religion, d'autant plus qu'il est un imam reconnu dans la capitale guinéenne, pour comprendre que son fils veut une vie moderne loin de la tradition ancestrale. Bangali a aussi une petite amie, Kesso, la fille de son patron. Cette dernière tombe enceinte. C'est un bonheur pour Bibi mais aussi une catastrophe. Comment l'annoncer à sa famille et surtout à son père qui veut faire de lui un imam ?
L'orage couve comme il a couvert Conakry en attente d'une pluie salvatrice. La famille de Bangali se scinde en deux : d'un côté la mère et la sœur de Bibi qui prennent partie pour lui et de l'autre le père, le frère et la grand-mère du jeune homme.
L'enfant naît mais il sera sacrifié sur l'autel des esprits par la grand-mère de Bangali pour laver l'honneur de la famille.
Dans «Il va pleuvoir sur Conakry», différents conflits s'ouvrent et s'offrent au public. Le premier est ce face-à-face entre la modernité et la tradition, symbolisé par Bangali et son père, mais aussi par le choix des metteurs en scène de mettre les différents décors sur la même scène : la cour de Karamo, le journal où travaille son fils et le salon du patron de ce dernier. Un choix ou une obligation, quand on sait que la salle où s'est jouée la pièce n'était pas adéquate pour un changement de décor. Heureusement que les lumières et la scénographie ont aidé à suivre le changement de lieux.
Une cour avec un arbre en son milieu. Un arbre qui symbolique et résume à lui seul les conflits qui se jouent : des racines ancrés dans la terre et des branches désignant le ciel. La terre des ancêtres et le ciel une ouverture vers ailleurs. Et, paradoxalement, la terre où l'on peut semer le futur et le ciel une voie vers le mystique, le divin, la religion.
Ambiguïtés
Et voilà le deuxième conflit planté : celui de la religion et de la modernité. Karamo est extrémiste dans ses décisions, s'appuyant sur la religion. Il veut à tout prix appliquer les lois divines. Or, la seule chose qu'il applique c'est un mélange de religion, de politique, et de culture ancestrale. Un amalgame qui fait de lui un homme hermétique à toute ouverture et à toute tolérance. Un dictateur en puissance. Mais son masque d'homme religieux tombe quand il s'agit de sacrifier un innocent sur l'autel des esprits : le «bâtard» de son fils. Karamo donne son accord à sa mère pour se débarrasser de cette honte en faisant appel aux esprits. Et l'on peut se demander comme un homme qui se veut bon musulman -cela aurait pu être un chrétien- continue à adhérer à une croyance se rapportant aux âmes et aux esprits. Ambiguïté qui continue d'exister encore dans de nombreux pays de notre continent. Djibril Diakhaté, un sociologue sénégalais, n'a-t-il pas déclaré : «(...) le Sénégal est composé de 95 % de musulmans, 5 % de chrétiens et d'autres croyances, mais aussi 100 % d'animistes» ? Ce qui est vrai pour le Sénégal est vrai pour d'autres pays africains, avec des chiffres autres pour les religions monothéistes mais toujours avec 100 % d'animistes ; même si beaucoup s'en défendent. Il n'y a qu'à voir, par exemple, la fête du vodoun au Bénin, chaque 10 janvier, pour s'en convaincre...
Du lever au baisser de rideau, tout se joue sur les contradictions, soutenant ainsi une critique assez virulente du poids des traditions dans les sociétés africaines, poussant les jeunes à se révolter pour pouvoir exister. Mais le tout est fait avec tellement d'humour et un bon jeu de comédiens qu'on arrive à en oublier le drame au premier degré, pour ne le voir qu'au second.
«Il va pleuvoir sur Conakry» est, aussi, métaphorique. D'ailleurs, dans la note d'intention de la mise en scène, Souleymane Sow et Annabel Thomas ont été très clairs là-dessus. Ils ont déclaré : «Nous ressentons ces états climatiques naturels comme la métaphore des rapports humains : une sécheresse qui vide et épuise les consciences, l'orage qui gronde, fait entendre sa voix, déclenche les passions, la foudre qui déchaîne les esprits, la pluie salvatrice qui soulage les âmes».


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.