L'observatoire "Raqabah" a saisi la justice en lançant un appel auprès du tribunal administratif en vue d'entamer une procédure d'urgence qui annule la récente décision du ministère des Affaires Culturelles autorisant la reprise des tournages. "Raqabah" conteste la décision du ministère annoncée, le mercredi 8 avril, en cette période de confinement général et qui concerne certaines sociétés de productions et chaînes de télévision désirant reprendre les tournages en prévision du mois de Ramadan. Le Directeur de "Raqabah", Bouzid Ellafi, a encore fait savoir qu'une lettre a été adressée au chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh, pour une éventuelle annulation de cette décision qui va à l'encontre des consignes sanitaires prises par la présidence de la république et celle du gouvernement en vue de prévenir des dangers de la pandémie du Covid-19. Une copie est publiée sur la page Facebook de l'observatoire de cette lettre signée par le Président de Raqabah, Imed Daïmi. Il y dénonce une décision injustifiée, mentionnant l'arrêt des tournages même dans les pays où le cinéma constitue une industrie et un secteur vital. L'observatoire rappelle les dispositions contenues dans le décret gouvernemental relatif au confinement qui prévoit des exceptions pour certaines professions, avec en tête la santé et le commerce des marchandises de première nécessité. Ce qui n'est pas le cas pour les productions audiovisuelles qui ne répondent pas aux exigences des secteurs prioritaires mentionnés, indique la même source. L'observatoire déplore une tendance au gaspillage et une mauvaise gestions des finances publiques et autres procédures prévues et qui sont pas conformes à la procédure en vigueur, à l'instar des tests de dépistage du coronavirus pour chaque membre de l'équipe, avant et après le tournage. Il rappelle une option qui est initialement réservée pour les personnes ayant des symptômes cliniques sans oublier le coût assez élevé des analyses et les caractéristiques du virus, parfois asymptomatique chez certaines personnes Pour l'ensemble de ces raisons et autres incohérences d'ordre juridique relatives à la décision du ministère des Affaires Culturelles, le représentant de l'observatoire a estimé que ceci pourrait constituer une faille dans l'application du plan national de lutte contre le coronavirus. La décision "porte atteinte au principe d'égalité entre les citoyens et aux priorités entre les secteurs en arrêt à cause du confinement général dans le pays", a-t-il estimé. Les exceptions sont inadmissibles dans l'application de la loi, à encore dit le représentant de l'observatoire, insistant sur le refus de tout "traitement de faveur pour le compte de parties influentes". Depuis son annonce, la décision du ministère des Affaires culturelles a suscité de vives réactions de la part de certains professionnels du secteur culturel et autres observateurs sur la scène nationale, parmi les politiciens, la société civile et les citoyens. Rappelons à cet égard, la position de la Chambre syndicale nationale des producteurs du cinéma et de l'audiovisuel relevant de l'UTICA autour d'une décision "unilatérale". Il a exprimé, jeudi, son indignation et son refus catégorique d'une éventuelle reprise des tournages en cette période de confinement général. Sur décision du ministère des Affaires Culturelles, la validité de toutes les autorisations de tournage en cours, - films et séries-, a été suspendue depuis le 21 mars dernier jusqu'au 4 avril avec possibilité de prolongation en fonction de la situation sanitaire dans le pays. La présidence avait décidé le 31 mars de prolonger de deux semaines le confinement général dans le pays en vigueur depuis le 22 mars. Cependant, aucun nouveau communiqué n'a été alors publié par le ministère pour informer les professionnels du maintien de la suspension des autorisations de tournage. Cette situation avait donc incité certains à reprendre le tournage bravant les consignes officielles du confinement général. Les réactions étaient déjà mitigées jusqu'à ce que le ministère annonce cette décision largement contestée et dont l'application pourra constituer "un sérieux danger pour la santé publique" comme l'a bien mentionné l'observatoire Raqabah dans sa lettre au gouvernement. Officiellement créé le 17 janvier 2020, Raqabah est une association nationale dirigée par l'ex député Imed Daïmi. Elle est largement active dans la veille citoyenne et le contrôle de la gestion des institutions de l'Etat et des organismes bénéficiant des financements publics.