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Ghannouchi, es-persona, exclu du Conseil National de la Sécurité
Publié dans Le Temps le 02 - 05 - 2020

En début de soirée du jeudi 30 avril tombe une information pas très attendue. Le Président de la République a tenu une réunion à laquelle ont participé plusieurs hauts responsables de l'Etat, afin de statuer sur la situation actuelle en Libye, à la lumière des derniers développements militaires et politiques dans ce pays voisin. En égrenant les noms des participants, un absent a brillé par son absence. Il s'agissait en fait d'une réunion élargie du Conseil National de la Sécurité, à laquelle Rached Ghannouchi, président de l'ARP n'a pas été convié.
Le communiqué de la Présidence de la République réitère l'inquiétude de la Tunisie quant aux dernières péripéties survenues en Libye, mettant l'accent, pour la quatrième fois au moins, sur le fait que notre pays plaide pour une solution pacifique et négociée entre Libyens, loin de toute ingérence étrangère. Des propos qui, naturellement, ne plaisent pas et n'auraient pas plu au Parti Ennahdha et ses satellites au sein de l'ARP, ouvertement alignés et défendant corps et âme les prises de positions de l'axe qatari-turc en Libye.
Selon des informations largement reprises par des médias libyens, la semaine dernière, les unités aériennes de l'armée libyenne dirigée par Khalifa Haftar auraient détruit un convoi de plus d'une trentaine de véhicules chargés de munitions destinées aux milices de Sarraj à Tripoli… en provenance de Tunisie ! En Tunisie, aucun département n'a réagi à ces « allégations ». Ni le ministère de la Défense Nationale, ni celui de l'Intérieur, ni celui des Finances (douanes aux postes frontaliers), ni celui des Affaires étrangères, ni encore la Présidence de la République. Démenti silencieux ou embarras diplomatique, nul ne le sait encore.
L'affaire est d'autant plus grave que même le gouvernement de Tripoli a préféré afficher un mutisme qui s'apparente vraisemblablement plus à un écran de fumée qu'à une prise de position active…jusqu'à la réunion de jeudi de ce Conseil élargi de la sécurité nationale, sous la présidence du chef de l'Etat.
Réunion au complet, moins un !
Cette réunion se présente comme étant un signal fort, venant de Carthage, de changement de cap dans la gestion intramuros des dossiers impliquant la politique étrangère. Par cette réunion, le chef de l'Etat semble se saisir fermement de ses prérogatives largement spoliées par Rached Ghannouchi, fondateur d'une politique étrangère parallèle dont il ne cesse de changer la désignation au gré de l'actualité. Kaïs Saïed, apparemment agacé par ces dépassements anarchiques du chef de l'ARP, semble rompre avec sa complaisance nocive et son attentisme destructeur pour l'image du pays, au profit d'un ferme revers de main contre la diplomatie parlementaire, fille de la diplomatie « populaire » dont se targuait Ghannouchi pour justifier ses contacts suspects, parce que contraires aux agendas nationaux en la matière.
Un coup d'autant plus dur qu'aucune réaction n'a été enregistrée jusqu'à vendredi, de la part de l'ARP, devenue le nid de Ghannouchi, de ses familles et de ses serviteurs parmi les députés.
Le parti Ennahdha aussi n'a pas donné signe de vie face à cette mesure présidentielle qui semble annoncer la fin d'une époque. Celle où Montplaisir improvisait pèle-mêle les prises de positions les plus bizarres que seul un alignement aliénant à des milieux étrangers suspects pouvait expliquer.
La portée de ce geste présidentiel inédit dépasse évidemment les limites du dossier libyen, bien qu'en corrélation directe avec le statut régional et international de la Tunisie, largement égratigné, suscitant incompréhension et perplexité chez nos voisins du nord (les Européens), mais aussi de l'ouest, comme l'Algérie et le Maroc. Soit dit en passant, ni l'Algérie indépendante, ni le Maroc, alaouite depuis cinq siècles, n'accepteront un jour que la Turquie reprenne pied en Afrique du Nord… jusqu'en Egypte. Ce qui permet de démontrer le caractère hasardeux et la témérité du parti Ennahdha et de son chef, voire leur solitude de plus en plus perceptible sur la scène diplomatique maghrébine.
Fin de la bicéphalie diplomatique
Quelles perspectives pour ce changement de cap venu à l'initiative de Carthage ?
Aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger, la Tunisie reprend sa diplomatie centralisée, avec pour seuls interlocuteurs la Présidence de la République et « son » ministère des Affaires étrangères. Désormais, aucune dissonance n'est plus de mise. C'est le Président et le Conseil National « élargi » de la Sécurité qui l'a ainsi décrété. C'est aussi son chef direct, le Président de la République qui l'endosse dorénavant. S'y attaquer ou feindre de l'ignorer ne sera plus perçu comme une largesse de Carthage, ou une forme de prévarication présidentielle, ou une démonstration de force d'un parti politique, qui plus est, ne se prévaut d'aucune supériorité numérique au sein de l'instance législative, mais comme étant un défi lancé aux institutions de l'Etat. Un défi passible des plus lourdes sanctions constitutionnelles, et pourquoi pas pénales.
Cette première sera sans effet réel, si elle n'est pas accompagnée d'un tour de vis sérieux sur les dossiers financiers mettant en jeu les financements et la circulation des fonds sur les scènes politique et associative. Les controverses soulevées par la présentation des deux projets de lois concernant le Qatar et la Turquie ont fini par convaincre de la nécessité de mesures drastiques, de nature à rétablir la crédibilité de la Tunisie sur les places financières et les chancelleries partenaires de la Tunisie.
Sur ce point, on peut dire que la diplomatie tunisienne se départit, bien qu'assez violemment de sa bicéphalie qui l'a ankylosée depuis 2011.
Reste la question classique: Dans quelle mesure ce changement de cap est-il authentiquement tunisien ?
Qu'il soit le corollaire d'un processus de changement typiquement tunisien, ou dicté par des considérations régionales ou internationales, le résultat est le même. La bicéphalie est une carte déjà grillée. Un lourd dossier que les prochains congressistes d'Ennahdha sont appelés à éplucher à leur guise. Entretemps, le pays aura renoué avec sa crédibilité largement entachée par des gestes solitaires ineptes.


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