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Nidhal Yahyaoui et la pop des terroirs
Publié dans Le Temps le 07 - 05 - 2020

Depuis ses premiers pas, Nidhal Yahyaoui a toujours cherché les fusions musicales. Originaire de Siliana au cœur de la Tunisie, cet artiste conjugue passé et modernité dans ses compositions. A la croisée des terroirs et de l'universel, il vient de créer "Chaouia", une pièce musicale entre berber-funk et afro-beat. Concert jeudi 7 mai à 22h sur les réseaux.
La musique de Nidhal Yahyaoui se compose d'un écheveau d'influences complexes. Littéralement occupé par des strates de sonorités différentes, cet artiste parvient à les conjuguer avec beaucoup de bonheur. D'un melting pot diffus, il parvient à créer une continuité et surtout un style propre.
Quand le funk jaillit des rythmes "salhi"
Son nouvel opus "Chaouia" ne devrait pas déroger à cette règle qu'il maîtrise pleinement au fil des albums. Car, avant tout, Yahyaoui est un chercheur d'or, une sorte de magicien parti à la recherche d'impossibles alliages. Réunir les conditions propices à une fusion musicale n'est jamais chose aisée. Les équilibres sont si difficiles à obtenir d'une part alors que les harmonies dans la dissemblance peuvent s'avérer rétives, fuyantes, impossibles à saisir. C'est probablement pour ces raisons que ce musicien a toujours opté pour un socle qui provienne de nos terroirs et soit l'unité sur laquelle il construit ensuite les rythmes alternatifs et les arrangements. Avec son projet-manifeste, "Bargou 08", c'est vers le rythme du "salhi" que Yahyaoui s'est tourné. C'est là, dans cette tradition des montagnes natales, qu'il a installé son dispositif et veillé à ce que jaillissent des harmonies inédites.
Non pas qu'il fallait rénover le "salhi", une tradition à part entière. L'enjeu était ailleurs car il consistait à placer une entité en soi dans une structure autre. Placé dans une dynamique qui emprunte à d'autres styles, le "salhi" sur lequel se déhanchent les Tunisiens, se rénove par lui-même. C'est cela la touche particulière de Yahyaoui. Ce musicien travaille sur un corpus, en détaille l'ADN puis procède à des hybridations par touches successives. Ne saturant jamais le son, le travail de Yahyaoui laisse à l'oreille de chacun le soin de décortiquer l'univers sonore, se mouvoir entre les strates, palper la fusion des solos avec les rythmes. Il ne s'agit pas d'habillage. Même s'il est un arrangeur de talent, Yahyaoui préfère tisser des univers qui s'interpellent. Sa musique est un carrefour mais elle est plus que cela.
La passion des alliages hybrides
En effet, ce qui importe chez lui, c'est l'unité rythmique qui identifie sa musique. Ce que certains musiciens nigérians ou camerounais sont allés chercher dans la musique tribale, lui le retrouve à fleur de peau, dans sa passion des rythmes et la tradition locale. Absolument enracinée, la musique de Yahyaoui nous parle. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle nous parle puisqu'elle est en nous, partie intégrante de notre rapport au rythme. Ensuite, à partir de cette unité rythmique, ce sont des variations qui viennent se greffer sur la matrice. Et dans ce domaine, c'est une liberté absolue qui règne aussi bien en termes d'instruments que d'influences. Nidhal Yahyaoui n'en est qu'au début de son entreprise, avec trois projets à son actif. S'il continue dans cette voie, il pourra nous offrir d'extraordinaires rencontres. Car les conditions musicales de ses explorations ouvrent sur un potentiel énorme.
Demain, il pourra choisir de marier certains rythmes locaux à la harpe celtique ou au sitar voire à certaines musiques électroniques. Tout est question de hasard et de choix esthétiques. Ce qui nous ravit dans celui de Yahyaoui, c'est qu'il met le local au centre de son projet. En d'autres termes, la matrice de son travail est tunisienne ou africaine et c'est à ce socle que les influences viennent se frotter ou sont intégrées. Avec ce musicien, il ne s'agit pas de juxtapositions avec des solistes de différentes traditions qui se répondent. Yahyaoui va plus loin car son geste musical est ample et polysémique. En effet, il réinterprète la tradition, la relit et la propulse dans de nouvelles dynamiques. A ce titre, il aurait pu se contenter de figurer parmi la liste déjà longue des artistes néo-traditionnels. Toutefois, il ne se laissera pas confiner dans ce registre et ira vers ce territoire infini où la world converge avec le tribal, l'ethnique et le contemporain. Choisissant une modalité de non-immobilisme, l'artiste crée son propre univers à partir de matériaux composites dont il est le seul à pouvoir dégager cet alliage précis. Ici, le folklore n'est qu'une réminiscence, un point d'appui rythmique. La démarche de Yahyaoui n'est pas à l'image d'une Rachidia qui restitue son "malouf" et parfois le modernise. Chez lui, le fonds traditionnel entre en résonance avec tout le reste et s'y fond absolument. Ce sont ces catalyses qui sont à la base de l'univers sonore de "Bargou 08" ou bien de "Alphaouine Populaire". C'est aussi ce qui vaut à Yahyaoui, une vaste reconnaissance parmi les musiciens d'autres traditions qui aspirent à cette démarche englobante. Chez Alan Stivell ou Fela Ransome Kuti, pour citer des exemples, quelle que soit son inspiration et ses ailes, la musique forme un tout cohérent et indissociable qui représente l'expérience propre de l'artiste. Chez Yahyaoui, nous sommes devant le même phénomène car il est d'abord et avant tout un créateur. Yahyaoui ne restitue pas une musique mais crée la sienne propre à partir de ses expériences propres.
Les racines prometteuses d'un afro-beat maghrébin
Il importe de souligner cet ensemble d'éléments car, trop souvent, des lectures trop courtes, placent dans des catégories indues, des musiques qui méritent une autre appréciation. Poussée à l'extrême, la démarche de Yahyaoui peut nous monter l'une des voies possibles pour que la musique des artistes tunisiennes s'impose à l'international. Tout en puisant dans la référence collective, il fait passer cette dernière au premier plan et l'insère dans le contemporain. C'est pour cette raison précise qu'on peut parler d'une pop des terroirs ou d'un Berber beat qui, entre Rai, Gnaoua et Stambali, reste à inventer. Intitulé "Chaouia", son nouvel opus résonne comme une promesse d'aller au-devant de la musique des berbères des montagnes algériennes. C'est avec beaucoup de curiosité que nous attendons le concert live qui sera offert par Nidhal Yahyaoui à son public, le jeudi 7 mai à partir de 22h. Confinement oblige, le concert live sera seulement diffusé sur Facebook. Cela n'empêchera pas l'enthousiasme et le beat de se répandre pour saluer la nouvelle composition et le parcours d'un excellent musicien.


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