L'IT Business School « ITBS » a organisé un Webinaire portant sur « les enjeux socio-économiques et financiers de l'après COVID 19 ». Après coup, il est indispensable aujourd'hui de trouver des solutions pour vivre et survivre. La Tunisie est confrontée à un triangle d'incompatibilité où il y a plusieurs défis. Trois objectifs à atteindre : assurer une stabilité des équilibres macroéconomiques, avoir une reprise puis une relance et une autonomie dans les choix de politiques économiques. Entamant le Webinaire, Hakim Ben Hammouda, expert en économie et ancien ministre des finances, a indiqué que la Tunisie est entrée dans une dérive depuis 2011. Le Covid 19, a-t-il ajouté, est un élément qui est venu renforcer la complexité de l'économie nationale. Et d'indiquer : « Il va y avoir des répercussions au niveau structurel et au niveau macroéconomique. La récession de l'économie tunisienne sera au minimum de l'ordre de -4%. L'impact social de cette récession sera également sans précédent. C'est la récession la plus forte dans toute l'histoire de la Tunisie indépendante. La récession de 2020 sera au moins le double de celle qu'on l'a connu en 2011. Il faut prévoir les mesures au profit de la couche sociale et des entreprises jusqu'à la fin de l'année en cours. Il faut prendre à bras- le- corps la situation. Un programme d'urgence doit être au cœur de la L.F rectificative. Selon les estimations des économistes, pour absorber l'effet de la récession et arriver à une croissance zéro, il faut à peu prés une intervention de l'ordre de 10% du PIB, c'est-à-dire 13 milliards de dinars, une somme qu'on l'a pas ». L'économiste a souligné qu'en moment de crise, la réflexion doit être collective. « Autre chose, la BCT doit être plus autonome. Il faut être ferme dans la prise de certaines décisions et de choix », a-t-il précisé Crainte d'une reprise en W Pour sa part, Fatma Marrakchi Charfi, Professeure universitaire en Sciences économiques a fait savoir que plusieurs experts craignent une reprise en W c'est-à-dire : reprendre, chuter, reprendre et rechuter. Et d'ajouter : « Il faut tout d'abord consolider l'existant. Les industries pharmaceutiques ainsi que les industries agroalimentaires doivent être des secteurs prioritaires sur lesquels doit miser la Tunisie car disposant d'avantage comparatif révélé et ont été parmi les secteurs les plus résilients durant cette crise ». « Les banques tunisiennes ont besoin d'être beaucoup plus stratèges et pragmatiques » D'autre part, Achref Ayadi, expert bancaire et financier a déclaré que le Covid 19 a créé certaines opportunités et a détruit d'autres. L'expert bancaire a précisé aussi que la pandémie a impacté la cartographie des risques des banques. Les banques classiques, a-t-il ajouté, avec une pandémie qui a mis le numérique au-devant de la scène, sont invités à revoir leurs modèles de développement. Les banques devaient percevoir les fintech comme des partenaires tout en profitant de leurs agilités et leurs expérimentations, a-t-il appelé. L'émergence des Fintech et des GAFA : un raz-de-marée des marchés financiers Et de poursuivre : « Nous avons un grand problème en Tunisie ; 25 banques commerciales pour 11 millions d'habitants là où, le Maroc a 11 banques commerciales pour 34 millions d'habitants. Ce n'est pas un hasard qu'au Maroc, il y a de très grands groupes bancaires qui ont pu s'internationaliser et partir en Afrique. Sans citer aucun nom, notre meilleure banque sur la place n'a pas pu ni s'internationaliser, ni acquérir d'autres cibles ailleurs. Nos banques manquent d'ambition. Elles ont une surface capitalistique très faible. Après avoir pris en plein fouet tous les risques attachés à cette pandémie, les banques vont devoir repenser à leurs stratégies digitales. Dans les années qui viennent, les agences bancaires, seront fermées, tout en obligeant les banques cette fois-ci à adopter une stratégie digitale « forcée ». Les banques tunisiennes ont besoin d'être beaucoup plus stratèges et pragmatiques ». M.Ayadi a relevé que l'émergence des Fintech et l'émergence des GAFA , un raz-de-marée qui ravagera tous les marchés financiers. Toujours selon lui, leur émergence va obliger les banques tunisiennes à regarder les choses d'une manière différente.